
 
        
         
		M  O  N  T  .  R  O  S  E.  
 aux vapeurs qu’excite le feq que l’on allume  defTous. Dans les autres opérations  
 on  fuit  les  procédés  ordinaires.  On  ne  fondoit  pas  dans ce moment. 
   Le  direéteur  nous  dit  que  dans  l’année  précédente,  on  a voit  
 fait  dans  cette  fonderie  s 400  rups,  un  peu plus  de mille  quintaux de  
 cuivre  de rofette.  Les  bâtiments font  lpacieux ,  réguliers  ,  ailez  agréablement  
 fitués,  dans  une petite plaine  au bord de  la S'efia. 
 Il  y a  dans  ce même  bâtiment une  grande  coupelle  où  l’on  affinoit  
 l’argent, dont le Roi faiibit autrefois  exploiter une mine qui tenoittrente-  
 fix  onces  d’argent par  quintal  de  mine.  Cette  mine  s’eft  perdue,  &  
 l’on  étoit  alors , en  17&9  ,  occupé à  la  rechercher.  On exploitoit auffi  
 autrefois, dans  ce  voilinage , une mine d'or  qui  a  été  abandonnée. 
 De  Sco-  §_  a i  f  i .  Es  allant à Allagne ,  on remonte la SeOa  par une route très-  
 {yle, mine agréable , &  dont la  pente  n’eft point  trop  rapide.  Les  montagnes  qui  
 d’AUagne.  bordent  cette  vallée  font  de  dilférentes variétés de  gneits  qui montent  
 toutes  à  l’Eft,  fous  des  angles  qui ont  au  plus  ¡0  degrés.  En  quatre  
 petites  lieues,  on  fe  trouve  vis-à-vis  du  village  de  la  Rive , fitué  au  
 bord  delaSefia,  fur  une  terralfe  naturelle,  à  l’entrée  du  Pal-Uobbia,  
 Le  fol de  ce  village  eft  élevé  de  y 58  toifes. 
 Nous  logeâmes  dans  une  bonne  maifon  ,  chez M.  le  Capitaine  
 G i a n o l i ,  qui  eut  pour  nous  les  plus  grandes  attentions,  au  point  
 que  quoique  nous  n’entendions  point  mal  l’Italien  ,  il  fit  venir  pour  
 nous  fervir  uii homme  qui parloit François.  Mais  cet homme,  fachant  
 qu’il  étoit  payé  pour parler,  fe  crut obligé  de  parler fans  ceffe, &  il  
 finit par  nous  fatiguer, au  point que  nous  fûmes  réduits  à  le  prier de  
 nous  laitier  un peu  de  repos.  Après  dîner,  M.  G i a n o l i   nous  accompagna  
 à la mine d’Allagne , qui n’eft qu’à une  petite demi-lieue  au Nord  
 de  la Rive.  La  montagne  qui  la  renferme  fe  nomme  la  montagne  de  
 la  mine  de St. Jaques.  On  y  voit,  &  même  de  loin  au jour,  le filon  
 ou  plutôt  la  couche;  car  e’eft  une  vraie  couche parallèle  à celles  delà  
 montagne. -Elle  a  6  à  7  pieds  d’épaiffeur,  courant  du  Nord-Nord-Eft  
 au Sud-Sud-Oueft,  &  s’enfonçant  à l’Eft-Nord-Eft  ,  fous  un  angle de 
 VOTAGE  AUTOUR  DU MONT.ROSE,  Chap.  VI.  357  
 2f  à  30 degrés. La montagne correfpondante  de  l'autre  côté de la Sefia,  
 a  fes  couches précifément dans  la  même  fituation ;  & l’on  y voit  auffi,  
 au  jour,  la  couche  de  cuivre.  Cette  montagne  fe  nomme  Taillefer. 
 L a  partie  de  la  couche  cuivreufe  qui  eft  au jour  n’eft pas riche. Les  
 couches  de  la  montagne  qui  fervent  de toit ou de plancher  à la partie  
 de  la  mine  que  l’on  voit  au  jour  font  une'roche  grife  dont  le  fond  
 eft  un  fchifte ,  ou  une  efpéce  d’ardoife thon  fcbiefer  de  "W e r n e r ,   
 qui  par  fon  éclat  &  la  finelfe  de  fes  feuillets,  paroît  le  rapprocher  
 du  mica  ,  &  qui  eft  parfemée  de  cryftaux  de feldfpath  blanchâtres  
 ,  c eft  donc,  comme  la  plupart  de  ces  montagnes, une variété  
 de  gneifs. 
 A p r è s   avoir  obfervé  les  dehors,  nous  entrâmes  dans  la  galerie,’  
 qui  eft  large,  élevée,  &  11’a  nul  befoin  d’appuis.  Deux  poutres  parallèles, 
   prolongées  depuis  l’entrée  jufqu’au  fond,  éloigné  alors  
 d’environ  370  toifes  de  France,  fervent  à  rouler  les  brouettes  chargées  
 de  minerai.  Nous  trouvâmes  au  fond.fept  ouvriers,  qui  travail-  
 loient  de  front  fur  la  couche  minérale,  qui  a  fix  pieds  &  demi  
 dépailfeur.  C’eft  par-tout  une  pyrite,  kupferkies,  d’un  jaune  plus  ou  
 moins  rougeâtre,  &  dont  la  caffure  eft  plus  ou moins  inégale.  Dans  
 l’endroit  où  on l’exploitoit  alors,  le  toit  &  le  plancher  étoient  d’un  
 fchifte  gris;  la  gangue  eft  de  quartz  mêlée  d’une  terre  brune  ferru-  
 gineufe.  Les  mineurs  font  periuadés  que  cette  mine  ne  s’épuifera  
 jamais ;  qu’il  y  en  a  pour  l’éternité.  Cependant  la  couche  n’eft  pas  
 par-tout  également  riche ;  il  y  a même  des  places  où  elle  ne  contient  
 point  du  tout  de  cuivre.  Mais  bientôt  après  ,  on  recommence  à  en  
 trouver.  Comme  l’entrée  de  la  mine  eft  élevée  d’environ  fo  toifes  
 au-deffus  de  la  Sefia,  au  bord  de  laquelle  on  travaille  le  minerai,  
 011  le  fait  gliffer  par  un  couloir  en  planches  jufqu’aux  boeards  &  
 aux  lavoirs. 
 E n   fortant  de  la  mine,  nous  allâmes  jufqu’au  village  même  d’Al-  
 agne,  qui  eft  à  une  petite  demi-lieue  plus  loin  au  Nord. Nous vîmes  
 ta un magafin de lavezzi,  ou  de marmites & d’autres  ouvrages de pierre