l’air eft pur, plus la mafle de cet air eft profonde, & plus la couleur
bleue paroit foncée. Mais les vapeurs qui s’y mêlent, celles du moins
qui ne font pas dans un état de diffolution, réfléchiffent des couleurs
différentes; & ces couleurs, mêlées avec le bleu naturel de l’air,
produifent toutes les nuances entre le bleu le plus foncé, le gris &
le blanc, ou telle autre couleur qui prédomine dans les vapeurs
dont l’air eft chargé; fi le ciel paroit d’un bleu plus pâle à l’horizon
qu’au zénith , c’eft que les vapeurs y font plus abondantes, & le
rapport entre les couleurs de l’horizon & celle du zénith, exprime,
finon le rapport direét, du moins une fondion du rapport qui regne
entre la quantité de vapeurs répandues, les unes à l'horizon, les
autres au zénith de l’obfervateur. ( a ).
L orsque nous partîmes, mon fils & moi, pour le Col du Géant,
nous emportâmes un cyanomeire ( 3 ) , & nous en laiffâmes deux parfaitement
femblables , l’un à MM. Senebier & Pic t e t , qui voulurent
bien fe charger de faire à Geneve des obfervations météorologiques
correfpondantes aux nôtres ; l’autre au jeune M. l ’Evesque , qui
• obfervoit, à Chamouni, aux mêmes heures que nous.
Réfultats., §. 2084. V o ic i les réfultats des obfervations faites au zénith au
varions a u Géant, à Chamouni & à Geneve.
aénitb.
Couleur du ciel au {ènith à différentes heures.
Heures du jo u r IV. VI. VIII. X. midi. H. IV. VI. VIII. j ipoycnn■
Col Au Géant. H» 6 . 27, c . 25 ,2. S*,©* 31, 0. 3©, 6. 24, 0. 18 i 7v S» $. 1 *3j &
Chamouni. . . *4, 7- I*, I. 17, *• 18, l. 18, 9- 19, 9- 19» 9- 19» 8. 16, 4. 17» 8*
Geneve. 14s 7- s i, 0. 22, 6. 22, 5. 20, 6. 2» , 4- lé, 3. *9» 7*
^ci, je dònne dans le Mémoire une ( 3} -Les principes & les détails de îa coniexpérience
direéte, qui prouve la vérité de truftion de cet infiniment, font auffi cou-
«e principe, tenus dan3 ce méme Mémoire.
NUAGE S E T MÉTÉOROLOGIE, Ckap. tX.~ 291
En conüdérant cette table > on voit qu’au Col du Géant, de quatre
* fix heures du matin, la couleur; du ciel fait un faut de plus de
n.nuances; que dans. les quatre heures fuivantes, elle ne monte que
de 4 nuances; qu’alors à dix heures, elle a. atteint ion maximum., ou
elle fe l’outient à-peu-près jufqu’à onze heures ; qu’enfuite d’onze à
fix, elle defeend rapidement d’environ 6 nuances en deux heures;
& qu’enfin de fix à huit, elle fait brufquement le faut d’environ
12 nuances, enforte que la plus haute nuance de la journée furpaflè
la plus baffe de 2f nuances £.
A Chamouni, au contraire, la couleur du ciel monte lentement
depuis l’aube du jour jufqu’à onze heures après-midi ; elle fe foutient
à-peu-près la même jufqli a fix heures, & fait, eu defeendant de fix
à huit, un faut d’ùn peu plus de 3 nuances, qui eft la plus grande
variation moyenne qu’il y ait en deux heures dans la journée; & la
différence entre la nuance fa plus forte & la plus foible du jour n’eft
que de f , 2, prefque cinq fois plus petite qu’au Col du Géant.
A Geneve, le cyanometre n’a point été obfervé à fix heures du
matin j ni à huit heures du foir; mais nous voyons que de fix à
huit heures du matin, il fe fait une affez grande variation, favoir de
6 nuances J : les heures où la couleur du ciel eft la plus foncée font,
comme au C o l, de dix heures à midi ; la chute de quatre à fix heures
eft aufli affez rapide ; & la différence entre la nuance la plus forte . &
la plus foible de la journée, eft beaucoup moins grande qu’au Col
du Géant, mais un peu plus qu’à Chamouni, favoir de 7 , 'J•
M a is voici ce qui me frappe le plus dans ces comparaifons. Quand
on voit dans cette table que le matin, fur le Col du Géant, l’air
n’eft guere moins chargé de vapeurs que dans la plaine ; que le foir,
il en elt même beaucoup plus chargé, & que pourtant dans le milieu
du jour, fà féréuité & fa pureté furpaffent de beaucoup celles de
l’air des plaines | on admire la grandeur des effets que produit le
foleil iup l’air de ces montagnes, Mais, d’un autre côté, quand on
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