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deux cents mefures de minerai, & on entafle ce mélange dans de grandes
caiffes où on le laiiTe féjourner pendant quelques jours, après quoi
on le paiTe au mercure dans les moulins à lavurc.
C h a c u n de ces moulins, molïnettoeft un petit tonneau de
bois, haut de vingt-huit pouces , large par en haut de vingt-deux a
vingt-trois, & un peu plus par en bas. Dans ce tonneau eft une pierre
ronde & concave, pila , qui en remplit exaftement le fond Cette pierre
eft percée à fon centre & traverfée par un cylindre ou arbre de bois
au fommet duquel eft fixée la meulè, moletta ( i ) , & qui la fait tourner.
Toutes Ces meules font de. granit veiné. Chacune d’elles eft mife
en mouvement par ùne roue horizontale fituée au-deiTous du plan-
chej. Ainfi pour un bâtiment de douze moulins, il y a douze petites
roües : un courant d’eau dérivé de la Lanza fe divife en douze jets,
& chafcun dé ces jets tombe fur les aubes inclinées d’une de ces roues
& la fait tourner. , '
O» met plus ou moins de mercure fuivant la richeffe de la mine ;
les limites font entre une & deux livres par moulin, & on le laiiTe travailler
fur la mine pendant un tems qui eft auffi proportionné à la bonté
delà «une; cinq heures pour les plus pauvres & fept pour les plus riches.
On fait enfuite écouler l’eau chargée de la boue ftérile du minerai, &
on en remet de nouveau. Le mercure chargé d’or eft retiré dumoulin
trois fois par femaine, & paffë par la peau de chamois ; l’amalgame
ou l’or empâté de mercure , oro biànco, refte fur cette peau. A la fin
de chaque femaine 011 ralTemblè tout le mercure chargé d’or que l’on
a recueilli, & on l’envoie à Pié de Aîulcre chez M- Te-toni quifépare
le mercure en le faifant diftiller dans une cornue de fer, & enfin il retire
l’or qui refte au fond de la cornue, & le réduit en lingots, orù roff».
r ( 1 ) Ces petites meules font éehancrées
en demi-lunes fur deux de .leurs bords diamétralement
oppofés, pour laiflçr paÎTe/: le
minerai & le mercure qui doivent être
Broyés entre ces deux pierres On peut voir
leirt figure dans le bel Ouvrage du P. P?ni :
Hct tt.cnegildi Pini de Vcnarum Aletalli«
carum cxcoifionç , tom. I I , pag. zco.
§. am .
§. 4133. M. T e s t o n i fait travailler à Pelcerena quatre-vingt-fix Fr»!i
moulins , qui dans ce moment rendent entr’eux tous par femaine dix Prodljit<
à douze livres , poids de douze onces, de mercure chargé d’or ; on
atTure- là que huit à neuflivres de ce mercure, ne contiennent qu’une
livre d’or ; ce qui fait environ deux marcs d’or pour les douze
livres d’amalgame C 1 ). Cet or eft à-peu-près au titre de dix - huit
karats; enforte que fur quatre parties il y en a trois d’or & une d’argent.
Dans chacun de ces quatre-vingt-fix- moulins on paiTé environ
mille livres poids de marc de minerai par-femaine. Ainfi quatre-vingt-
fix milliers de minerai ne rendent que deux marcs d’o r, & même d’or
allié d’argent, ce qui revient à dix ou onze grains de cet or par quintal
de mine ( 2 ). Cependant à feize onces ou deux marcs par femaine,
cela fait une valeur d’environ 665*60 liv. de France par année, mais
il faut en défalquer la dixième qui eft due au Prince; il ne refte donc
que f9j04 livrés.
Q u a n t aux frais d’exploitation, M. T e s t o n i a communément cent
ouvriers dansfes mines de Pefcerena-; la paie des mineurs eft de 3 ; C
monnoie de l’Offola . environ 21 fols de France par jour, & celle des
fmiplesmanoeuvres de j-o fols,ou 18 de France': fi on lesfuppofetous
a 40 fols, ce feront 100 liv. par jour ou 600 liv. par femaine. De
plus, il fe perd dans le travail des moulins 40 liv. de mercure par
femaine, & il coûte là 3 liv. de France, la livre de 12 onces; c’eft
donc encore une dépenfe de 140 liv. par femaine. Si l’on y ajoute j 8o
( 1 ) M. de B o rn , dans fon Traité fur | donc que dévaluation qu’on m’a donnée
l’almalgamation, eftime que l’amalgame I & que j ’ai fuivie dans ces calculs, eft plu-
qui refte fur la peau de chamois contient tôt au-deifous qu’au defius de la réalité,
une cinquième, ou moins une feptieme (2) Suivant le Mémoire de M. MüLLER
partie de fon poids d’argent, Ueber des fur les mines de Voïofpatack, on exploite
Anqukken , pag. iç6. JYL de T r e b r a en Tranfylvanie des mines bien plus paü-
dit une cinquième, Bergbaiifmnde, X I < vres, puifqu’clles ne rendent que trois
Ablandt. O r , le mercure retient l’argent: grains & demi d’or par quintal de mine#
en plus grande quantité que l ’or. Il paroit Bcrgbaukunde, tom, I , pag. 46.
Tom i r . X x