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Des nuages épais nv cm pèche rent de prendre les couleurs du ciel;
mais l’éleâricité étoit poiîtive, & à JÎ de mon élearometre. Une
obfervation curieufe, à mon avis, c’elt que bien que le thermomètre,
au foleil, ne fc tint en plein air qu'à un demi-degré au-deffus de zéro,
un thermomètre femblable, poré fur une ferpentine noire & lifle qu’il
ne touchoit que par un point, montait à 18 degrés ; ce qui me per.
fuade qu’un thermomètre garanti, comme celui que j avois fur le
Cramont, §. 93a, y feroit monté tout aufli haut, fi ce neft même
davantage. '
ïigreffion §. 2247. Je perfifte toujours à croire que le peu d'activité des
fut la na. rayons ¿u f0ieil fur les hautes montagnes, tient aux caufes que j’ai
Ciere. développées dans le Chap. XXXV du fécond volume, §. M & g j f
c’eft-à-dire, à la rareté de l’air dans les lieux élevés & à leur ifolement
Mais de plus, en réfléchiffant fur la nature de la lumière, je me
fuis prefque convaincu de la vérité d’une opinion que je u’avois pas
lorfque j’écrivois le • Chapitre que je viens de citer ; c eft que fi le
feu & la lumière ne font pas des fubftances différentes, ce font du
moins deux modifications différentes de la meme fubftance; ceft-a-
dire, que dans certaines circonftances, la lumière fe change en feu
& réciproquement. M. P i c t e t , dont les ouvrages fur le feu font
connus de tous les Phyficiens, étoit auffi, de fon cote, tombe fur
cette même idée de la converfion réciproque du feu en lumière, &
de la lumière en feu. Pour moi, voici comment je conçois la chofe.
Je penfe que quand les éléments de la lumière s’engagent dans les
pores du corps de maniéré à s’y fixer, ils s’y unifient entr’eux ; ils
y perdent, par cette union, la mobilité & la vîteffe qui les conftifuent
hmiere, & acquièrent en revanche les propriétés du calorique. Et
ce même calorique, lorfqu’il fubit une grande agitation, fe fubdivife
& redevient lumière. Tous les faits connus viennent à l’appui de
cette fuppofition : mais celui qui m’a fur-tout frappé, & auquel on
n’a pas fait toute l’attention qu’il mérite, fous.ee point de vue, c’eft
celui du chalumeau. Si vous avez une bougie bien allumée, qui
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répande toute la lumière que l’on peut en obtenir, & que vous
dirigiez fur fa flamme le fouffle d’un petit chalumeau, cette flamme,
au moment où elle fera réunie en un feul courant délié & de forme
conique, perdra toute fa lumière ; & cependant à fa p o in te , qui n’efl:
pas d’un bleu moins pâle & moins peu brillant que le re fte , elle
convertit l’or en vapeurs, & donne, en un mo t, la plus grande
chaleur que l’art puifle exciter. On diroit que l’air, en enveloppant
& en dirigeant cette flamme, a converti toute fa lumière en calorique.
Mais vous convertirez de nouveau ce calorique en lumière,
fi vous lui expofez un corps où il fe divife de nouveau; par exemple,
un peu de craie ou de magnéfie : le calorique, en s’agitant dans ces
corps s’y divifera & s’y changera en une lumière fi v iv e , qu’ils répandront
un éclat prefqu’infupportable à l’oeil.
L e fyftéme de M. l e Sage, fur les fluides élaftiques, fournit des
explications très-fatisfaifantes de ces phénomènes ; & c’eft ce que je
développerai dans la théorie.
§. 2248. Je cherchai avec beaucoup de foin fur cette cime fi je Limite dé
pourrois y trouver quelque plante parfaite; mais je ne pus en décou-1“ végéta,
vrir aucun e , quoique la derrière de la tête du ro ch e r, expofe a u 110®’
midi & à l’abri des vents du N o rd , préfentât, en divers endroits,
des débris de pierres & même de la terre, & que la chaleur du
foleil y fût plus que fuffifante, puifque dans ces places elle étoit
même incommode pour nous. Il faut que la rareté de l’air ou l’in-
tenfité du froid de 1» nuit s’oppoiàt à la végétation.
§. 2149. En montant à cette cime, nous avions remafqué avec aflèz Infedwi
de furprife la quantité d’infefles que nous avions rencontrés fur notre
route ou morts ou engourdis à la furface de la n e ig e , diverfes phalèn
e s , diverfes mouche s , un papillon du c h o u , mais fqr-tou t un
grand nombre de demoifelles ; la diftance moyenne de ces infeites, étoit
de deux pieds, ce qui en donne 9 par toifes quarrée, & 72 millions par lieue quarrée de deux mille toifes.
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