Steatite
fibreufc.
Séracs
•u reâan-
gles de gla-
«cs.
r yS | M O N T - B L A N C ,
C e t te chaîne court à peu-près du Nord au Midi. Elle eft toute com-
pofée de roches feuilletées primitives, dont les éléments font de la
hornblende lamelleufe, noirâtre ou verdâtre, du feldfpath, de la plombagine
, avec peu de quartz & de niica.
O n y trouve enfin une pierre verdâtre afifez brillante, translucide,
fibreufe & fchifteufe, demi - dure , fufible au chalumeau en un globule
d e'o , i de ligne d’un verre verd, translucide, d’un luifantgras,
un peu huileux. Cette fubftance a beaucoup de rapport avec la ftéatite
asbeftiforme du St. Gothard,§. 1915 ; mais fes parties font plus fines,
elle eft plus brillante, plus dure, plus fufible, & donne un verre plus
translucide. Cependant, à moins d’en faire une efpece nouvelle, je ne
faurois la rapporter à aucune autre. Au refte , le feldfpath qui entre
dans la compofition de ces rochers, eft de l’efpece de celui que je
nomme gras, parce qu’il a l’oeil gras & huileux. Tous les rochers,
de cette chaîne ont leurs couches fituées comme celles de la montagne
de la Côte, fuivant la loi générale des rochers de Chamouni f
§. 677; mais elles font très-inclinées.
C e t t e chaîne, du côté de l’Eft, eft féparée de l’aiguille du Midi »
& des montagnes, qui lient cette aiguille avec le Mont-Blanc, par un
glacier extrêmement fauvage, 8c prcfque tout compofé de feracs.
§• 1975. O n donùe le nom de ferac , dans no» montagnes, à une
efpece de fromage blanc & compacte, que l’on retire du petit lait, &
que l’on comprime dans des efpeces de caiffes reétangulaires, où il
prend la forme de cubes, ou plutôt de parallélipipedes redangles.
Les neiges, à une grande hauteur, prennent fréquemment cette
forme, lorfqu’elles fe gèlent après avoir été en partie imbibées d’eau.
Elles deviennent alors extrêmement compactes ; dans cet état, fi une
couche épaiffe de cette neige durcie fe trouve fnr une pente, qu’elle
vienne, comme cela arrive toujours, à gliffer en maffe fur cette pente,
& qu’en gliffant ainfi, quelques parties de la maffe portent à faux, leuü
R O C H E R S E T D É T A I L S , Chap. I I J . 159
pefanteur les force à fe rompre en fragments à peu-près rectangulaires,
dont quelques-uns font jufques à f® pieds eu tout fens, & qui,
I à raifon de leur homogénéité, font auiîi réguliers que fi on les eut
taillés au cifeau.
O n voit diftinCtement fur les faces de ces grands parallélipipedes, les
couches de neiges accumulées d’année en année , & paffant graduellement
de l’état de neige à celui de glace, par l’infiltration & la congé-
tion fueceflive des eaux des pluies & de celles qui réfultent de la foate
i des couches fupérieurês.
Nous avions auffi à notre droite de grands entaffements de neige,
rompues fous cette même forme de ferac, & nous aurions été obligés
de palier dans leurs intervalles avec beaucoup de fatigue & de danger,
pour peu que la faifon eût été plus avancée; mais un pont de neige,
i qui devoit fe fondre dans peu de jours, nous fervit à traverfer une
énorme crevaffc, & nous difpenfa de paffer entre les feracs.
§. 1976. Nous nous repofâmes quelques moments, à l’ombre des Cabans
rochers de la chaîne ifolée , dont j ’ai parlé plus haut. ma* Plase*<
Nous nous éloignâmes enfuite du côté du couchant ; puis nousrevin-
9 mes l’aborder dans l’endroit, où l’année précédente j’avois fait conf-
truire une cabane ;. c’étoit alors mon deffein d’y coucher en montant;
mais comme je l’ai d it , le mauvais tems m’empêcha, d’aller jufques
là. D’ailleurs, cetce ftation avoit été très-mal choifie ; elle étoit beaucoup
trop voifine.de la première, puifqu’elle n’eft élevée que de 120
toifes au-deffus de la cime de la montagne de la Côte , & qu’ainfi il
feroit refté 900 toifes à monter pour le troifierae jour ; tandis qu’au
contraire il falloit, par divers raifons, laiffer la plus petite portion
pour la derniere.
Suite de»
§. 1977. L a nature des rochers qui compofent cette partie de la rocher« d*
chaîne ifolée eft encore la même : on y diftingue cependant déplus,