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lits de ces deux torrents font profondément excavés & bordés de
précipices II elt étonnant que l'on ait choiii cette place pour y bâtir
un village; ce ne peut être que pour être plus près de la grande
defcente du St. Gothard, & pour loger les hommes, les mulets &
les marchandifes qui prennent cette route.
C e village eft au pied de la chaîne qui borde au Midi la vallée
d’Urferen. Il eft élevé de 761 toifes au-defllis de la mer. Cette vallée
s’étend depuis les limites du Vallais au paifage de la Fourche, juf-
ques aux confins des Grifons. Lrferen ou Ander-Alatt, eft le chef-
lieu de cette vallée- C’eft-là que je me propoibis d aller, mais auparavant,
après avoir couché à l’Hôpital, j’allai me promener au village
de Znm-Dorf, fitué dans la vallée d’Urferen, à trois petits quarts de
lieue au Couchant de l’Hôpital.
§. 1849. M on principal objet, en allant à Zum-Dorf, etoit de
voir la colleétion de cryftaux de M. l’Abbé R églin qui en fait une
efpece de commerce. Dans ce moment-là, cette colleétion ne renfer-
moit rien de bien intéreffant : j’y acquis cependant quelques cryftaux
oélaëdres de fpath fluor couleur de rofe, & quelques variétés allez
remarquables de cryftal de roche.
Monta- § ,gj.0 L a vallée d’Urferen , que l’on fuit entre l’Hôpital & Zumbordent'
la Dorf, eft dirigée de l’Eft-Nord-Eft à l’Oueft-Sud-Oueft, & l’on voit
valléed’U r -e n f re c e s ¿eux villages, fur-tout dans le lit du torrent qui airofe la
kien' vallée, que les rochers qui en forment la bafe, ont leurs plans fitués
à-peu-près dans la même direétion ; enforte que cette vallée, comme
tout l’attefte d’ailleurs, doit être confidérée comme une des vallées
longitudinales de la chaîne des Alpes. Dans un ou deux endroits de
cette route, ces couches font prefqu’horizontales, mais cela paroit
accidentel, leur] fttuation la plus générale approche plutôt de la
verticale.
L es montagnes qui bordent cette vallée au Nord-Nord-Oueft, font
très-
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élevées; l’une d’entr elles, qui eft précifément vis-à-vis de Zum-Dort,
fe "nomme le Alutz-Berg ; une autre plus loin, à l’Oueft Sud-Oueft eft
le Spitzberg, que je remarquai déjà de l’Alpe de Pefciumo, & qui
eft la cime la plus élevée de l’enceinte du St. Gothard; on l’a continuellement
devant les yeux en defcendant de l’holpice des Capucins
au village de l’Hôpital. On admire fes crénaux à angles vifs, d’une
force & d’une hardieffe Cngulieres, & c’eft encore là un bel exemple
de mes cimes granitiques, §. 1707.
M a is quoique les hautes cimes des montagnes de cette chaîne
foient compolées de granit, cependant leur bafe, depuis la Fourche
jufques à Í Urner - Loch, eft recouverte par des couches, ou de
pierres calcaires, ou de fchiftes argilleux, qui s’appuyent contre
leur pied. Du côté oppofé, ou au pied de la chaîne, qui borde la
vallée au Sud-Sud-Eft, ou ne trouve ni calcaires, ni ardoifes; mais
feulement des pierres ollaires, qui en revanche ne fe trouvent point
fur la face oppofée. C’eft une obfervation très-curieufe de M. B e s s o n ,
que j’ai déjà citée ailleurs, &dont M.Regun me confirma la juftefle,
du moins pour cette vallée,
' §. 1841. En defcendant le St. Gothard, j’avois rencontré des fragments
de pierre ollaire, j’en avois même vu des morceaux faire partie
des pierres dont la route eft pavée, mais je n’en avois point vu
dans fon lieu naturel. M. Reglin m'offrit de rn’en montrer une car-
riere, près de la route que j’avois à faire pour retourner à l’Hôpital.
A moitié chemin, il me fit quitter le grand chemin & monter par
des prairies rapides pour aller voir cette carrière, dans la montagne ,
au Sud-Sud-Eft de la vallée. Mais je fus bien étonné, quand au lieu
d’une carrière, je ne vis qu’un bloc de cette pierre. Il eft vrai que
ce bloc eft énorme ; il a plus de cent pieds de longueur, fur. une
hauteur coniîdér'able, & on l’exploite comme une carrière. 11 eft auflî
certain qu’il n’eft pas venu là de bien loin; mais il n’adhére point
'lome IV. E
Grand
bloc de
pierre ollaire