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des alternatives dans la force du vent, & fur-tout dans celle des vents
orageux ; mais dans les moments où leur intenfité diminue, elle con-
ferve toujours la moitié ou au moins le tiers de fa force, comme je
l’ai fouvent obfervé à l’aide de mon nouvel amnéometre, au lieu que
fur les hautes montagnes elle eft abfolument nulle dans les intervalles.
Voici je crois la raifon de cette différence. Si l’on obferve une
girouette bien lufpendue, on verra, fur-tout pendant l’orage, qu’elle
ne conferve pas conftamment la même direélion ; & qu’au contraire,
d’un moment à l’autre, fa direélion change de 30 à 40 degrés, ce
qui prouve des variations confidérables dans ¡la direélion du vent. Il
fuit de-là que fi l'on occupe un pofte dominé par des hauteurs, comme
par la cime du Géant, ou par quelques cimes plus élevées, il doit
néceffairement arriver que le vent. en changeant de direélion , fouffle
par intervalles dans celle de quelqu une des cimes qui tiennent ce pofte
à l’abri ; alors le calme y regne, mais enfuite lorfque Cette direélion
change, on eft expofé à toute la violence du vent direét, & même
il s’y joint fouvent des vents réfléchis, qui produifent des tourbillons
ou des coups d’une extrême violence. Dans les plaines, au contraire,
lès changements de direélion du vent & les intervalles de les ondulations
produifent bien quelques relâches , mais jamais de calme parfait.
D e même & par les mêmes cames, on éprouve dans les villes, fous
des édifices élevés, à Geneve, par exemple, au pied des tours de le-
glife de St. Pierre, des alternatives de coups de vent, de calme & de
tourbillons que l'on ne reffent jamais en rafe campagne.
Fréquen- §. 2075- Un fait bien remarquable, c’eft la fréquence de la grêle ou
*^êle * “ oins du grefil dans ces hautes régions. Dans nos 140 obfervations
prifes de deux en deux heures, j’en compte une de grêle proprement
dite, & onze de grefil. O r , je penfe, avec la plupart des phy-
ficiens, qu il faut confidérer le grefil comme une grêle qui commence
• à fe former. En effet, il eft auflî très-fouvent accompagné de tan-
»erres , & l’on trouve prefque toujours dans chaque grain de grêle
N U A G E S E T O R A G E S , Chap. I X . 28;
Tin noyau de neige durcie qui n’eft autre chofe qu’un grain de grefil. ;
Jaques Ba lmat effuya une violente grêle dans la nuit qu’il paffa un peu
aù-deffous de la cime du Mont-Blanc; & M. le Doéteur P a c a r b
trouva des gréions dans la neige qui recouvre la cime même de cette
montagne. Ceux que j’ai obfervés au Col du Géant étoient plus petits,
communément comme des grains de chenevis ou de petits pois , &
fouvent couverts de petits mammelons arrondis. Il eft donc certain
que le grefil fe forme dans les plus hautes régions de l’atmofphere, &
qu’il ne fe change en grêle que quand il traverfe d’abord des couches
d’air affez chaudes pour contenir de l’eau fous forme fluide, & enfuite
d’autres couches affez froides pour congeler cette eau.
§. 207g. Mon fils fit avec beaucoup de foin les expériences eudio- Eudiome.
métriques. 11 avoit porté à Chamouni des flacons de cryftal remplis re‘
d’air de Geneve, & il compara cet air à Chamouni avec celui de
Chamouni même, & les trouva à très-peu près égaux en bonté.
Enfuite il porta, dans les mêmes flacons, de l’air de Chamouni fur
le Col du Géant. Là, il mefura une mefure de chacun de ces deux
airs avec une mefure de gaz nitreux; & après avoir répété quatre
fois cette même expérience, il trouva pour l’air du Col les deux
riiefures réduites à 0,97; 0,975; 0,98; 097; moyenne 0,9737s. Et
pour l’air de Chamouni 0,99; 0,98’; 0,99; 0,985-; moyenne 0,98625.
C ette épreuve prouve que l’air de Chamouni, de même que
celui de Geneve, étoit plus pur, ou que du moins ils c’ontenoient
0,0125 d’oxigene de plus que l’air du Col du Géant.
J’essayai auffi comparativement l’abforption de l’oxigene par le foie
ou le fulfate de foufre ; mais je n’obtins point, en diverfes épreuves,
la même parité qu’avec le gaz nitreux ; enforte que je n’ai pas dans
ces épreuves affez de confiance pour les rapporter.
§. 2077. Nous répétâmes l’expérience de l’eau de chaux & de la Eau de
potaffe cauftique, comme je les avois faites fur le Mont - Blanc, *
§.' 2010, & nous eûmes précifément les mêmes réfultats, qui prou- sauftique.