But de
l ’ étude des
cailloux
roulés.
C A 1 L L O U X R 0 U L É S
C H A P I T R E X X I V .
C A I L L O U X R O U L É S D E S D E U X EMMES.
§. 194J-S i en décrivant les eailloux roulés qui le rencontrent
dans tel ou tel canton de la furface de notre g lo b e , on ne le propo-
foit d’autre vue que d’avertir les amateurs qu’ils trouveront ici un tel
foffile, là un tel autre ; cette vue pouvoit paraître bornée & peu
digne de la place que ces deferiptions occupent dans des ouvrages
tels que celui-ci. Et il faudroit en effet, iè reitreindre à cette vu e , ii
l’on croyoit encore que les cailloux roulés font, comme les truffes,
le produit de la terre qui les porte. Mais nous avons vu que dans les
vallées éfroites , lituées entre de hautes montagnes, ces cailloux font
originaires de ces mêmes montagnes, & que dans les plaines, de
même que dans les larges vallées qui avoifinent ces plaines, les cailloux
que l’on y trouve viennent fouvent de contrées très éloignées d’où
ils ont été tranlportés par les grandes révolutions de la terre.
C ’ e s t donc pour fuivre les traces de ces révolutions, qu’il peut
■être intéreffant de conuoitre la nature des cailloux roulés, épars en
différents pays. Cette connoiffanee, jointe à celle de la nature des montagnes
adjacentes, eft un des indices les plus certains de l ’origine &
de la diredion des courants qui ont été produits par ces révolutions.
M ais pour atteindre ce b u t , il faut s’efforcer de trouver dans les
cailloux de chaque canton , quelque chofe de caraftériftique ; en remarquant
, ou que tel fbflile particulier appartient exclufivement à ce canton
, ou qu’il s ’y trouve dans une proportion beaucoup plus grande
que tout autre, ou enfin qu’il y manque entièrement. C’eft ainii que
D E S D E U X E M M E S , Ch*p. XXIV, 12f
les jades caractérifent les bords de notre lac & du Rhône, jufques au
point où celui-ci ceffe d’être renfermé entre les Alpes & le Jura ; c’eit
encore ainfi que les cailloux de quartz grenu caradérifent par leur nombre
la vallée du Rhône , depuis qu’il a traverfé le Jura jufques à fon
embouchure ; ceux des variolites à pâte d’ophibafe caradérifent les
pays qui ont été arrofés par la Durance ; les fchiftes de hornblende
caradérifent l’Ifere par leur nombre ; les variolites du Drac caradérifent
cette partie du Dauphiné, &c. &c.
§. 1944- Si l’on confidere dans cet efprit les cailloux roulés de*
deux Emmes, ( 1 ) on verra que les cantons qu’arrofent ces rivieres
font caraderifes par fes variolites ou par la pierre que je vais décrire.
C e t t e pierre appartient au genre des argilles endurcies, argilla
lapidree. IVerhïirteter thon de Al. W e rn e r . Mais pour éviter de donner
à aucun genre un nom compofé de deux mots diftinds, je nomme
ce genre argillolite.
L espece de ce gencc que 1011 trouve roulce fur les bords des deux
Emmes ., a extérieurement une couleur grife, tirant fur le brun ou fur
le verd , fa furface eft terreufe & fans éclat. On y remarque très-fréquemment
des veines d’une couleur différente, les unes blanches, les
autres d un brun plus, fonce ; qui fe coupent de maniéré à former un
réfeau dont les mailles ont quelquefois un pouce de grandeur; d’autre-
( î ) Les deux rivieres qui portent le
nom d’Emme , ont leurs fources très-voi-
fines l’une de l’autre. La carce'de M. le
General Pf y f f e r , les place toutes deux
dans 1 Entlibuch ; d’autres géographes plus
anciens, & vraifemblablement moins bien
informes, ne placent dans cette province
que la fource de U grande Enune, qui va
fe jeter dans 1 À a r , à une petite lieue au»
deflus de Solcure ; & placent dans le canton
d’Underwaid la fource de la petit«
Emme, qui fe jette dans la Reufs, à demi
lieue au Nord de Lucerne. Mais quoiqu’il
en foit de leurs fources, les cailloux que
l ’on trouve roulés fur leurs bords font en
général de la même nature , & toutes le*
deux charrient également des paillettes
d’or.
Applica*
tion à ceux
de l’Emme.
Argillolite
ou argille
pier*
reufe.