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M ais d’après l’ouvrage du grand géometre L ambert , fur les réfractions
terreftres, cette réfraction augmente la hauteur apparente d’un
objet de la 14'. partie de l’arc terreftre compris entre cet objet & le
lieu d’où on l’obferve. Donc à la diftance de 133 milles le Mont-
Blanc, au lieu de paraître à l'horizon, paroîtroit élevé de la 14'. partie
de 2°. 13' ou de 9 30". 11 fuit de là, que la réfradtion augmente
d’environ 10000 toifes, la diftance à laquelle le Mont-Blanc feroit vifi-
b le , & qu’ainfi cette diftance s'étendrait à 68 lieues de 2000 toifes.
O r , les bords du golfe de Gênes, où la mer fe rapproche le plus du
Mont-Blanc, en font éloignés d’environ 112000 toifes ou de 56 petites
lieues. On pourroit donc de la cime de cette montagne voir non-
feulement le bord de la mer, mais jufques à 12 lieues au-delà, s’il n’y
avoit que des plaines entre le Mont-Blanc & la mer. Mais comme tout
ce golfe eft bordé des montagnes foit des Alpes au couchant, foit des
Apennins au levant, il ne paraît pas que l’on puiife voir la mer du
Mont-Blanc, ni même le Mont-Blanc de la mer ; ce qui feroit plus
facile, parce que fa cime blanche fe projettant contre le bleu du ciel,
formerait un objet plus diftindt, à moins qu’on ne l’apperçut par quelque
gorge ou quelque partie abailfée des montagnes de la côte deGênes.
Mais on peut très-bien voir cette cime du haut des montagnes qui font
au bord de la nier, j’ai même cru la reconnoitre de la montagne de
Caume, au-deffus de Toulon, §. 1490.
De 1 ’intérieur des terres, on fait qu’on voit le Mont-Blanc à de très-
grandes diiftnces; de Dijon,-par exemple, & même de Langres qui
en eft éloigné de 6y lieues en ligne droite.
. r OBSERVATION* MÉTÉOROLOGIQUES, &c. Chap, VI. 199
C H A P I T R E VI.
THERMOMETRE, HYGROMETRE, IIACTROMETRE,
EBULLITION, ET AUTRES OBSERVATIONS.
§. 2005. P our déterminer la température de l’air qui doit entrer Tt-einiü.
dans le calcul de la mefure des hauteurs par le baromètre, j’employai te‘
fur le Mont-Blanc, comme je le fais toujours, un petit thermomètre
de mercure à boule ifolée, fufpendu à mon bâton & à fon ombre,
à 4 pieds au-delfiis de la cime. A midi, ce thermomètre étoit à
— 2, 3 ; mais au loleil, & dans la même pofition, un thermomètre
femblable fe tenoit d’un degré plus haut, ou à — 1, 3. A 2 heures
de l’après-midi, celui à l’ombre vint à — 2, y ; mais celui au foleil
n’avoit pas varié, il étoit toujours à — 1, 3.
Un troifiemë thermomètre femblable & dans la même pofition,
mais dont j’avois noirci la boule avec du noir de fumée délayé dans
de l’eau de gomme, fe tenoit au foleil conftamment à + 1, 9.
§. 2006. Il fouffloit un vent de Nord affez vif, qui rendoit le froid Vent
incommode fur le tranchant de la fommité ; mais dès qu’on defcen-
doit au - deffous de l’arrête, du côté du Midi, on jouiffoit d’une
température agréable : la plupart de mes guides dormoient ou fe
repofoient au foleil fur leurs facs étendus fur la neige.
En effet, c’eft une chofe très - remarquable, que fur toutes les
hautes cimes, dès qu’on eft à l’abri de l’impreffion directe du vent,
on ne le fent abfolument plus : dans la plaine, au contraire, lors
même que vous êtes défendu de l’aétion direéte du vent, vous ne
lailfez pas que d’en reffentir des refflets ou des retours. Sans doute,
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