Ufogna,
mêmes gratuits.
4 V A L L É E
qués, comme à St. Roch, par des lignes d’arbres & de verdure. Au
Nord de cette montagne, on en voit une autre liée avec elle par
fon pied, & dont les efcarpements, taillés à pic du côté de la vallée,
préfentent auffi des - couches horizontales parfaitement prononcées.
E n f in , en avançant encore un peu plus loin, on voit des rochers
féparés du chemin par une prairie, & ombragés par des châtaigniers.
Ces rochers, taillés à pic du côté du chemin, préfentent des couches
auffi décidées que l’on puilfe le dellrer. On voit encore là les veines
de la pierre exactement parallèles à l’horizon, & aux affiles ou aux
joints des affiles que je dis être les divùfions des couches, & on y
diltingue des filons minces de quartz ou de feldlpath parallèles à ces
mêmes couches. On y voit auffi des fentes accidentelles, les unes
verticales, les autres obliques, dont plufieurs font remplies d’un granit
à gros grains de formation nouvelle. Ces fentes font bien faciles à
diftinguer des divifions des couches, foit par leur irrégularité, loit
parce qu’elles ne font point parallèles aux veines intérieures de la
pierre.
Je continuai mes obfervations, en fuivant ces granits jufques au
'village d’U fogna, où je dînai, & dont je trouvai le fol élevé de
138 toifes.
A u -d e là d’U fogna, on lailTe à droite un grand rocher qui eft de
la même nature, & qui paroît avoir eu originairement la même fitua-
tion, mais dont les couches ont été en partie dérangées & enfoncées.
Un peu plus loin, cependant, elles deviennent plus régulières, quoique
toujours avec des enfoncements partiaux. Enfin, cette montagne
fe termine à l’entrée de la vallée de Bregno, ou Bienio, que nous
laiffons à droite en tirant à TOueft-Nord-Oueft pour entrer dans la
vallée Lévantïne ; & là, en quittant cette montagne, on voit que fes
couches font ' parfaitement prononcées.
l é v a n t ï n e , chaP. x 1. y
1799. Aune heure & un quart d’Ufogna, on pafle fur un long Entrée
pont de bois la riviere de Blegno , qui fort de la vallée du même nom,
& qui fépare la vallée Levantine de celle de Bellinzona. Celle - là tine.
dépend du canton d’Uri feul, tandis que celle-ci dépend, comme
je l’ai d it, des trois cantons, d’U ri, Schwitz & Underwald. Un peu
au-delà du pont, on paife à Volegio, grand village, le premier que
l'on rencontre de la vallée Levantine.
D elà on vient en trois quarts-d’heure à Bodio, & en deux autres
heures à Giornico , où je couchai. Dans cette route, je continuai d’ob-
ferver, & fouvent le marteau à la main, les rochers qui la bordent;
ils iont de la même nature & conftamment dans la même fituation.
Voilà donc de Crefciano à Giornico quatre lieues & demie de granits
veinés en couches horizontales.
E n approchant de Giornico, la vallée fe rétrécit, fon fond, plat
jufques alors, devient un peu inégal, & l’on commence à fentir l’air
frais, des montagnes, après lequel je foupirois, ennuyé & fatigué de
l’air brûlant de ces vallées plates infeftées de mouches & de coufins.
J’eus beaucoup de peine à trouver à Giornico une place où je Giomîee;
pulle être feul & tranquille; c’étoit un dimanche, celui de la vogue
ou de la fête du patron de l’endroit; il y avôit une foule & un tapage
horrible dans tous les cabarets. Enfin, on imagina de me loger dans
une efpece de garde-meuble qui avoit été autrefois un fallon à plafond
peint, à grands fauteuils fculptés & dorés, & à vieilles images des
iSaints; tous veftiges du moyen âge de l’Italie. Ce village, qui fc
nomme en Allemand Irnis, & qui eft ferré entre la montagne & le
Téfin, eft célébré dans fhiftoire de la Suiffe, par une grande victoire
que 6co Suiffes remportèrent là, fur 15000 Milanois, en 1478,
& à la fuite de laquelle ils conclurent une paix honorable avec le
duc de Milan.