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 renfermée  par  des  montagnes  qui  forment une  enceinte  demi-circulaire. 
   D’après  l’obfervation  du  baromètre,  la  place  devant  l’Eglife,  
 où  eft  l’auberge  dans  laquelle  nous  dinâmes,  eft  élevée  de  795  toiles  
 au-deffus  de  la  mer. 
 De Val-  §.  2258.  A  une  bonne  demi-lieue  de  Val-Tornanche,  on  paOTe  un  
 Tomanche  t   de  pierre>  en  entrant  dans  la  gorge  demi-circulaire  dont  je 
 au Ereuil.  r   r 
 viens  de, parler. 
 On  voit  dans  cette  gorge  que  les  montagnes  qui  forment  cette  
 enceinte  font  d'une  ferpentine  demi-dure..$11  fortant  de  la  gorge,  
 on  voit  une  belle  chûte  &  un  engouffrement  du  torrent  du  Mont-  
 Cervin,  qui  fe  perd  enfuite  fous  des'rocs.  On  entre  de  là  dans  une  
 autre  petite ; enceinte,  dont  le  fend  plat  eft  une  belle  prairie  que  
 traverfe  le  ruiiïèau  du  JVIont-Cervin  ,  avec un  chalet &  des ..troupeaux  
 fur  fes  bords,  &  une  chapelle dans le haut,  fituatjon  vraiment  romantique. 
   Toute  l’enceinte  eft  formée par  des  rocs  d’une  ferpentine  dont  
 les  couches  font peu  inclinées,  taillées prefqu’à  pic,  &  dont  les  faces  
 font  teintes  de  rouge  par  la  décomposition  de  la  pierre,  de  gris  ou  
 de  blanc  par  des  veines  accidentelles,  &  de  noir  par  les  lichens.  Le  
 fond  de  la  caiïure  fraîche  eft  généralement  verd.  On  fort  de  cette  
 enceinte par  une montée rapide, toujours  dans  les mêmes  ferpentines. 
 D e   L à ,  dans  une  heure',  on  vient  aux  chalets  du  Breuil,  élevés  
 de  1C27  toifes.par  des prairies marécageufes  peu  inclinées,  en  fuivant  
 le  ruiffeau  du Mont-Cervin,  &  en  laiffatit de  l’autre  côté,  ou  à notre  
 droite, des roches oùl’on voit beaucoup de dolomies blanches & grenuet. 
 Nous  retrouvâmes  au  Breuil  notre  bon hôte Erin; niais  notre petite  
 & njauvaife chambre fans lit &  fans fenêtre,  une cuifine  fans  chemînéê,  
 &  toutes  les  privations  &  les  petites  fouffrances  dont  l’accumulation  
 ne  laiiTe  pas  que  de  caufer  beaucoup  d’ennui. 
 Du Breail-  J §. 'ÿtgi.  Nous  envoyâmes de  bon  matin  Marie Coutet ,  avec  trois 
 au  Col du  ihommés'  du  Bteuil,’Mous  préparer,  far le  haut  du  Col,  un domicile  
 Cervin.  ,  qui, 
 DE  CHAT1LLON  AU  COL  DU MONT-CERVIN.  409  
 qui,  malgré  leurs  foins,  devoit  être  encore  moins  commode  que  
 celui  du  Breuil;  &  pour  leur  laiffer  le  tems  de  le  préparer,  nous ne  
 partîmes  que  vers  les  neuf  heures. 
 On  monte  d’abord  par des  pentes  herbées,  inégales,  parfemées  de  
 fragments de gneifs à gros  grains de feldfpath;  fouvent  arrondis  comme  
 ceux  du  §.  1195,  quelquefois  mêlés  de  grenats;  quelques  fragments,  
 mais  en  petit  nombre  de  ferpentine,  &  plufieurs  de  calcaire  grenue  
 à  grains  très-fins;  on  en  voit  même  de  bleuâtres,  dont  la  nature  
 grenue  peut-être  révoquée  en  doute. 
 Nous  mimes  ainfi  trois  heures  jufqu’à  l’entrée  du  glacier,  obligés  
 fouvent  de  mettre  pied  à  terre,  foit  pour  traverfer  des  plateaux  de  
 neiges  tendres  où  nos  mulets  s’enfonçoient,  foit  pour  les  foulager  
 dans  des  pentes  dangereufes  par  leur  rapidité. 
 En  faifant cette  route, nous  côtoyâmes,  à  notre gauche  , une  chaîne  
 de  rochers,  dont  les  couches  à-peu-près  horizontales  étoient  prefque  
 toutes  de  calcaires  grenues,  plus  ou  moins  micacées,  entremêlées  
 de  couches  de gneifs,  &  entr autres  d’une  efpece  particulière  de  cette  
 roche  que  je  décrirai  plus  bas.  Quant  au  paffage  même  du  glacier ,  
 on  peut  en  voir  la  defcription,  de  même  que  celle  du  Col  auquel  il  
 aboutit,  à  la  fin  du  précédent  voyage,  §.  2220. 
 Nous  ne  rencontrâmes  pas .dans  ce  palfage  d’autres  difficulté*  que  
 dans  le  précédent  voyage;  mais  un  homme  que  nous  avions  mené  
 avec  nous,  nous  donna  une  fcene  allez  finguliere.  C’étoit  un  payiàn  
 Savoyard,  notre  voifin  de  campagne.  Cet  homme  ayant  beaucoup  
 entendu  parler  de  nos  voyages  dans  les  glaciers  &  fur  tes  haute*  
 montagnes,  étoit  curieux  d’en  voir  quelqu’une ;  il  fupplia  mon  fil*  
 de  le  mener avec  nous  dans  ce  voyage.  Nous  le  eonnoiffions  comme  
 adroit,  robufte,  &  très-habitué  à  grimper  1«  montagnes  de  nos  
 environs,  où  il  alloit  chercher  des  plantes  enracinées  &  des  arbuftes  
 pour  les  amateurs,  &  ainfi  nous  ne  fîmes  aucune  difficulté  de  le  
 prendre.  Il  fupporta  très-bien  la  fatigue  du  voyage,  quoique  toujours  
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