Couch«
calcaire
entre des
gneifs.
Réflexion
fur cette
couche.
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lites; mais ce que je trouvai là de plus digne d’attention, ce font
des lames de mica noir & brillant, translucides, élaftiques, réparables,
en feuillets très - fins, fufibles au chalumeau en un émail noir &
brillant. Ces lames ont eu quelques endroits jufqu’à deux ou trois
pouces d’étendue, & font redoublées jufqu’à former une épailfeur de
quelques lignes. Elles enveloppent tantôt des morceaux de quartz de
forme lenticulaire, tantôt des portions de couches de gneifs, aux
feuillets defquels elles font parallèles. Dans ces cailloux roulés, je ne
trouvai aucun granit en maffe.
§. aï s - A minutes de ce torrent, ou à une lieue un quart du
village de Simplon, dans le rocher qui borde le chemin à gauche ou
au Nord-Eft, ori voit un banc de pierre blanche, grenue, ou con-
fufément cryftallifée en petits cryftaux brillants & comprimés. Cette
couche a fix pieds d’épaififeur, & fe fubdivife d’elle-méme en feuillets
épais de fept à huit lignes, teints en verd à leur furface par une
matière qui paroît s’étre infiltrée entre les feuillets. Ce banc eft à-peu-
près horizontal; il fe releve cependant de quelques degrés contre le
Sud-Eft; & de ce côté-là, on le fuit des yeux à une allez grande
diftance, confervant toujours la même épaiffeur & les mêmes apparences
extérieures. Cette couche calcaire eft • renfermée entre des
couches femblablement lituées' d’un gneifs à feuillets parfaitement
droits. Celles de deffus font compofées de feuillets très - fins ; leur
épailfeur ne furpalfe pas un cinquième de ligne : ce font de petite
cryftaux confus de feldfpath d’un gris blanchâtre, féparés par des'
lfts très-fins de mica brillant, d’un gris noirâtre. Les couches de
deffous font d’une pâte plus groiïïere ; les cryftaux de feldfpath ont
jufqu’à demi-ligne d’épaiffeur, & les lits de mica font moins diffinc-
tement féparés; ils fe rapprochent plus de ce que j’appelle des granits
veinés. Des morceaux des uns & des autres plongés, dans l’acide
nitreux, n’y fout qu’une foible & courte effervefcence.
§. 2126. ^Je n’ai pu diftinguer là aucune couche intermédiaire
entre ces gneifs & cette pierre calcaire, que je regarde .comme pri-
P A S S A G E D U S IMP L O N, Chap. IL 3^
mitivè. Les pierres calcaires fecondaires, ou celles qui ont été formées
depuis la révolution,.à la fuite de laquelle les mers ont été peuplées
décoiffons & de coquillages, font prefque toujours recouvertes de ■
grès, de breches, de poudingues, & quelquefois de tufs. Ce font
ces débris interpofés entre les couches de roches primitives & celles
de roches fecondaires, qui forment les tranfitions ou plus exatfement
les intermédiaires que j’ai fréqüèmment obfervés, & fpécialement au
pied du Buet, §. 5-34. Les calcaires primitives au contraine, ou celles
qui ont exifté avant cette révolution, ne préfentent aucune tranfition,
ou ce font des tranfitioris d’un tout autre genre. Cette diftinétion me*
paroît importante pour la théorie de la terre.
§. 2i27. A un petit quart de lieue de cette couche calcaire, on Route
traverfe un pont étroit jeté fur un affreux précipice, au fond duquel étr“ite jur*
fe brife la Toccia. Enfuite on paffe fur une corniche faillan'te au-Contz"1'
deffus de ce précipice ; le chemin n’a fouvent que quatre pieds de
largeur, & il eft pavé de granits ufés & polis par le frottement. Les
rochers qui bordent cette corniche, & ceux mêmes dont elle eft
pavée, font tous de granits veinés, en couches prefque horizontales,
fréquemment traverfées par des bancs verticaux, fouvent parallèles
entr’eux. L’on pourrait prendre ces bancs pour des couches, fi la
lituation des veines du granit ne prouvoit pas que les vraies couches
font horizontales, & que ces tranches verticales font produites par
des affaiffements.
A demi-lieue de ce pont de bois, la Toccia fe précipite dans un
gouffre; le choc la réduit en pouffiere, l’air entraîné par fa chiite,
fe dégage comme dans les fouffiets hydrauliques, lance en-dehors
cette pouffiere qui prend au foleil les couleurs de l’arc-en-ciel, &
imite des flammes d’une beauté furprenante. Bientôt après la vallée
fe trouve fi étroite, qu’un rocher de granit, qui s’eft détaché de la
montagne, n’a pas pu defeendre jüfqu’au fond, & il eft demeuré
ihlperidu entre les' deux rives, où il forme un pont naturel.