40<î M O N T - C E R V I N .
C H A P I T R E IV.
DE CHATILLON A U COL DU MONT-CERVIN.
De Cha- ç 2837- E jn allant de la cité d’Aoft au Mont - Cervin, on pâlie
Tornatche auprès de la ville de Chatillon; mais on n’y entre pas, on la laiffe
k droite, & on monte à gauche au Nord-Nord-Oueft par un très-
beau chemin, qui, à fon entrée & même jufqu’k un quart de-lieue,
patoît fait pour des voitures. Cette direction du Nord-Nord-Oueft eft
celle de l’enfémble de la vallée juiqu’au Breuil; tnais elle forme des
finuofités qui obligent k dgs zigzags.
On travers d’abord un fuperbe bois de châtaigniers, parfemé de
blocs de ferpentine demi- dure. On y voit auffi quelques fragments
de granit. En fortant de ce bois, qui ne dure qu’un petit quart-
d’heure, on voit que les montagnes qui dominent la vallée à droite &
à gauche, font des têtes arrondies d’une ferpentine touffe par dehors,
mais verte intérieurement. Ces rochers tombent en deftruâion en
s’oxidant k l’air ; le chemin eft bordé de leurs blocs & de leurs débris ;
il y en a même qui mcnaçoient de l’emporter, & què l'on a été
obligé de foutenir par des augives en maçonnerie. Cette vallée eft
fort chaude; nous y trouvâmes de belles plantes ,1’aftragale, alopecurier.
& le thim cultivé, qui ne croiffent guere dans nos montagnes.
A trois - quarts de lieue de Chatillon, l’on rencontre de grands
blocs de calcaire grenue micacée ; des montagnes k gauche du chemin,
qui paroilfent avoir environ 400 toifes d’élévation» font de la même
fubftance ; mais leur ftrufture n’eft pas diftinite. Les ferpentines pa-
roiffent encore continuer fur la droite; mais bientôt les calcaires
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micacées les remplacent complètement. Ainfî juiqu’au Breuil, les montagnes
font compofees, pour la plus grande partie, de ferpentines,
fouvent en couches allez minces pour pouvoir être dites fchifteufes *
avec différentes variétés de couleurs, en verd ou foncé , ou gai, pu
en blanc, & fouvent avec de l'asbefte. Ces ferpentines font de tems
entems interrompues par des calcaires grenues micacées.
A une heure trois-quarts de Chatillon, l’on paffe par un hameau
nommé Sézian. Bientôt après, on commence k découvrir au Nord
Nord-Oueft la cime du Mont-Cervin & toute une fuite de montagnes
dirigées du Nord au Sud, qui, vues de là en raccourci, femblent
ne former que la bafe de cette cime.
On traverfe enfuite une plaine marécageule, un peu ennuyeufe,
fur-tout k caufe des taons & des mouches qui perfécütent les mulets
& ceux qui les montent. A une lieue de Sézian, on paffe un autre
hameau qui fe nomme le Euijjbfi..
A demi-lieu du Buiffon, les montagnes dont la nature eft toujours
la même, présentent des couches affez diftinctes, qui montent de iy
k 20 degrés en fens contraires; celles de la droite ou de l’Eft montent
k POueft, & celles de la gauche à l’Eft.
Plus loin, à la même diftance, on voit à gauche, une cafcade qui
forme un effet très-agréable en tombant de rocher en rocher le long
d’une montagne, entrecoupée de bois & de prairies. Il s’en détache
des fragments de pierre calcaire grenue micacée.
A trois-quarts de lieue de la cafcade, on arrive à Val-Tornanchi,
grande paroiffe, compofee de plufieurs hameaux féparés, entourés de
terreins cultivés fur des pentes rapides, foutenues de place en place
par des murailles, avec des feigles & des avoines que l’on môiffonnoit
alors; enforte que la campagne paroiffoit extrêmement animée. Au-
deffus de ces pentes cultivées, les montagnes de part & d’autre du
’»iUage font très - efcarpées j & en avant au Nord, la paroiffe paroît