j g 4 M O N T - R O S E.
f'itl-Sejia-Piccola : ellcMi’a cependant que î+6 toifes au-deffus de la mer,
& elle eft ainfî de 4*8 toifes plus baffe que le haut du col de l’Egua,
De Car-
cofaro à
Guaïfora.
§. 2149. Le 6 nous defcendîmes en 4 heures J de Carcofaro à Guaï-
fora, village qui n’eft élevé que de 291 toifes. Le chemin eft partout
affez beau , dans le fond d’une vallée étroite , généralement dirigée
au Sud-Sud-Eft, & où les angles rentrants correfpondants aux
angles faillànts font très-marqués. Auffi cette vallée doit-elle être con-
fidéree comme tranfverfalc ; elle coupe à-peu-près à angles droits les
couches des.rochers , comme le fait auffi la Sermente qui Parrofe. Ces
couches font d’abord quartzeufes ; puis elles fe changent en beaux
granits veinés. Ces différentes couches commencent par être peu inclinées
, mais en s’éloignant de Carcofaro, les granits veinés deviennent
verticaux, Sc à une lieue' | de ce village, ils font très-remarquables
par la différente couleur des couches contiguës, dont les unes font
d’un gris prefque blanc, les autres d’un gris prefque noir ; ce qui
donne à ces rochers coupés à angles droits par la riviere l’apparence
d’une étoffe rayée. On en voit même qui ont des veines en zigzag
entièrement repliées fur elles-mêmes , & qui font renfermées entre des
couches planes & parallèles. J’ai obfervé le même phénomène au St.
Gothard , §. 1802. Mais un peu plus loin, avant d’arriver à Rimufco,
qui n’eft qu’à demi-lieue de là , les couches, quoique toujours verticales,
fe trouvent dirigées comme la vallée, & alors on ne voit plus
leur coupe.
En général, fur cette route, la fituation des couches eft très-variable,
& à demi-lieue au-delà de Rimafco, les couches deviennent peu
inclinées, & même vis-à-vis de Fervento & de Piegioma, on les voit
horizontales depuis le fond de la vallée jufques à la cime de la montagne.
Nous arrivâmes vers le midi au village de Bucçioletto ; notre projet
étoit .de nous y arrêter , & de .laiffer repofer nos mulets défolés par
les mouches & haraffés par la chaleur, qui étoit infupportable dans
VOYAGE AUTOUR DU MONT-ROSE, Ch,p. VI.
le fond de cette étroite vallée; mais: Paubergifte,’ Punique du villagl,
étojt fur la montagne; nous pouvions avoir un afyle chez le cure *
mais il nous affommait tellement de queftions, au lieu de répondre5
à: celles que les befoins du moment nous fuggéroient, que je pouffai
mon mulet en avant , & que nous allâmes unelieüe plus loin , à Guaïfora
, petit village où nous trouvâmes de pauvres, mais très - bonnes
gens qui nous reçurent de leur mieux.
2150. E n partant de Guaïfora, on eft obligé de revenir fur fes
pas pour paffer la Sermente, qui va un peu plus bas fe jeter dans 1*
Sefia. Paffé le pont, on fe trouve à Balmuccia dans le Fal-Sefia Grande,
*mfi nommé par oppofition avec le Fal-Stjia-Piccola, que nous avions
fui.vi depuis Carcofaro, Le Val-Grande eft arrofé par la Sefia , & a fa
direction , du moins auprès de fon entrée, à l’Oueft-Sud-Oueft,
prefqu’à angles droits de Val Piccola.
A un petit quart de lieue de Balmuccia, la vallée eft barrée par un
grand rocher dé gneifs, qui occupe prefque toute fa largeur. Mais au*,
delà de ce rocher, elle eft affez large; fon fond plat,eft prefqu’entic-
rement couvert de chanvre, qui paroît la feule culture en ufage dans
le bas de cette vallee, d’ailleurs jolie Si très-peuplée. Dans une heure |
de route depuis Guaïfora , nous vînmes à Scopel ( Scopello ) & nous y
couchâmes pour aller voir les fonderies.de cuivre, dont nous devions le
lendemain vifiter la mine à Allagne, à quatre lieues au-deffus.de Scopel.
C e t t e fonderie appartient au Roi, mais il en a cédé l’ulàge, de même
que celui de tous les bâtiments, qui font confidérables, à une compagnie
de particuliers de Vazal, moyennant une redevance annuelle, qu’on
dit etre la dixième du produit net. On donne à Allagne, auprès de la
mine, le premier grillage aux parties de minèrai qui n’ont pasbefoin
d’être bocardées ni lavéeS ,' mais on porte à Sêopel, ce qu’ifs appellent
le fable, fabbia , ou la minëbôcardée & lavée. On mêle ce fable avec
de la châüx , & On en forme une pâte que l’on crible de trous, d’un à
deux pouces de diametre, pour donner paffage à la flamme, à la fumée &
De Guaïfora
à Sca-
pel.