Gouëtres
& ççetins.
Température
de la
terre.
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preneur de ces travaux ne permet à perfonne de les voir, dans l'a crainte
que l’on ne fe moque de Tes excavations , faites fans aucune apparence
de fuccès; c’eft du moins ce que me .dirent les gens du lieu,,
& en particulier un vieux caporal dfe- mine, chez lequel nous.
étions logés, Nous fûmes donc obligés de paffer outre, fans rien
voir.
N o u s vînmes, en deux heures, de Saint- Anfehne à Verrex, où
nous couchâmes. Le bas de la. defcente eit tout de ferpentines, des
deux côtés de la vallée* •
§. 22gg. En paffant à Eifroupierès, hameau dépendantde la paroiflTe
de BruûTon, à-peu-près à moitié chemin de Saint-Jaques d’Ayas à
Verrex, nous remarquâmes beaucoup de gouëtres & de crétins dont
on ne voit point dans le haut de la vallée.
M a is à Verrex nous remarquâmes un phénomène aflez extraordinaire.
L’hôtefle, Mde. Bouteille,, avoit un gouëtre énorme, qui
s’étendoit comme une fraife fur fes épaules & fur fa poitrine, avec
une régularité très-fmguUere; & cependant elle paroiffoit avoir beaucoup
de vivacité & dans l’efprit & dans les mouvements, fans la
moindre apparence de crétinifme. Or, il eft très-rare, dans les pays
fujets à cette infirmité, de voir de gros gouëtres, fans que l’intelli-
gence foit auffi affectée.
§. 2289. Le 18, le thermomètre, enfoncé' dans une prairie découverte
, fe trouva ; à trois pieds, à 1 y, 3 ; à deux pieds, à 15, 6. air ,16,
AConche, le même jour; à trois pieds 15, ao; à deux pieds, i f „
3.5; air, 1 8 ,
Or,Verrex n’eft élévé que de 173 toifës, tandis que Conche l’eft
de 21 y. U n’eit donc pas étonnant que la terre foit un peu plus
chaude à Verrex.
D’ A Y A S A LA C 1 T Ê - D ’ A O S T E. 45;
Ç. 2290. Nous fîmes la route de Verrex à la Cité-d’Aolte, que j’ai ,D'V«rex
décrite'dans le troifieme Volume ,§§. 936 & 968, fans aucune obfer-3laC“c'
vation nouvelle. J’efpérois de revoir encore, entre Verrex & Châtil-
lon, les rochers variés & intérelfants qui font décrits en détail dans
le §. 966; mais ils n’étoient prefque pas reconnoilfables. LeurcaiTure,
qui étoit fraîche lors de mon premier voyage, a été ternie par les
injures de l’air , & encroûtée par l’infiltration des eaux.
A Châtillon il ne manque pas de crétins. La fille de notre hôte,'
âgée de 14 à iy ans, qui nous iervoit à table, ne paroilfoit pourtant
pas atteinte de cette infirmité; cependant, lorfque je lui demandai s’il
n’y avoit point de crétins dans fa famille, elle me répondit avec beaucoup
de naïveté ; Hclas ! Monfieur, je ne fuis pas trop éveillée.
Le r 9 , nous vînmes dîner àla Cité- d’Aofte, où M. de St. Réal, Intendant
de la province, nous reçut & nous logea chez lui avec beaucoup de
bonté, & nous fit faire connoiflànce avec M. le baron d’Avife, amateur
d’biftoire naturelle, qui a une collection intérelfante des minéraux
de la province, & qui eut la complaifance de nous accompagner
le lendemain, avec M. de St. Rîa l , aux mines de Saint-Marcel;
excurfion qui nous pîéfenta divers objets dignes de la curiofité des
voyageurs, & qui fera le fujet du Chapitre fuivant.