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pierres dont le fond eft de ieldfpath, & qui eft mêlé de hornblende
ou de fchorl noir. Mais de plus, le rocher de ces montagnes eft entrecoupé
dans quelques endroits par des bancs & des veines d’une ftéa-
tite verte , fchifteufe, mêlée de petits grains de feldfpath, & approchant
de la nature de la hornblende ou de la cornéenne. La iituation
des couches de ces rochers eft généralement verticale ; la direction de
leurs plans eft fréquemment parallèle à celle de la vallce qui monte de
l’Eft-Nord-Eft à l’Oueft-Sud-Oueft.
De Van- §. 2131. Eh approchant de Vanzon. & au-delfus de ce village , on
ion à Ma- reliCOrttre des blocs de granit veiné à grands cryftaux de feldfpath ;
ces blocs paroiffent venir du haut de la montagne, mais une lieue plus
haut, en fortant du village de Ceppo-Morelli, on trouve des rochers
en place de ces mêmes granits.
U ne lieue au-deflus de ce dernier village, après qu’on a furmonté
un grand rocher tranfverfal, qui barre finguliérement la vallée, on entre
dans le pays des mines d’or ; on voit prefque à chaque pas , à droite
& à gauche de la vallée, des entrées de galleries, & au bord de la
Lanza les moulins à lavures. Je donnerai plus bas une idée de ces mines.
P rès du pont deï Fando, nous trouvâmes un magnifique bloc de
granit, dans le milieu duquel ctoit un nid de grands cryftaux hexagones
de fchorl noir, empâtés dans un mélange de feldfpath blanc & de
mica argenté.
Les prifmes de ce fchorl font fouvent coupés en travers par des
tranches de feldfpath , qui paroilfent avoir rempli des vuides formés
dans ces prifmes. On rencontre quelquefois, quoique rarement , les
pointes des pyramides triédres très-applatties, qui les terminent.
Au-d e s su s de ce bloc, on trouve, dans la montagne de Valéri, de la
hornblende noire, brillante , lamelleufe, en grandes lames redoublées
, de maniere a former des maiTes épailfes de j à 4 pouces, en-
«haffées dans du quartz d’un blanc fale. ’
DE DDMO SOSSOLA A MACUGNAGA, Chap. 111 341
A vant d’arriver à Macugnaga, la montagne ,à droite en montant ,
'préfente des fcbiftes micacés à feuillets tortueux , d’un blanc argenté
très-brillant, où le mica eft fi abondant, & les parties dures fi clair-
femées, que l’on n’en a cOnnoilfance que par quelques étincelles que
l’on en tire en le frappant avec l’acier.
Nous arrivâmes à Macugnaga vers le midi; nous fûmes enchantés
de la fituation de ce village ; fes maifons, moitié en bois, moitié en
pierre, mais proprement & folidement bâties, font difperfées dans des
prairies parfemées de bouquets, de frênes & de mélèzes. Ces prairies
forment une plaine doucement inclinée qui s’étend jufqu’au pied des
rocs fourcilleux du Mont-Rofe, qui forment l’enceinte de ce joli plateau
; mais nous fûmes peu fatisfaits de l’hofpitalité des habitants ; aucun
d’eux ne vouloit nous loger ; défiants, peu accoutumés à voir des étrangers,
effrayés peut-être de notre nombre; les aübergiftes mêmes refu-
foient de nous recevoir. Nous étions fur le point d’être réduits à tendre
nos tentes, & à camper dans une prairie, Iorfque le curé, à qui je
montrai des lettres de recommandation , que j’avois pour diverfes per-
fonnes de la vallée, abfentes malheureufement pour nous , commença
par nous donner afyle, & écrivit au principal aubergifte Anton Maria
del Prato, qui étoit dans un pâturage à une lieue du village. Cette
lettre l’engagea à venir nous recevoir.
C e t t e auberge fut pendant onze jours le centre de nos excurfions;
nous étions proprement logés, mais nous n’avions d’autres vivres que
ceux que nous faifions venir de Vanzon ( 1 ) ; car les habitants de
Macugnaga & le curé même ne fe nourriffent que de laitage & de pain
de feigle que l’on fait fix mois ou un an à l’avance, & qu’on ne peut
couper qu’avec la hache.
( 1 ) M. del Pka to m’a prié d’avertir vance, pour qu’il purflè faire des provifiens
les voyageurs qui penferoient à venir à & fe difpofer à les recevoir, j-j
ÿUcugnaga, de lui écrire un mot à l’a