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Q uant à leur nature, on ne voit que des gneifs, des granits
veinés & d’autres roches feuilletées, depuis le lac Majeur jufques un
peu au-delfous de l’Hofpioe des Capucins ; mais depuis là, & fur toute
la crête, ce font des granits en maifc, mélangés pourtant de couches
& d’indices de roches feuilletées.
Et c’eit là une des obfervations les plus importantes que préfente
cette montagne , ce font les alternatives fréquentes & les tranütions
nuancées des granits veinés aux granits en maffe, q u i, jointes à la
fimilitude d’inclinaifon & d’allure de leurs diviiions, ne permettent pas
de douter que leur origine ne foit la même, que ces roches ne lolent
également ftratifiées, & qu’il n’exifte des granits veinés aiiffi anciens
que les granits en maffe , quoi qu’en thèl’e générale, il foit vrai que
les gneifs font plus modernes que les granits.
ftltorf, §. i8gj. A l t o r f , qui porte auffi le nom d’U r i, n’eft élevé que
de 24 toifes au-deffus du lac de Lucerne ; c’eft le chef-lieu du Canton
d’Uri. ( 1 ) On eft faili d’une émotion profonde, lorfqu’on voit dans
( 1 ) Le peuple du Canton d’Uri s’eft
toujours diftingué par la doueeur de fes
moeurs , & par la modération qu’il a mife
dans l’exercice de fa fouveraineté. Il ne
s’eft jamais rendu coupable des excès de
defpotifme démocratique que l’on peut reprocher
à d’autres peuples. Un de fes ma-
giftrats me citoit un trait peu connu , &
qui fait un grand honneur à la probité de
ce peuple. Comme il n’y a aucun commerce
dans ce Canton, & que l’on n’aime pas à
voir accaparer de grandes pofleflions ; ceux
qui ont de la fortune ne peuvent faire valoir
leur bien qu’en prêtant de l ’argent aux
J3ay&us,qui l ’emploient à-bonifier leurs
I fonds, & qui en payent l'intérêt au ç pour
cent ; ainfi les payfans font prefque tous débiteurs
des gens aifés. Un de ces débiteurs
imagina un jour de fe libérer par une fub-
tilité théologique ; fachant que l ’ufure &
même tout prêt à intérêt eft prohibé par l’E-
glife ; il pretèndit faire envifager les intérêts
payés comme des fommes avancées à compte
du capital. Or , fuivant les loix du pays,
l ’aflemblée générale du peuple délibéré &
décide fouverainement fur toute propofi-
tion qui lui eft préfentée par fept de fes
membres. Cet homme réunit donc flx débiteurs
, qui,'conjointement avec lu i, préfen-
terçnt fa proportion. Suivant eux, tout
A A L T O R F , €h«p. XXI .
ce village & dans fes environs, répéter par tout les monuments de la
liberté Helvétique. Ici, ce font les ftatues des fondateurs de cette liberté :
là, une chapelle érigée en reconnoiffauce de quelqu’un de leurs fuceès ;
plus loin , des peintures à frefque, qui repréfentent quelqu’une de leurs
belles adions. Ces hommes vraiment grands , refpedables par leur
généralité, par leurs moeurs, leur religion , comme par leur courage
indomptable, ont imprimé dans tous les coeurs des fentiments ineffaçables
de vénération & de reconnoiffauce ; les payfans parlent d’eux
comme d’êtres fupérieurs à l’humanité ; mais c’eft en rapportant toujours
à l’Etre fupréme la fource & le bienfait de leur délivrance, qu’ils
racontent avec un enthoufiafme religieux tous les beaux traits de leur
hiftoirc.
§• 1884- J’eus, dès mon premier voyage, en 1774 , le bonheur de
faire à Altorf la connoiflànce de M. le L and-Amman J oseph M u l l e r ,
l’un des magiftrats les plus éloquents & les plus éclairés de la Suiffe.
D epuis mon dernier voyage il avoit pris le goût des cryftaux, & il en
avoit formé une colledion qui étoitune des plus belles de la Suiffe. (2)
Un de fes confrères, M. le L and-Amman F rançois M uller, en a auffi
une colledion, & en fait même commerce- Il rn’en a envoyé de très-
beaux, &à un prix très-modéré, vu fur - tout qu’on y voit de grands
cryftaux parallélipédes rhomboïdaux defeldfpath blanc, réunis dans les
mêmes grouppes avec des cryftaux de roche parfaitement tranfparents.
débiteur, qui depuis 20 ans, avoit payé
les intérêts au 5 pour cent, devoit être
cenfé acquitté ; & ceux qui les avoient
payés depuis moins long - tems , devoient
être cenfés avoir diminué au prorata la dette
principale. Ils s’attendoient que comme la
grande pluralité de l’aflèmblée étoit de
[ 2 ] Je mets tout cela au [rafle parce que ■ vient d’être enlevé à fa patrie par une mors
j ’apprends avec bien du regret que cet | prématurée,
humme recommandable à tant d’égards, ,
débiteurs, cette propofition feroit bien
accueillie ; cependant fon injuftice excita
un fçntiment fi v if d’indignation , que ceuri
qui l’avoient portée, furent à l ’inftant même
chaifés ignominieufement de l’aflemblée,
avec défenfe de jamais y reparoitre.
Collection
de
sryftaus.