But de
ces expé«.
ïiences.
Appareil
G H A P I T R E V I I I .
E X P E R I E N C E S S U R L ' É V A P O R A T I O N
§. 20f8. M on but dans cette mefure, étoit de comparer la quantité
de l’évaporation fur la montagne, avec celle qui a lieu dans la
plaine. Au premier coup-d’oe il, il femble que cette expérience eft la
' chofe du monde la plus fimple, & qu’il fuffit d’expofer à l’air, fur la
montagne & dans la plaine, des vafes femblables, dans des fitua-
tions femblables , & de mefurer la quantité d’eau qui s’en diffipe
dans le meme efpace de tems. Mais fi l’on y réfléchit, on verra que
cette experience ne donneroit que des lumières très-incertaines. En
effet, la force des vents, la température de l’air & fa féchereff«, étant
fujettes à des variations continuelles & prefque toujours différentes
dans les deux dations, il feroit très-diflficjle de décider, fi ce ne feroit
point à ces caufes que l’on devrait attribuer la différence des réfui tats ,
plutôt qu’a la rarete de l’air, dont on voudrait principalement con-
noitre l’influence.
§. 2059. Pour parvenir à didînguer l'efficace de ces quatre différentes
caufes , la chaleur, la féchereffe, l’agitation & la denfité de l’air *
j ai réfolu de commencer par exclure l’agitation, en opérant d’abord
lur un air tranquille. J’ai donc fait mes expériences fur la montagne,
& je les ai répétées dans la plaine, fous une tente qui pouvoit être fermée
très-exariement. Enfuite, pour être affîiré des degrés de chaleur &
de féchereffe dans lefquels une quantité donnée d’eau fe feroit évaporée,
j’ai cherché à accélérer l’évaporation, afin d’en obtenir des quantités
fufceptibles de comparaifon dans des elpaces de tems a (fez courts;
pour que l’hygromette & le thermomètre demeuraffent fenfiblemeni
au même point pendant l’expérience, & afin qu’en répétant ces expériences^
différents degres de ces inilruments, j’euffe la facilité'de démêler
1 influence des agents dont ils donnent la mefure.
D ’après ces principes, une toile fine de forme rectangulaire de
13 pouces fur 10, tendue & fixée dans le vuide d’un cadre léger
qu’elle ne touche nulle part, mouillée & fufpendue enfuite au fléau
d’une bonne balance, m’a paru le meilleur & le plus fimple de tous
les appareils. Il a même ce fingulier avantage, c’efl que cette toile
prend, & prend au moment même, un degré de température ana-
logue à celui de l’air qui l’entoure; ce qui ne peut point avoir lieu
pour es vafes pleins deau, qui, incapables de fuivre avec promptitude
les variations de la température de l’a ir,'ne fauroient nous
indiquer avec précilion les effets des changements de cette température.
Cette toile étant donc tendue dans fon cadre, je commence par la
faire^ fécher au foleil ou devant le feu, & je la pefe avec fon cadre.
Je l’humeéle enfuite uniformément avec une éponge légèrement
imbibée d’eau ; puis je la repele, & fi je ne la trouve pas de 1 fo
grains plus pelante qu’elle n’étoit avant d’être mouillée, je l’humerie
encore un peu. Si au contraire fon poids excède cette quantité, je
la laiffe fufpendue à la balance, en la retournant de tems en tems
de haut en bas & de bas en haut, & j’attends que l ’évaporation l’ait
réduite à ne contenir que i jo grains d’humidité. En attendant, je
fufpends en l’air, à 6 pouces de diftance & en face du milieu de la
toile, un thermomètre & un hygromètre bien fenfibles. Au moment
où ma toile eft parvenue à ne contenir que 150 grains d’humidité,
je note l’heure, la minute & la fécondé qu’indiquent ma montre.
Je note de même les degrés indiqués par le thermomètre & l’hygro-
metre fufpendus en face de la toile. Au bout de vingt minutes, je
Vois à ma balance combien ma toile a perdu par l’évaporation, &
je note en même tems de nouveau les degrés du thermomètre &
de 1 hygromètre. Je connois ainfi la quantité d’eau qui s’eft évaporés