274 C O L D U G É A N T .
Je fis pour la première fois l’effai de cet appareil à Hyères, en avril
1787. ( 1 ) L’expérience paroiffoit aller fort bien, l’éther s’évaporoit
très-rapidement, mais comme je tenois les yeux toujours fixés fur ma
capfule, je vis avec étonnement des gouttes d’eau fe former fur fes
bords, & ces gouttes groffir à vue d’oeil : enfin elles fe réuniffoient >
defcendoient auprès de la furface de l’éther, & celui-ci fembloit d’abord
les repouffer, fans doute par l’impulfion de la vapeur élaftiquc
qui s’en dégageoit mais enfin le poids des gouttes l’emportoit fur cette
répulfion, elles fe mêloient avec l’éther, & alors l’évaporation fe ralën-
tiffoit, au point que les dernieres gouttes mettoient plus de tems à
s’évaporer que n’en avoient mis les fept premiers huitièmes de la
liqueur. Je reconnus clairement que ces gouttes venoient de l’humidité
de l’air, condenfée par le froid que produifoit l’évaporation de
l’éther ; en effet, le verre étoit couvert de ces gouttes d’eau par dehors
comme par dedans, & lorfque j’y appliquois la main, ou que j’ef-
fayois de faire l’expérience en tenant le verre de montre fur ma main,
j’éprouvoi's une fenfation de froid extrêmement incommode.
J’espérai d’abord qu’une capfule de métal attireroit l’humidité de
l’air moins fortement que le ve rre , & me mettroit à l ’abri de cet accident
; je fis faire en fer blanc des capfules égales & femblables à mon
verre de montre : mais les gouttes d’eau fe formoient dans ces capfules
, à-peu-près avec la même promptitude. Je n’ai trouvé d’autre
moyen de me débarraffer de ces gouttes que de les enlever à mefure
qu’elles fe forment. Pour cet e ffe t, je taille un morceau d’éponge
fine en pyramide longue & é tro ite , je la mouille & j ’en exprime en-
fuite l’eau. Alors quand je touche une goutte d’eaù avec fa pointe ,
cette goutte eft fur-le-champ iucée & abforbée.
( 1 ) L’éther qui a fervi à ces expériences a été préparé & reétifi* par mon fils avec
le plus grand foin; il le reétifia même de nouveau fur le Col du Géant, comme je le
dirai ailleurs plus en détail.
É V A P O R A T I O N , Oiap. V 11 T. 27?
C ependant j’aiconfervé les capfules de fer-blanc; elles ont la forme
d’un verre de montre, de 20 lignes de largeur fur 4 de profondeur,
& elles font munies d’un petit manche pointu, que je pique dans un
bâton, ou dans une fente de rocher, pour que la capfule ne foit en
contaét avec aucun corps qui puiffe influer fur fa température. Un
thermomètre & un hygromètre fufpendus auflî en plein air, & dans
une fituation femblable à celle de la capfule, me donnent l’état de
l’air pendant l’expérience. Enfin , une montre à fécondés, obfervée au
commencement & à la fin, me donne le tems qui a été néceffaire
pour l’évaporation de ma mefure d’éther.
§. 306 §. R i fuit a t s d’expériences faites à différentes hauteurs pour mefurer la
yîttffe de tévaporation d’une certaine quantité d’éther.
Notn du lieu. Hauteur du
Baromètre
Thermomet. Hygromètre. Durée de l’évaporation.
Arles en
Provence. 28 p. 1 1. 12,1. 70,0. i is "
Mont‘ Cenis. 22 p. 2 \. 8,2. 92. 5. 8’ 21"
Col du Géant 18 p 11 1 8,4- 8 i,} . n ’ 20"
Roc/ieMithel
au dejfus du
18 P S 1 4,0. 89,0.
Mont-Cents.
11 f 4ç A
L ’in s p e c t i o n réfléchie de ces réfultats fuffit pour faire voir que
leur accord n’eft pas luffiiànt pour les rendre fufceptibles de calcul. Il
eft vraifemblable que, malgré.les foins que je prends pour écarter l’humidité
de l’air, il s'en mêle encore avec lether afTez pour troubler
fon évaporation. Cependant, lorfque je répétais l’expérience dans le
même lieu , ce que j ’ai fait fouvent jufqu'à trois fois de fuite, je ne
trouvois que de très-petites différences, quelquefois même abfoluroent
aucune ; & c’eft ce qui m’avoit encouragé à continuer. Ce n’eft qu’en
M m 3