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fbuvent micacées & fchifteufes. Les gypfes que l’on voit fur la rive
gauche du torrent, & dont j’ai parlé plus haut, femblent fe terminer;
mais on les voit reparaître fur les ardoifes; on les fuit ainfi par intervalles
jufques au point le plus élevé du paffage.
A une heure j , au-deffus de St. Germain , on paife fous des chalets,
où logent de nombreux troupeaux, épars dans ces prairies. Là.
régnent encore les ardoifes & les calcaires grenues, dont les couches
montent à l’Oueft, ou à l’Oueft-Nord-Oueft. Mais à trois quarts de
Heuc plus haut, ce font des micacées calcaires qui .rçffemblent beaucoup
à celles du Mont-Cenis. En approchant de l’Hofplce ou Couvent,
on trouve des gneifs , & l’on y arrive en trois petites heures depuis
Scèz, toujours par des prairies en pente douce , fans avoir eu a pa(Ter
aucun mauvais pas , aucun rocher efcarpé ni difficile ; enforte que cette
montagne préfente le paffage des Alpes le plus facile que je connoiffe.
Hofpice §• 2219. L ’H o spice ou Couvent, comme on l’appelle, reffemble
élu petit St. par fa forme à Celui du grand St. Bernard. Il eft fitué dans un vallon
emat<** en berceau ,-dirigé du Nord-Eft au Sùd-Oueft, large de 3 a 400 toifes
dans le bas, par-tout verd, mais fans arbres ni arbriffeaux.
L a moyenne entre deux obfervations du barometre.m’a donné 112Î
toifes pour fon élévation aU-deffus de la mer. Cet Hofpice était autre-,
fois deffervi par des chanoines du grand St. Bernard, dont il étoit
une dépendance ; mais fes biené, de même que tous ceux qui;, dans
les Etats du Roi de Sardâîgneapparteaoient .au : grand. St .Bernard, -
ont etc réunis à la religion de St. Maurice &. Lazare: qui :.y entretient
un prêtre ¿chargé’de donner deux verres deftàn, i&.Bne démi: divrende
pain à chacun des. pauvres'palfagers-qui lfe(demandent]; mais il efeft
pas obligé de les loger que dans lev-cas debourmenteî Les.vqyagSUïSi
qui parqiffent en état de payer leur dépenfe fopt très-bien reçus : on
n’exige‘ cependant rièn d’eux; on fait même* quéïqüës fàÇdûs femt,
d’acifepiei'ce qtfiià5 offrent
PASSAGE DU PETIT St. B ERNARD, Chap. II. 399
C e t Hofpice ne fait aucune quête quelconque ; on doit donc regarder
comme de faux quêteurs ceux qui viennent demander au nom
de l’Hofpice du petit St. Bernard.
L e s montagnes qui dominent l’Hofpice au Sud-Eft, ont leurs baies
d’ardoifes, la plupart en décompofition, & leurs cimes de calcaires
micacées mélangées de gneifs, for-tout du côté du Sud-Eft; j’en ai
vu à leur pied des fragments indubitables, & certainement indigènes.
§. 22îQ. Du côté du Sud-Eft, le vallon qui renferme l’Hofpiceeft Recher,
divifé , fuivant fa longueur, par une arrête étroite qui fe prolonge dü ches fur fr
côté du Nord, à 3 ou 400 toifes au-deffous de l’Hoipice. Cette arrête Sypfe‘
produit un fécond vallon affez profond , parallèle à celui où eft l’Hof-
pice. Cette arrête contient du gypfe; ici, blanc grenu; là, gris & affez
compare ; ce gypfe forme à mi-côte de cette arrête une bande de quelques
pieds d’épaiffeur; qui du côté du Nord-Eft le termine par un
monticule de gypfe pur, dont on ne démêle point la ftru&ure. Dans
les parties où le banc du gypfe eft recouvert, il l’eft par delà terre &
des fragments ; je n’ai pu y découvrir aucun banc de pierre qui fût dans
fa pofition originaire.
De même de l’autre côté de ce petit vallon, au pied de la montagne
au Sud-Eft de l’Hofpice, on voit la coupe verticale d’un petit rocher
pyramidal de gypfe blanc, dont la cime paroiffoit recouverte par des
couches horizontales d’ardoife. J’allai avec mon fils examiner de près
ce monticule ; il me paroiffoit intérelïànt de favoir fi l’on trouverait
là quelque chofe qui indiquât qu’il exifte des gypfes primitifs, comme
le penfent quelques naturaliftes. Nous creuiâmes derrière le gypfe
pour voir s’il s’enfonçoit dans la montagne , mais il nous parut que
ce cela n’étoit pas ainfi ; que le gypfe n’étoit qu’appliqué comme on
le voit au Mont-Cenis & dans divers endroits; & que les couches
d’ardoife qui s’y appnient & qui recouvrent fa cime ne font point dans
leur pofition originaire ; mais qu’elles font gliffées de plus haut; c’eft
du moins ce qui paroît le plus probable.