M O sr T . R O S E.
caufe d’une corniche étroite au-deffus du Rhône, fur laquelle pafle la
grande route. Enfin, fur la colline de débris dont j’ai parlé, & fur
laquelle on paffe au-deffus de Sierre.
C es gyps, de même que ceux du.Mont-Cenis, me paroiffent de
formation nouvelle; je penfe qu’ils ont été dépofe's dans les baffins,
où les eaux de la mer ont féjourné après la grande débâcle. Mais il
exifte dans les montagnes du Vallais d’autres gyps, fur l’ancienneté
defquels on peut former des doutes raiionnables; ceux, par exemple,
que l’on voit s’élever à de très-grandes hauteurs, en couches prelque
verticales, appuyées contre des montagnes primitives, comme ceux
que j’ai indiqués au grand Saint-Bernard, §. 695.
Climat. §• 312°- C om m e la vallée du Rhône, entre Martigny & Brieg, eft
dirigée à-peu-près de l’Eft à l’Oueft, & qu’ainfi la Chaîne feptcn-
trionale la garantit des vents du Nord, & qu’en même tems elle
répercute fur elle les rayons que le foleil y lancé depuis le matin
jufqu’au foir,-cette vallée eft la plus chaude de la Suiffe; on y entend
chanter la cigale; on y recueille des vins très - fumeux ; on y voit
l’hylTope, l’éphedra, le grenadier, & même, à ce qu’on dit, les
aloës ( Agava Americana ) en pleine terre. Mais en revanche, cet air
chaud & ftagnant, fe charge des vapeurs du Rhône & des marais
formés par fes eaux, qui circulent lentement dans le fond de la vallée,
& produit les gouëtres & les autres infirmités, qui affligent les crétins
fi communs dans le Vallais. Voyez le Chap, 47 du fécond Vol. in-qto.
De Marti-' §. 2iâi. De Martigny nous vînmes coucher à Sierre, & de Sierre
{»jfiBriegjï Viége, Vifp, ou Vîesh-Bach. Nous aurions pouffé le même jour
jufqu’à Brieg, fi nous n’avions -pas perdu du tems pour paifer le
torrent de MillegrgJbe, qui fe jette dans le Rhône vis-à-vis de la ville
de Louëfch. Ce torrent eft du genre de ceux que, j’ai décrit §. 48 f ,
qui- n’ont que quelques heures de durée,^ mais qui pendant ce court
efpace de tems coulent avec la plus grande nnpétuofité, & font de
.terribles ravages. Celui-là avoit emporté le chemin, cxcavé le teprein,
Si
VU E GÉNÉRALE DU VALLAIS, Chaf. I.
à une grande profondeur & couvert fes bords d’une grande quantité de
fable ou de terre de couleur fauve. Tous ces ravages, il les avoit faits la
veille, & il étoit prefqu’à fec dans le moment où nous le paflàmes. Si l’on
fe retourne fur la droite ou au Midi, à un quart de lieue à l’Eft de l’endroit
où on le traverfe, on v«t dans la chaîne de montagnes qui borde la
vallée, de hautes montagnes difpefées en entonnoir, & dont les flancs
nuds & fillonnés par les pluies, paroiffent de la même couleur que le
limon charrié par le torrent; il eft aifé de concevoir comment les
eaux d’une averfe raffemblées par cet entonnoir, produifent un torrent
d’un volume très-confidérable.
D e Viege nous vînmes en deux heures à Brieg ou Brigue, capitale
du Dixain de ce nom. Cette ville préfente, à une certaine diftance,
un afpeâ: fort fingulier. Ses maifons blanches élevées, très-pittorefque-
ment grouppées ,vfont un effet agréable; mais elles font défigurées
par d’énormes pommeaux de fer blanc, en forme de poires renver»
fées, qui couronnent les tours des églifes & d’autres édifices.
D ’après trois obfervations du baromètre que je fis en 1775 » je
trouvai le bas de la ville élevé de 364 toiles au-deffus de la mer.
Tome IV