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C H A P I T R E P R E M I E R .
D E CE N E V E A BRIE G. V U E G É N É R A L E
. D U V A L I A I S .
§• 1114- J ’ai donné une idée de la Lithologie de la route de Geneve
à Martigny, dans la continuation du voyage autour du Mont - Blanc ,
Chap. XL VIII, L & LI. C’eft donc' à Martigny que commence k
partie qui relie- à décrire.
Cibinet Nous étions partis , mon fils & moi de Geneve , le i j juillet t789,
j^ T d e & nous nous étions arrêtés pendant un demi jour pour voir le beau
!fi. diEt. cabinet d’hiftoire naturelle de M. d’Erlach, alors Seigneur Baillif de
,acl1' Laufanne. Ce cabinet contenoit non-feulement une très-belle collection
de minéraux de la Saxe & d’autres pays étrangers ; mais ce qui
eft plus rare & plus .précieux,pour nous., la .plus belle collection qui
exifiât alors des minéraux de la Suifle, & en particulier des adulai-
res, des lchorls & des tourmalines du St. Gothard. Le même jour nous
vînmes coucher à Vevey , & le lendemain 17 à Martigny. C’eft-là que
jkvois donné rendez-vous à mes fidelles compagnons de Chamouni,. }
qui nous amenèrent les mulets dont nous avions befoins pour ce
voyage. Nos inftrumeuts leuls faifoient prefque la charge de deux
mulets Un ballon de verre d’un pied de diamettre, renfermé dans
une cailfe folide & matelalfée intérieurement ; une grande balance pour
pefer ce ballon a différentes hauteurs ; une tente pour pouvoir taire
à 1 abri cette opération dans des lieux inhabités j une pendule lphé-
( 1 ) CeutetJ Cachai le Géant & St. Jean le muletier.
D E C E N E r E A 3 R l E G, Chap. I. 3*3
rique avec fa verge de 6 pieds de longueur, & l’attirail nécelfaire pouç
mefurer l’étendue de fes ofcillations ( 1 ) ; trois baromètres , deux:
boulfoles, un grand plateau avec un slyle pour tracer une méridien,
ne, divers inltruments de géodélie, &c. &c.
P o u r notre propre ufage nous portions des livres , une fécondé,
tente , deux petits matelats, -& des habits ; les uns légers, pour le
climat brûlant des vallées ; les autres chauds , pour la température
glaciale des hautes fommités. Nous avions donc trois mulets de bat
pour nos bagages. & de plus, trois mulets de felle, dont un pour
mon fils, un pour mol & un pour mon domeftique. Nos braves Char
mouniards, accoutumés à nous fervir d’aides & de compagnons dans
nos voyages , nous furent très-utiles, foit pour nos expériences, foit
pour foutenir nos mulets dans les routes feabreufes & inufitées que
nous leur failions prendre.
§. 21 if. O11 [fait que le Vallais eft un pays montueux, divifé fuivant Vue gc»
fa longueur par une gran.de vallée, dans laquelle coule le Rhône >.vtuâis dU
depuis fa fource jufques à fon entrée dans le lac de Geneve. Cette
vallée eft remarquable , en ce qu’elle partage, fuivant fa longueur,
une partie conlidérable de la chaîne des Alpes, comme la, vallée de
Quito partage auffi fuivant fa longueur une grande partie de la chaîne:
des Cordilieres. En effet, les deux chaînes de montagnes dont l’une
occupe la rive droite on feptentrionâle , & l’autre la rive; gauche ou
méridionale du Rhône , préfentent. l’une & fautre-des. pics de la plus
grande, élévation, & d’immenfes glaciers , tellement que l’on pourrait
dire que la chaîne centrale des Alpes eft double dans cette partie;;
& il eft très - extraordinaire de trouver entre ces. deux chaînes une
(• i ) Ce balfon & cette- pendule-, étoient
dfcftincs à. des expériences fur là denlipc
de l’air v que- mon fi/s a faites dqn& ce
voyage, & dont il a rendu compte dans
un Mémoire qui a été imprimé dans- le
Journal de PhÿJïijue, du. mois de fevries