C A I L L O U X R O U L É S
Calcaires. 195'S- La clafle des pierres calcaires préfente différentes variétés,
fur-tout pour lés couleurs ; mais quant à la caffure, je n’en ai ren-
contré que de compatîtes;
Veftige» S- 19 f 9- On trouve dans ces pierres calcaires quelques veftiges de
or aC°f[,* corPs organifés, & en particulier de madrépores,
madrepore*
M ais la pi iis remarquable dans ce genre contient des lenticulaires,
l*irc»ntlCU" tûme °b- XVIII, d’une grandeur peu commune ; elles ont jufqu’à
un pouce de diametre, & ce qui eft encore plus rare que leur taille,
c’eft qu’elles font renfermées , non dans une pierre calcaire, mais dans
une argillolite. Cette pierre eft là d’un gris brun, prefque noir, demi
dure, à caffure terreufe & groffiere. Elle fait avec l’acide nitreux une
effervefcence, à la fuite de laquelle les lenticulaires difparbiffent & ne
laiffent que le vuide de la place qu’elles occupoient. On diftingue
auffi dans la pâte de la pierre quelques petits trous de formes irrégulières
, qu’occupoit auparavant une matière calcaire ; mais la déperdition
de eette matière ne paroît’ point avoir diminué la confiftance
de cette pâte. O r , il n’eft pas commun de trouver des corps marins
renfermés dans des maffes qui contiennent une auffi grande quantité
d’argiîle.
C omme je n’ai trouvé fur les bords des deux Emmes qu’un feul
morceau de ce genre, & qu’ils fe trouvent beaucoup plus fréquents
dans les environs de Zurich , il paroît que leur origine eft du côte
du Nord, & non point dans les fources de l’Emme.
Boute fur §. j^go. Ji porterai le même jugement fur les autres cailloux que
sei'^cail-^ l ° n trouve fur les bords de ces deux rivières ; il neft nullement
Io u ï . vraifemblable qu’ils viennent des montagnes de l’Entlibuch ou elles
ont leurs fources ; il paroît au contraire qu’ils viennent de pays fi tués
plus au Nord ; & les lenticulaires du paragraphe précédent en four-
niffent déjà un commencement de preuve. Mais je puis ajouter, que
j ’ai trouvé entre Zurich Si NVintcrthur , & meme de 1 autre côte du
D E S ï> E U X E M M E S , Chap; XXIV. r g y
Rhin , entre Schaffoufe & Bâle , plufieurs variétés de variolites parfaitement
femblables à celles des deux Emmes, tandis que l'on allure
n’avoir trouvé le pays natal de ces pierres dans aucune montagne
de la Suiffe : Description de Ut Suiffe par ordre alphabétique, au mot
Enime, 'article de M. tv'r iten b a ch .
Il paroît que la grande débâcle qu’a produit la retraite générale
des eaux du grand Océan, a dirigé fon cours du Nord au Midi dans
cette partie de l’Europe , & que c’eft dans cette direction, combinée
avec celle que déterminoient les pentes des hautes montagnes, qu’il
faut chercher l’origine des cailloux que l’on rencontre dans les plaines
de la Suiife , lors au moins que cette diredion n’eft pas barrée par
quelque haute montagne , dont la formation foit antérieure à celle de
la débâcle,
§. 1961. Il y a donc, comme je le difois au commencement de
ce chapitre, des réfultats bien intéreffants à tirer de la confidération
des caiiioux roulés. Ceux de l’Emme , par exemple , m’ont àppris
que la grande débâcle n’a charrié dans le baffin du lac de Geneve
aucun oailiou des pays an Nord du Jorat ,' ou de cette montagne
qui barre le baffin au Nord de Vevey & de Laufanne. En effet, on
ne trouve dans ce baffin aucune , ou du moins très - rarement, des
argillolites ou des variolites que j’ai décrites dans ce chapitre, & qui
font fi fréquentes au Nord de la ville de Berne.
Je foupçonnerois même que ces pierres ne font defeendues que
juL|ues à la latitude de cette ville, au moins n’en a i-je vu qu’une
feule plus au Midi. Cependant , quoique j’aie fouvent traverfé ce
pays, je ne l’ai pas obfervé avec affez de foin pour déterminer avec
certitude les limites des foffiles qu’il renferme.
Réfultat
de ces ob-
fetvations.
Ces mêmes confidérations nous apprennent, que puifque ce n’eft
pas au Nord du Jorat que nous devons chercher les fources des