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uns de palpitations, d’autres de vomiffements., d’autres de défaillances .J
d’autres d’une violente fievre, & tous. ces. accidents difparoiffoient au
moment où ils refpiroient un air plus denfe. J’en ai vu , quoique rarement,
que ces îndifpofitions obligeoieut à s’arrêter à 8ôo toifes au-
deffùs de la mer; d’autres à 1200, plufieurs à 15 ou 1600; pour
moi , de même que la plupart des habitants des Alpes, je ne commence
à être fenfiblement affefté qu’à 1900 toifes ; mais au - deffus de ce
terme , les hommes les plus exercés commencent à fouffrir lorfqu’ils
fe donnent un mouvement un peu accéléré.
L a nature n’a point fait l’homme pour ces hautes régions ; le froid &
la rareté de l’air l’en écartent; & comme il n’y trouve ni animaux, ni
plantes, ni même des métaux, rien ne l’ y attire ; la curiofité & un défit
ardent de s’înftmire , peuvent feuls lui faire furmonter pour quelques
inftans les obitacles de tout genre qui en défendent l’accès..
Je reliai cependant lùr la cime jufqu’à trois heures & demi après-
midi, & quoique, je ne perdiffe pas un feul moment,, je ne pus pas
faire dans ces 4 heures & demi toutes les expériences que j’avois fréquemment
achevées en moins de 3 heures au bord de la mer. J’eus du
regret à. partir fans avoir accompli tout mon projet.; mais il falloir
abfolument prendre de la marge pour être afluré de palier avant la nuit
les mauvais pas que nous avions àfranchir- D’ailleurs, j’emportai l’efpé-
rance de réparer ces omiffions dans un fite, à la vérité moins élevé, mais-
plus commode, & qui eit cependant beaucoup plus haut qu’aucun
fiir lequel on eût jamais tenté de femblables expériences..
On verra dans le voyage au col du Géant jufqu'à- quel point ces.
ëfpérances ont été réalifées».
N o tre retour fu t très-heureux, le chapitre finvant en renferme les
détails ; mais je ne veux pas quitter cette cime fans la comparer encore
à quelques égards avec celles des .Cordillères^
O B S E R V A T IO N S M É T É O R O L O G IQ U E * , Chap. VI. 2 r i
§. ioaa. LoRsqur l’on confidere les profils : des Cordillères, qu’ont Comp*
donnés MM. Bob'guer & de la Conuamine , ont voit que les hauts rair°n ave0
pics de la partie de la chaîne qui eft au-deflous de l’équatèür ont tous Bla™°n&
des formes xoniques ou en pains de lucre, plus ou moins émoulfés, les Cord>l'
& qui font ou qui ont été des volcans. Les Académiciens parlent tré-
quemment de pierres.bridées & de pierres ponces. Au contraire, ni le
Mont-Blanc; ni lès montagnes voifines ne préfentent aucun veftige
de volcans ou de pierres qui aient fubi l ’aétion des feux fouterràins.
O n ne trouve dans les Cordillères des rocs puds que tout près de
leurs cimes. “ Plufieurs de ces montagnes fie reffemblent, ditBououER
» en ce que leur pied eft formé de diverfes collines qui ne, font que
„ de terre argilleiife, ou de terre ordinaire qui produit des herbes,
„ & que du milieu il s’eleve une mafife de pierre haute de ifp ou 30»
„ toifes.,, Quelle différence d’avec des rochers, tels que ceux du
Mont-Blanc, qui du cote de l’Allée - Blanche préfentent des rocs entièrement
nuds dans une hauteur de ij- ou 1600 toifes !
O n reconnoît là les montagnes volcaniques. La plupart d’entr’elles
ne prefentent des rocs nuds qu a leur fommite & dans quelques ravins*
ou quelques déchirures accidentelles. La ràifon de cela c’eft que les*
' volcans vomiffentfur leurs flancs, tantôt des laves fujettésàiê'décomr
pofer, tantôt des ponces tendres, ou des cendres, ou enfin des matières
boueufes qui prennent en peu de tems l’apparence d’àrgilles ou
de terres ordinaires. On reconnoît encore l’origine volcanique de ces
hautes montagnes du Pérou, “ en ce que toutes leurs couches vont
» en s’inclinant autour de chaque Commet, en fe conformant à, la
» pente de fes collines. „ Ibid. p. XLI. Au Mont-Blanc , au contraire,
& fur les montagnes voifines les couches font, ou verticales,
ou très-iriclinées ou même fituées en fens contraire à la pente de la
montagne. ....
Il eft enfin bien remarquable que les Académiciens ne nomment
point le granit comme un des matériaux de ces hautes montagnes;
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