1*3 m o n t - b l a n c ,
Ces lames § . 19 9 7 . Mais une autre queftion, que je deürois ardemment de
font de la r¿f0U(jre > c’étoit de favoir fi ces grandes lames confervent la même
turéTjuf-* nature depuis leurs bafes, que je connoiflbis depuis long - tems,
quesà leur jufques à leurs cimes, que je n’avois point encore vues de près.
Je fus pleinement fatisfait ; je trouvai que les cimes de ces pics,
tant celles que nous atteignîmes de nos mains & dont on a vu la
delcriptiûn dans le Chapitre précédent, que celles dont nous nous
trouvâmes aflez proches pour reconnoitre diftindement la fubftance
dont elles.font formées, font indubitablement, comme leurs bafes,
de granit, de graniteile, de granits veinés, & d’autres pierres de la
même clafte.
Confé- §. 1998. Ce fait eft fi important, pour la théorie, que quoique je
quence de peu(pe 0bfervé fur des montagnes moins élevées , & qu’il me parut
08 ait‘ très-probable pour les autres, j’eus une extrême fatisfadion à le
généralifer par une obfervation direde.
En effet, cette obfervation conftate une propriété bien remarquable
des montagnes en couches verticales, c’eft que leur nature eft la
même depuis leur bafe jufqu’à leur cime, quelle que foit la hauteur
de cette cime ( 0 - Dans celles, au contraire, dont les couches font
horizontales, ou à-peu-près telles, 011 voit la nature de la même
fedion verticale de la montagne changer à mefure que l’on s’élève.
Le Buet, par exemple., repofe fur une bafe primitive, tandis que fa
cime eft fecondaire. La montagne de là Furca del Bofco, §. 17 78 , a fa
bafe de granits durs, veinés & à gros grains ; & à mefure qu’on s’élève,
tion de I* montagne , qui coupât les couches
à angles droits, ou même à angles obliques
aux plans de fes souches ; alors en s’élevant
on trouveroit des couches différantes, & on
pourroit trouver an haut des rochers d’une
nature fort différente de eaux d’en bas.
( i ) 11 faut bien prendre garde que cette
identité ne doit s’entendre que d’unèfeétion
verticale, parallele aux couches, ou ce qui
revient au même, d’une même couche, &
dont on compara la partie la plus'baffe à la
plus élevée : car fi l ’on confidéroit une £sc-
O B S E R V A T I O N S G É O L O G I Q U E S , Chap. IV. ig j
on voit ces granits dégénérer en roches feuilletées, d’une nature
tout-à-fait différente. La même obfervation fe vérifie, comme nous
le verrons, fur le Mont-Rofe & fur le Mont-Cervin.
Ce t te différence tient à la différence de la caufe qui a donné à
ces différents genres de montagnes, la fituation & la forme dont elles
jouilfent. Dans celles qui font compofées de tranches verticales, chaque
tranche eft une feule & même couche, dans le fens propre de ce
mot; & nôn le produit de quelques fifiures accidentelles, connue
l’ont prétendu quelques Naturaliftes.
C es couches étoient originairement horizontales, & n’ont été
redrelfées que par une révolution de notre globe. Il eft donc bien
naturel que chacune d’elles ait confervé, dans toute fa hauteur, la
nature identique qu’elle avoit lors de fa formation.
Au contraire, les montagnes divifées en tranches horifontales, ne
fe font élevées que par une accumulation de différentes couches,
compofées de cryftallifations ou de dépôts dont la nature varioit à
raifon de la diverfité des matières que contenoient les eaux où elles
ont été formées.
§. 1999. Il fuit de cette théorie, que les rochers du centre d’une Autre cmr.
maffe toute compofée de couches verticales, comme le Mont-B!anc,*'éciuer'ce
, 4 4 „ . * , , \ . \ . du mem® ont du être originairement enfouis dans la terre a une tres-grande profondeur.
En effet, fi l’on fuppofe que c’eft, ou par un refoulement,
comme je le penfe, ou par la rupture de la croûte de l’ancienne
terre, comme le croit M. d e L u c , que ces couches, horizontales
dans l’origine, font devenues verticales; fi l’on fuppofe, de plus,
que le fond d’une vallée, de celle de Chamouni, par exemple, foit
l’ancienne furface de la croûte, il s’enfuivroit de-là que la diftance
horizontale de la vallée de Chamouni a un point qui correfpond à
la cime du Mont-Blanc, feroit à-peu-près la mefure de l’épaiffeur de
la croûte qui a été refoulée ou rompue, & que, par conféquent.
sé