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 S U R   L E S   A L P E S   comprifcs  entre  le  Tyrol  &  le  
 Mer  Méditerranée. 
 Introduc-  §. 2300. J ’ai  donné  dans  ces  Voyages,  à  la  fin  de  chaque  paffage  
 des  Alpes,  une  idée  générale  de  la  nature  des  montagnes  &  de  la  
 ftruiture  qu’elles  préfentent  dans  chacun  de  ces  pafifages.  11  s’agiroit  
 maintenant  de  donner  une  idée  générale  de  leur  totalité.  , 
 D ams  ma  jeuneiTe,  torique  je  n’avois  encore  traverfé  les A'pes  que  
 par  un  petit  nombre  de  paffages, je  croyois avoir  faifi des faits  &  des  
 rapports  généraux.  Je  prononçai même,  en  1 7 7 4 ,   un  difcours  fur la  
 ftruiture  des  montagnes,  où  j’expofois  ces  réfultats. 
 Variété  §•  1301.  M ais   depuis  que des  voyages  répétés  dans  différentes  par-  
 prefque  tics  de  cette  chaîne,  m’ont  préfenté  des  faits  plus  nombreux,  i’ai  
 umverfelle. reconnu  qU’0n  pouvoit  prefque  affurer  qu’il  n’y  a  dans  les Alpes  rien  
 de  conftant  que  leur  variété. 
 E n  effet,  fans  confidérer tous  mes Voyages,  fi  l’on  jette  feulement  
 les  yeux  fur  ceux  que  j’ai publiés  dans cet ouvrage,  on  verra  d’aborf  
 que  l’ordre  dans  lequel  font placées  les  différentes  lubftances,  eft  fifi*  
 niment  varié.  Ici  les  bords  font  calcaires,  là  ils  font  magnéfiens.  Ici  
 les  centres  &  les  plus  hautes  cimes  font  de  granit  en  maffe;  là  
 ce  font  des  fchiftes micacés  calcaires;  là  des  pierres  magnéfiennes,  là  
 des  gneifs.  Si  l’on  conlidere  la  fituation  des  couches,  on  les  trouve 
 ici 
 ici verticales,  là horizontales, ici  inclinées  fuivant  la  pente  des  flancs  
 des  montagnes,  là inclinées  en  fens  contraire.. 
 §.  2;oz  C e p e n d a n t ,  on  obfervera qu’en  général  les  plans  des  cou-  
 ches  fuivent  la  direftion  des  vallées  longitudinales  &  des  dos  prolongés  
 des  montagnes ;  &  que  ces  mêmes  vallées,  de  même  que  les  
 chaînes  des  montagnes , font généralement dirigées  de  l’Eft à l’Oueft,  
 ou  du  Nord-Eft  au  Sud-Oueft. 
 On  obfervera auflî, que  les  couches  des montagnes  les  plus modernes, 
   font  en  général  inclinées  &  appuyées  contre  la  maffs  des  plus  
 anciennes,  excepte  dans  celles  qui  font  renverfées,  ou  dont  les plans  
 font inclines  en  fens  contraires  des  pentes  des  montagnes. 
 O n  obfervera  enfin,  qu’en  général  les  pentes  font plus  rapides’,  &  
 les  vallées  plus  profondes  du  côté  du  Midi.’ Cependant* le  Mont-  
 Cervin  &  fes  efcarpements,  tournés  contre  IeNord-Eft,  de même que  
 le  Breit-Horn  &  les  pentes  extérieures  du  Mont-Rofe,  font  plus  
 douces  du  côté  du  Sud  que  du  côté  du  Nord. 
 §.  2303.  M a i s   un  fait  que  l’on obferve  fans  aucune  exception,  ce  Faits fanj  
 font  les amas  de  débris  fous  la  forme  de  blocs,  de  breches,  de pou- ¿^conclu08  
 dingues,  degrés,  de fables,  ou  amoncelés &  formant  des montagnes, lion,  
 ou  des  collines,  ou  difperfes  fur  le  bord  extérieur,  ou  même  dans  
 les  plaines  qui  bordent  la  chaîne  des  Alpes,  &  qui  attellent  ainfi  la  
 fubite  &  violente  retraite  des  eaux. 
 Nous  voyons  donc  dans  les  Alpes  la  preuve  certaine  de  la  eataf-  
 trophe  ou  de  la  derniere  fcene  du  grand  drame  des  révolutions  de  
 notre  globe. Mais  nous  ne  voyons  que des  indices  fugitifs  & problématiques  
 des actes  précédents,  excepté  les  preuves  de  cryftallifations  
 tranquilles  dans  les  tems  les  plus anciens,  qui ont précédé  la  création  
 des  animaux ;  & de  dépôts  ou  de fédiments dans  ceux qui  ont  fuivi  
 Terne  FI.  N n  n