g V A L L É E
L es veines de ce granit, forment en plufieurs endroits des zigzags
redoublés, précifément comme ces anciennes tapiiferies, connues fous
le nom de points d’Hongrie ; & là , on ne peut pas prononcer fi les
veines de la pierre, font ou ne font pas parallèles à fes couches.
Cependant ces veines reprennent, auffi dans quelques places, une direction
confiante, & cette direition eft bien la même que celle des couches.
Il paroît même qu’en divers endroits, où ces veines ont Ja
forme d’un figmci ou d’une AI couchée g , ce font les grandes jambes
du Jigma, qui ont la direition des couches.
E n f in , j’obfervai plufieurs couches, qui dans le milieu de leur
épaiffeur paroiffoient remplies de ces veines en zigzag, tandis qu’auprès
de leurs bords, on les voyoit toutes en lignes droites. Cette obfer-
vation prouve que ces anfraduofités font l’effet de la cryftallifation,
& non point celui d’un froiffement, ou d’un refoulement de la matière
des couches quand elle étoit dans un état de molleffe. En effet, le
.milieu d’une couche n’auroit pas pu être refoulé, lans que le deffus
& le deifous de la même couche le fuffent en même tems.
Q u a n t à ce que c’eft le milieu des couches, plutôt que leurs parties
fupérieures ou inférieures, dont les veines font ainii feftonnées,
il femble que l’on pourrait en co n c lu re ,q u e le liquide dans lequel
ces couches ont été fo rm é e s , étoit plus tranquille lorfque le milieu
des couches fe fo rm o it, puifqu’alors la pierre fe prêtoit plus aifément
aux formes variées que la cryftallifation de fes éléments tendoit à
lui donner.
C es couches montent généralement de j o à 35 degrés du côté
Nord-Eft. Et comme en arrivant au péage ou Dazio grande, qui eft
au haut de cette montée, on fe trouve d’abord au niveau, & enfuitc
au-deffus de la furface fupérieure de ce rocher, on a la facilité de
reconnoitre que cette furface eft bien parallèle aux joints des couches
ou des affifes inférieures.
L É V A N T I N E , Chap. X L 9
L e granit des rochers où font ces veines en zigzag, eft d’un grain
plus fin que celui d’Ufogna & du bas de la vallée. On a beaucoup
de peine à y diftinguer des parties quartzeufes, fes veines, d’un beau
blanc, paroiffent entièrement d’un feldfpath gr cnu , comnle un nur*
bre falin à petits grains. Le mica eft auffi là en petites lames, quelques
unes noires, mais la plupart d’un beau blanc argenté.
I l y a dans ce péage une affez bonne auberge, où je dînai. Tous
les voyageurs qui ne font pas Suiffes, payent là 5 batz ou 12 fols
de France pour l’entretien des chemins. Les Suiffes & leurs Alliés n’en
payent que le quart. L ’élévation de cet endroit eft de 478 toifes. Je fus
étonné de voir à cette hauteur de beaux abricotiers; il eft vrai que
leurs fruits étoient encore bien verds.
§. igo;. Si après avoir quitté le péage, on jette les yeux en arriéré, ^
cm voit, comme l’a fort bien obfervé le P. P i n i , que la montagne né» de cet.
coupée par le Téfin au-deffous du péage, eft un rameau fort avancéte vallîe<
de la chaîne qui forme le bord oriental de la valléé, & que ce
rameau eft oblique à la diredion générale. Cette montagne fe termine
à demi - lieue plus haut. Là, fous une églife auprès du chemin, on
voit encore des indices de granits veinés en couches horizontales.
Mais ce font les derniers que l’on rencontre avant d’arriver au St.
Gothard.
L es montagnes qui bordent là les deux côtés de cette vallée font!
très - élevées, mais compofées de pierres plus tendres, couvertes de
forêts & de pâturages , qui ne laiffent voir que rarement les rochers'
qui en forment la bafe.
§. 1804. D e. même, les fragments que l’on rencontre fur la route ,. Roche#
, r, ° - . T i f - - . micacees
ceux dont tout conitruitcs lcs murailles iecrïes qui la bordent, n equartzeUA
font plus des granits veinés', mais des ichiftes micacés mélangés toutes & cal.
à la fois de quartz & de pierre calcaire grenue ou faline, mais cescaires?
Tome IV. B