Con (1 deration
de
théorie.
Latitude
du Col du
M. Cervin.
4t+ M O N T . C E R V 1 ff.
O n voit un beau glacier fufpendu ou appliqué contre le pied du
Mont-Cervin, & on enîvoit encore trois autres dans les interftices
des hautes cimes, fituées au Nord-Eft du Mont-Cervin, dans la direction
qui tend à la vallée du Rhône en Vallais.
§. 2244. Q u e l q u e partifan que je fois de la cryftallifation, 9 me
paroît impoffible de croire qu’un pareil obélifque foit fo'rti, fous cette
forme des mains de la nature, avec fes couches coupées abrupte-
ment fur fes flancs ; car ce n’eft point là un cryftal ou une pierre
unique, ce font des affemblages de couches fuperpofées & de nature
très - différentes.
Q u e l l e force n’a-t-il pas fallu pour rompre & pour balayer tout
ce qui manque à cette pyramide ; car on ne voit autour d’elle aucun
entalfement de fragments ; on n’y voit que d’autres cimes, qui font
elles-mêmes adhérentes au fol & dont les flancs également déchirés
indiquent d’immenfes débris, dont l’on ne voit aucune trace dans le
voifinage. Sans doute ce font ces débris qui, fous la forme de cailloux,
de blocs & de fable, rempliffent nos vallées & nos badins où ils
font defçendus, les uns par le Vallais, les autres par la vallée d’Aofte
du côté de la Lombardie.
§. 2243. M on! fils remonta avant moi fur le Col où étoient nos
tentes, pour en prendre la latitude, pendant que j’obfervai le baromètre
aux deux extrémités de notre bafe. Il trouva la latitude d e .,..
& je trouvai nos tentes élevées de 33 toifes au-deiTus de notre bafe.
Je ne fus de retour qu’à midi, extrêmement fatigué de ces cinq heures
de travail fur cette chaude & brillante neige. Je dis chaude; car
quoiqu’elle fut certainement à zéro, & qu’un petit thermomètre de
mercure à boule nue, expofé à l’air au foleil, ne montât qu’à fix degrés &
demi; cependant un corps volumineux, comme celui d’un homme;
y contractent une chaleur très | incommode. Je fus obligé de changer
de linge en arrivant dans notre tente.
C H A P I T R E VI.
C I M E D U B R E I T - H O R N .
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§. 2246. N o u s avions à l’Eft-Sud-Eft de notre pofte, fur le Col situation
du Mont-Cervin, une cime plus élevée qui paroiffoit acceflïble, & de cette
que les gens de Zer-Matt nous difent s’appeller le Breit'-Horn oucime‘
Large-Corne; non que cette dénomination foit propre feulement à
la cime que nous atteignîmes, mais qu’elle porte en commun avec
toute une chaîne qui fe préfente en face au Sud-Oueft aux voyageurs
qui, de Zer-Matt en Vallais, vont dans la vallée d’Aofte. La cime
fur laquelle nous allâmes, forme l’extrémité occidentale de cette chaîne.
§. 2247. L e 13 Août, après avoir attendu avec beaucoup d’impa-Rûutepour
tience la fin du dejeuner de nos guides, nous partîmes vers les fept y aller,
heures. Au refte, nous aurions pu nous paffer de leur direction ; car
aucun d’eux , ni même aucun mortel, à ce qu’ils croyoient, n’étoient
jamais monté fur cette cime; mais on voyoit fi bien la route qu’il
falloit fuivre, qu’il n’y avoit pas à héfiter. La feule chofe que l’on
pût craindre, c’étoient des crevaffes cachées fous des neiges fur
lefquelles nous devions toujours marcher ; mais nous efpérions les
éviter en paffant toujours au plus loin de leurs indices, que l’on
appercevoit à la furface.
Nous defcendîmes d’abord du Col du Mont-Cervin fur le glacier
de Zer-Matt, puis nous tirâmes au Sud-Oueft vers le haut de ce
glacier, & ainfi par une pente douce, toujours fur la neige, nous
gagnâmes le haut d’une arrête qui termine ce glacier, & d’où nous
ïurioriKpu découvrir une vafte enceinte de montagnes, fi des nuées