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 C  H  A  P  I  T  R  E  v. 
 V O Y A G E   A U   P I C - B L A N C ;   F O R M E   E T   
 S I T U A T I O N   D U   M O N T - R O S E . 
 Pâturages  §.  2134.  L a   pluie  qui  tomba  prefque  fans  interruption,  pendant  
 peutram.  notre  féj ° Ur  ® Macugnaga,  nous  contraria beaucoup dans  nos  projets; 
 per.  nous  profitâmes  cependant  d’un  intervalle  de  beau  tems  pour  faire 
 une  courte  dont  je  vais  rendre  compte.  Les  hautes  cimes  du  Mont»  
 Roie- font  efcarpces  &  inaceeffibles  du  côté  de  Macugnaga ;  mais  on 
 peut  atteindre  une  de  fcs  hauteurs  moyennes  qui  eft  fituée  au  midi 
 du  village.  On  voit,  linon  de  Macugnaga; même,  du  moins  du  Pezzetta  
 y \e  dernier  hameau  de  la  paroiffe  au  couchant,  la  cime  neigée  
 de  cette  montagne,  qui  fe  nomme  Pizzi  Bianco ,  ou  le  Pic-Blanc.  
 Un  chalfeur  de  chamois , J.  R Jachetti,  offrit de nous  fervir  de guide,  
 &  nous  fûmes  très-contents  de  lui.  Nous  partîmes  de  Macugnaga  le  
 30.Juillet,  &  nous  allâmes  camper  dans  des  prairies  fituées  au-deffus  
 des  chalets  de  l’Alpe  ( 1 J di  Pedriolb.  Il  n’y  a  que  trois  heures  de  
 marche  de  Macugnaga  jufqu’à  ces  prairies;  on  peut  en  faire  deux  à  
 mulet;  mais  il  faut  faire  à  pied  quelques  pentes  un  peu  roides,  &  
 le  paffage  d’un  glacier  qui  a  un  bon  quart  de  lieue  de  largeur. 
 Mefuredii  §.  H 35*  C o m m e   nous  étions  arrivés  de  bonne-heure,  nous  em»  
 flont-Rofe ployâmes  le  rette  de  la  journée  à  choifir  &  à mefurer  une  baie,  pour  
 prendre  la  hauteur  de  deux  des  fommets  du  Mont-Rofe  qui  nous  
 parurent,  &  que  notre  guide  nous  affura  être  les plus  élevés.  Il  nous 
 ( l ì   Le  mot  Alpe  a  conferve  dans  ce  pays-là,  comme  dans  la  Suifle  allemande,  G>  
 ignification celtique &  originaire ;  il  iigniüe  un  pâturage  de montagne. 
 L E   P  1  C -B   L  À  N  C,  CUP.  P.  
 fut  impoflible  de  trouver  une  bafe  plus  grande  que  de  781  pieds;  
 mais  elle  étoit  bien  fituée  &  allez  voifine  du  Mont-Rofe,  pour  être  
 vue  de  fa  cime  fous  un  angle  de  2°,  45',  je";  angle  qui,  avec  nos  
 inttruments,  ne  permet  une  erreur  que  de  quelques  toifes.  Des  deux  
 cimes  que  nous  mefurâmes,  la  plus  haute  fe  trouve  élevée  de  134}  
 toiles  au - deffus  du  milieu  de  la  bafe,  &  l’autre  de  1312.  Or,  par  
 robfervation  du  baromètre,  calculée  comme  je  l’ai  dit,  la  hauteur  
 moyenne  de  notre  bafe  eft  de  1087  toifes  au-deffus  de  la  mer;  ce  
 qui  donne  2430  toifes- pour la  hauteur de  la  cime  la plus  élevée  ( 2 ) , 
 &  2398  pour  la  fécondé. 
 Il  réfulte  delà,  que  la  plus  haute  cime  du  Mont-Rofe  n’eft  inférieure  
 que  de  20  toifes  à  celles  du  Mont-Blanc,  &  qu’ainfi  c’eft  la  
 fécondé  en  hauteur  des  montagnes  mefurées  jufqu’à  ce  jour  dans  
 l’ancien  continent. 
 §•  2136.  Nous  palfâmes  la  nuit  fous  nos  tentes  dans  un  fite  vjçai-Belle  lîtn*.  
 ment  délicieux. Nous  étions  campés dans  une  prairie  tapiffée  du gazon tt0" m ces ■  crames ferré  des  hautes  Alpes,  émaillé  des  plus  belles  fleurs.  Ces  prairies 
 étoient  terminées  par  les  glaciers  &  les  rochers  du  Mont-Rofe,  dont 
 les hautes  cimes fe découpoient magnifiquement contre la  voûte  azurée 
 du  ciel.  Près  de  nos  tentes  couloit  un ruiiTeau de  l’eau  la  plus fraîche 
 &  la  plus  claire.  De  fautre  côté  étoit  un  rocher  concave,  à  Pabri 
 duquel  nous  brûlions  des  rhododendron,  le  feul  bois  qui  crût à  cette 
 Taurinenfis, §.  340,  donne au MontRofe  
 une hauteur  de  2212  toifes  au-deffus de  
 l’obfervatoire de Turin ,  ce qui  feroit envi-  
 ion  2540 toifes au-deffus  de  la mer. Notre  
 mefure  lut  donne  donc  90  toifes  dé plus;  
 mais  il  faut  obferver que  le  Pere Béccaria  
 n’avoit mefuré  lui-même que  l’angle  fous  
 lequel il voyoit la cime de 1 obfervatoire, & 
 que, pour  la dîftance,  il  s’en  rapporte  en*  
 tiérementaux  cartes géographiques. Or, on  
 fait que les géographes pofent ordinairement  
 fort au hafard les cimes des montagnes inac*  
 ceflibl'es ; il  eft donc bien vraifemblable que  
 la différence de nos mefures découle de cette  
 fource;  une erreur d’un vingt-quatrieme ou  
 d’un  vingt-cinquieme,  dans la   diftance  de  
 Turin au Mont-Rofe, fuffitpour l ’expliquer*