O n pourrait faire fur ce tableau diverfes obfervations importantes.'
Je me bornerai aux principales. On voit d’abord que fur les hautes montagnes
comme dans les plaines & dans les vallées, lemomentle plus froid
en été eft4 heures du matiii, ou à-peu-près celui du lever du foleil ;
& qu’au Col du Géant comme à Geneve, le moment le plus chaud eft
à i heures après-midi; mais qu’à Chamouni c’eft à midi ; la reverbération
des montagnes produit fans doute cette différence. Au refte, il y a
lieu dé croire que fi l’on avoit obfervé de quart en quart-d’heure, le
moment le plus chaud fe feroit trouvé à Geneve & au Col du Géant
entre i & a heures, Sc à Chamouni entre midi & une heure.
On voit enfuite que le foleil agit avec beaucoup moins de force dans
les lieux élevés ; puifque la différence entre le moment le plus chaud
& le moment le. plus froid y eft beaucoup moins grande.
Voici cette différence dans les trois ftations.
Au Col du Géant 4,257 degrés.
A Chamouni . . . 10,092 A Geneve . . . . 1.1,035
E t de même, il y a lieu de croire que la différence entre l’été &
l’hiver eft fur les montagnes moins grande que dans les plaines.
O n voit encore, qu’en été, les heures dont la chaleur approche
le plus de la chaleur moyenne de toute la journée , font :
Sur le Col du Géant, un peu après 6 heures du matin, & entre 6
& 7 heures du foir.
A Chamouni, un peu avant 8 heures du matin, & vers les 8 heures
du foir.
| A Geneve, vers les 9 heures du matin, & vers les 7 heures du foir.
I l eft auffi curieux d’obferver, que la température de la première
moitié de juillet a été fur le Col du Géant à très-peu près la même que
celle du mois de janvier 17»g, à Geneve. Voyez h 1V°. 36 du Jour-
pal de Geneve, année 17 88.
J ’ o b s e r v e r a i enfin que, d’après ce tableau, on pourra calculer la
température de l'air à différentes-hauteurs, pour en conclure fa den-
fité, & par cela même les retraitions avec plus de certitude qu’on
ne l’a fait jufqu’à préfent. L’un des célebr-es aftronomes de Milan ,
M. Q r i a n i , a donné dans les Opufcules aftronomiques de Milan pour
l’année 1787 , un mémoire très-intéreffant fur les réfra&ions. Mais il
paroit qu il a pris pour bafe de quelques-uns de fes calculs des expériences
qui ne donnent pas une affez grande différence entre la chaleur
des plaines & celle des montagnes. Il a auffi füppofé avec
E u l f r que la chaleur de l’air , à mefùre qu’il s’éloigne de la furface de
la terre,, décroît en progreffion harmonique. O r , cette chaleur paraît
décroître dans une progreffion plus rapide, Sc qui approche beaucoup
de la progreffion .arithmétique. Je crois que d’on s’écartera très-peu du
réfultat direct des obfervations, fi l’on fuppofe que la chaleur moyenne,
du moins en été & fous notre climat, décroît d’un degré de Réaumur
pour chaque centaine de toifes dont on s’élève au-deffus des plaines. En
effet, on voit que la chaleur moyenne de l’air à I’Obfervatoire de Geneve
a été 17,285, tandis qu’au Col du Géant elle étoit 2,021, ce qui
donne une différence de 15,264. O r ,c e Col eft élevé au-deffus de ce
même Obfervatoire de 15,55 centaines de toifes. De même la chaleur
moyenne à Chamouni a été 14,363, qui retranchés de 17,285, température
de l’Obfervatoire, donnent 2,902. Ô r , Chamouni étant élevé
de 332 toifes au-deffus de l’Qbférvatoire, on devrait trouver dans la
chaleur une différence de 3,320 àü lieu de 2,902; mais cette différence
dé 4 dixièmes de degrés vient' ‘fûferiiént de ce que le Prieuré de Cha-
moüni, renfermé dans une vallée & fitüë air pied d’une montagne expo-
fée au Midi., jouit d’une température plus phaude que ne le ferait celle
d’une montagne ifolée de la même élévation. Ce rapport entre l’élévation
& la température dé l’air fe rapproche auffi beaucoup de celui que
me donna l’année dernierë mon obfèrvaiion fur la cime dü Mont-Blanc;
En effet, j’obfervai fé thermomètre à—2,3, tandis qu’if étoit à Geneve
à ’22,6; ce qui fait une différence cfè 24,9. Or , le Mont-Blanc eft élève
aU-deffus dé Geneve de 2257 toiféi. La progreffion du froid fut donc
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