É L E C T R I C I T É
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C H A P I T R E VI L
E X P E R I E N C E S SUR L'ELE C TRI CI TÉ E T
SUR L ' H U M I D I T É DE L’A IR .
§. 20f f. Î 'Î o t r e miférable petite cabane qui n’avoit que fix pieds
de vuide, occupoit, comme je l’ai dit, l’extrémité d’une arrête de
rocher; elle étoit ainfi, prefque de tous côtés, entourée de précipices.
Il falloit donc avoir la tête aiTez bonne, pour fe tenir debout
fur le toit de cette cabane. C’eit pourtant là que mon fils & moi,
nous obfervions régulièrement l’éleétrometre, parce que cette fituation
ifolée étoit la plus avantageufe. Nous n’eûmes pas, comme je l’aurois
déliré, plufieurs jours confécutifs entièrement exempts de nuages,
pour obferver avec certitude la marche de l’électricité du tems ferein ;
les deux glaciers qui bordoient notre arrête, faifoient l’office de
réfrigérants, & condenfoient les vapeurs qui s’élevoient des profonds
vallées, fituées immédiatement fous nos pieds. Ces vapeurs conden-i
fées formoient des nuages & des brouillards qui venoient nous
troubler, même quand le tems étoit par-tout ailleurs de la plus
parfaite férénité. Nous eûmes cependant deux ou trois jours allez
exempts de nuages, pour me permettre de m’alfurer que l’éleétricité
du tems lèrein fyit fur cette cime élevée la même marche qu’elle
foit en été dans les plaines ; c’ell-à-dire - qu’elle augmente graduellement
depuis. 4 heures du matin, où elle elt prefque toujours nulle *
jyfqu’à midi Ou 2 heures, où eft fon maximum. Cette obfervation,
eft très-remarquable, en ce qu’elle prouve que ce n’elt pas la tempé-,
rature locale qui détermine la différente marche de l’électricité aëriennp
dans les différentes faifons ; car puifque nous avions fur ce. Qol,
à-peu-près la température des hivers de la plaine, fi la marche de;
l’éleclricitéj
E T . H T G R O M E T R È. Chtp. VU. '¡tn
l’éleétricité avoit dépendu de la chaleur locale, elle auroit eu, comme
en hiver, deux maximum, un le matin & un le foiir, & non pas un
feul dans le milieu de la journée. ( Voyages dans les Alpes, §. Joa
& fuivants.
Q u a n t à fon. intenfité, la plus forte que nous ayons vue, par un
tems lèrein, fit écarter de 3 lignes 8 dixièmes les boules de mon '
éleétrometre. Qr, dans la plaine, une fituation auffi ifoîée auroit
certainement donné, par un tems auffi froid, une élcétricité plus
forte. Cette remarque, d’accord avec celle que j’avois faite fur le
Mont-Blanc, prouve que l’éleétricité du tems ferein perd de fa force
à mefure que l’air fe raréfié en s’éloignant de la furface de la terre.
Mais .l’éleétricité des orages fe manifeite plus fréquemment & avec
une intenfité égale, fi ce n’elt même fupérieure à celle qu’on lui voit
dans les plaines. Celle du tems ferein fut comme dans la plaine,
conltauiment pofitive; mais dans les orages, nous la vîmes fouyent
négative.
§. 2 0 f S. Le célébré Chevalier V o l t a a imagné de fixer à la pointe Addition
de mon éleétrometre une petite bougie , ou un fil foufré qu’il allume f!u ,9ll,eva"
j 1 , 1 / . dans le moment de 1 experience. C^e tte- f„l•a mme &„ l. a vapeur qui eu lier Volta.
fort, vont chercher l’éleétricité. de l’air à -de grandes diltances ; elles
conduifent cette éleétricité dans l’éleétrometre, augmentent k divergence
des petites boules ; & rendent même l’éleétrické,de l ’air fenfiblé
dans des tems où la pointe feule-n’en indiquerait aucune. Qn peut v.oii!
les détails de cette expérience, & d’autres changements avantageux
faits à cet éleétrometre, -dans tes premiers volumes du Journal imprimé
à Faviè, fous le ;titre de Bihli&tsca fifica d’ fàsropa. J’aurois
employé cet appareil fur le Gol-du-Géant, fi je n’avais pas dû rendre
mes expériences comparables à ceMes que j’avois faites fur le Mont-
Blanc, & ailleurs. ......
§• 2°f7. L es mêmes brouillards qui venoient fi fouvent troubler Hygrome»
h marche de l’éleétrometré, triïublpient à; plias forte rai fon cellçjdetre>
Tome IV. K k