HygrO'
metre.
.196 , M O N T . B L J m a
que l’air rare ne répercute pas le vent, comme le fait un air plus
» denfe.
§. 2007. J’avois porté deux de mes hygromètres à cheveu. J’avois
de plus une'boîte de fer blanc, doublée intérieurement de toile, avec
une porte vitrée. Je mouille cette toile, je fufpends les hygromètres
dans la.boîte, & je les obferve au travers de la porte vitrée. Ils
font-là fufpendus librement ; le cheveu ne touche point aux parois
de la boîte rca r le contait détruirait fa liberté.
I ls ne font donc en contait, ni avec l’eau , ni avec le linge mouillé,
mais feulement avec la vapeur dont l’air de la boîte eft alors faturé (1).
Je les vis revenir là, comme dans la plaine, à leur terme d’humidité
extrême. Je les plaçai enfuite comme les thermomètres, l’un au foleil,
& l’autre à l’ombre du bâton auquel ils étoient fufpendus. Je les
trouvai à midi, au foleil, à 44, & à l’ombre, à y 1 ; différence beaucoup
plus grande qu’elle n’eft communément dans la plaine ; & cela
parce que, dans un air rare, la chaleur augmente l’évaporation beaucoup
plus que dans un air 'denfe. A 3 heures, au foleil, 46, & à
l’ombre, 32. A Geneve, l’hygrometre, à l’ombre, étoit à midi à
76, 7 , & à Chamouni 73, 4.
I l luit delà qu’à midi, l’air, fur la cime du Mont-Blanc, contenoit
f e fois moins d’humidité qu’à Geneve : car, d’après les tables que
j ’ai données dans mes Eifais fur l’hygrométrie, §. 180, l’air a la
( 1 ) M. DE Luc a combattu hies principes
fur Thygrométrie, dans plufieurs
Mémoires, inférés dans le Journal de phy.
tique & ailleurs ; pour moi, depuis la publication
de ma defeniè de l’hygrometre à
cheveu, je n’ai fait aucune réponfe à M.
DE L u c , foit, parce que d’après les explications
que j ’ai données, mes principes fe
défendent affez d’eux.mêmes, foit parce
que je n’ai pas voulu interrompre mes travaux
fur les montagnes & fur la théorie de
la terre. Mais mon intention eft de revenir
a l’hygrométrie, lorfque ces travaux feront
achevés ; j ’efpere qu’en attendant les
phyficiens fufpendront leur jugement fur
les principes qui nous divifent.
OBSERVAT IONS MÉTÉOROI . Chap. VI. I?7
température de — 2, 3, & au degré de féchereffe, de 5 1 , qui régnoit
à midi à l’ombre fur le Mont-Blatte, ne contenoit, par pied cube,
que i , 7 , ou un grain fept-dixiemes d’eau réduite en vapeurs; tandis
_ qu’à la température de 22, 6, & au degré de féchereffe de 76, 7,
qui régiraient à Geneve à la même heure, chaque pied cube d’aïr
contenoit un peu plus de 10 grains d’eau.
C ette grande féchereffe de l ’air étoit fans doute la caufé de la
fo if ardente que nous éprouvâmes pendant tout le tents que nous
paffâmes fur la cime.
§. 2008. L es boules de mon éleârometre ne divergeoient que de Eleétr«.
3 lignes, & l’éleâricité étoit pofitive. Je fus étonné que fur le bordmetrs-
d’un efearpement auffi confidérable que l’eft le tranchant de la cime,
l’éleélricité ne fût pas plus forte ; j’ai vu quelquefois les boules s’écarter
de 3 & même de 6 lignes, fur le bord d’efearpements beaucoup
moins grands que celui-là.
. C e fait doit s’expliquer par la fécherefTe de l’air qui, diminuant
fa force condutfrice, ne permettait pas l’infiltration du Huide électrique
contenu dans les régions Supérieures.
§. 2009. C’est un fait connu de tous ceux qui ont atteint les Couleur
cimes des montagnes élevées, que le ciel y paraît d’un bleu plusda «H
foncé que dans la plaine- Mais comme les expreffions de plus & de
moins-font.relatives à des fenfations indéterminées, dont il ne refte
Ae traces que dans une imagination fouvent trompeufe, je cherchai
"un moyen de rapporter, pour ainfi dire, un échantillon du ciel du
MonPBlanc, ou du moins de la couleur que ce ciel m’auroit présentée.
Pour cet effet, j’avois teint, avec du bleu d’azur ou du beau bleu
de Pruffe, des bandes de papier de 16 nuances différentes, depuis
la plus foncée, que j’avois marquée N«\ 1 , jufqu’à la plus pâle,
marquée N . 16. J’avois pris, fur chacune de ces bandes, trais quarrés
égaux, & j’avois ainfi formé de ces nuances trois fuites parfaitement