M O N T - B L A N C ,
'fo n t boucufes & noires, tandis qu’elles font blanches & pures fur la
rive oppofée.
L es roch er s, fur l’une & l’autre r iv e , font de la même nature que
ceux que j’ai décrits plus h au t; ils fe divifent aufli fréquemment en
- parallélépipèdes obliquangles ; leur ftrudure & leur fituation font auffi
les mêmes.
E s continuant de monter, 011 trouve des rocs gris plus durs, approchant
des granits veinés , avec des noeuds alonges & des veines de
quartz parallèles à leurs couches & à leurs feuillets.
O s fe rapproche enfuite du glacier; on grimpe par une pente rapide
fur la Moraine , dont on luit pendant quelque tems l’arrête , après
quoi on s’en éloigne pour toujours en s’élevant fur la montagne , à
gauche.
Le Ma- §• 19^8- D fm i -heure après avoir quitté le glacier , on arrive
r is- au pied d’un rocher, prefqu’à pic, afifez élevé, qui barre un couloir
étroit & profond. On ne peut fortir de ce couloir qu’en efcaladant ce
rocher; ce palTage fe nomme le Map as ou le Mauvais Pas. On avoit
placé la une échelle, dans l’idée que j’en aurois bcfoin; mais comme
je craignois de donner à mes guides mauvaife opinion de moi il je
m’en fervois, je paifai à côté de l’échelle fans y toucher.
A u - delX du Mapason eft obligé de paffer par quelques corniches
étroites fur des efcarpements élevés.
Crotte §• x969 On longe enfuite une a rrê te■ tranchante, avec le précipice
•à l'on à droite, & des prairies très-rapides à gauche; après quoi l’on gravit
peut palier üi[r une pente.de vo degrés à une grotte ou petite caverne où je cou-
ici nuit. * / v • v 1 i t*\ chai le 20 août 1786 , lors qu.immédiatement après le .v o y a g e .a u U octeùf
Paccârd ; j’effayai, en ‘fuivant Tes traces , d’allef à la cime du
Mont-Blanc. Mais il fur vint pendant'la nuit une pluie horrible, qui
tomboit
■R 0 ê H E R S E T D Ê A 1 L S , «hap. 111. *53
tomboit en neige fur les hauteurs ; il fallut revenir triilement fur mes
pas, & remettre la partie à l’année fuivante.
J ’ a i mis dans l’un & dans l’autre voyage environ 4 heures, le»
repos non compris, à venir du Prieuré de Chamouni à cette cabane.
f. 1970. L a cime du rocher, au Nord-Oued de cette grotte, pré- Bell*
fente une très-belle vue. Cette cime forme une des fommités de l’é- f‘tuation-
troite arrête de la montagne de la Côte, qui fépare le glacier du Ta-
conay de celui des Buiifons. Le col fur lequel 011 palTe elt élevé d’en»
ron 600 toifes au-deiïus du Prieuré de Chamouni. On découvre de
cette arrête les deux glaciers que je viens de nommer, & que l’on a.
fous fes pieds, toute la vallée de Chamouni jufques au col de Balme,.
& les deux chaînes qui bordent ce col plus loin, l’on diftingue lés
tours d’Aï & l’aiguille du Midi qui domine St. Maurice, de même
que d’autres fommiés plus éloignées. Du côté oppofë, on voit lamon-
tagne-au-dela du glacier de Taconay, qui porte le nom de ce glacier
, & les tranches des couches de cette montagne. Ces couche»
montrent, avec la plus grande régularité, la poiition décrite dans le
§. 677. Enfin dans cette même direétion, le profil de l’aiguille d*_
Goûté préfente auffi cette même fituation de couches.
M a i s le point de vue le plus fingulier 1 c’eft celui que préfente du
côté du Nord-Oueft, l’arrête même fur laquelle on fe trouve, vue
fuivant fa longueur. De grands blpcs de rochers à angles vifs, fingu-
liérement & hardiment entaiTés , couronnent la cime de cette arrête
& offrent l’afpeél le plus bifarre & le plus fauvage; la belle & riante
paroiffe des Ouches femble partagée par ces rochers ftériles & forme
avec eux un étonnant contrafte.
L ’un de ces blocs, dont un angle Paillant fe projette fort en avant
au-deffus du précipice fe nommé à caufe de cela le bec à Foifeau. O11
pconte qu’un berger qui avoit gagé d’aller s’aifeoir fur la pointe de
Terne iy . y