Température
de la
terre.
43$ M O N T - C E R V 1 jft
Au relie comme, pendant ces quatre jours, nous fûmes prefque
continuellement occupés à obferver les pierres & la ftrudure des montagnes
, nous ne fuivîmes pas la mécéorologie avec l’afliduité que
nous y avions mife. fur le Col du Géant.
S- 2257. Q u a n t à la température de la terre, dont j’aurois été fort
curieux, nous fûmes contrariés par la nature du fol; nous ne pûmes
pas réuffir à faire, fur l’arrête du Col, des trous de trois pieds de
profondeur, pour y enfoncer nos thermomètres, la tarriere rencon-
troit des pierres qu’elle ne pouvoit pas percer ; il fallut fe contenter
à moins. Le i j , à fept heures du foir, la température fe trouva de
2, 1 à vingt-deux pouces de profondeur, & de 6, 4 à dix pouces,
tandis que l’air étoit à + a. Le 14, 1 trois heures & demie du foir,
la température à trente-un pouces étoit à t- o, 4; à 19 pouces *4 -2 ,
6, & à l’air à 4- 5.
L e même jour, à Conche, la température à trois pieds, à 1 f ; à deux
pieds, is , 8, & à l’air entre 16 & 20.
Au refte, je penfe que fi nous avions atteint, comme je le defirois,
une profondeur de trois pieds, nous aurions eu le terme de la congé,
lation, ou bien près de là, parce que c’étoit à-peu-près le niveau
des neiges des deux glaciers entre lefquels notre arrête étoit fituée;
on voit qu’à trente-un pouces, la température n’étoit que de quatre-
dixiemes de degrés au-deifus de ce terme; tandis qu’à dix, elle étoit
de prefque fept degrés. Il eft même très - remarquable, qu’entre un
fond auffi froid & un air auffi peu chaud, la terre pût concevoir, à
dix pouces de profondeur, un pareil degré de chaleur; cela explique
comment les neiges qui tombent en été fur cette arrête ne s’y maintiennent
point, & comment diverfes plantes y végètent avec allez de
vigueur.
à mon retour de_ cette tête de rocher que j’ai
décrite plus haut, j’achevai les obfervations fur la température ; j’étiquetai
& j’emballai les échantillons des pierre* que j’avois ramaifées
DESCRIPTION DE SON COL, Chap. Vil. 437
fur le Col & dans les environs, & nous partîmes vers les cinq heures
du foir pour retourner au Breuil. Nous trouvâmes la neige du glacier
d’une bonne confiftance, & nous le traverfâmes en trois-quarts d’heures.
Nous finies ’enfuite à pied la rapide & mauvaife defcenté que l’on
nomme du Château, à caufe des relies de fortifications qui la dominent,
& nous vînmes ainfi en trois heures du Col, de St. Théodule au hameau
du Breuil, une heure de moins qu’en montant.
En faifant cette defccnte, du Col au Breuil, on côtoie d’abord de
près, enfuite de plus loin, des hauteurs, qui font la continuation du
rocher qui domine le Col, & que j’ai décrit §.2279 & fuiv. Ces
hauteurs paroiffent appliquées à la bafc du Mont-Cervin & des hautes
cimes qui lui font adhérentes; elles palTent par-deffous les glaciers,
en reffortent, & vont mourir un peu au-deifous du Breuil, toujours
collées à la chaîne du Mont-Cervin.
En côtoyant ces hauteurs, nous fuivimès prefque toujours des yeux
des couches du gneifs fin, que j’ai décrit au §. ¿160, qui paroifienf
liées,avec elles fans interruption, & toujours renfermées entre des
couches calcaires micacées. Un bloc de ces calcaires que j’obfervai a
la fortie du glacier, préfentoit auffi, mais en petit, des couches
feftonnées comme celles du $. 2265. ' <■
T o u t e s ces calcaires font grenues, la plupart à vive effervefcence ;
on en voit cependant à grains extrêmement fins & à lente eftcrveft
cen c e , & par conféquent du genre des Dolomies.