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 Pyrites.  QcEtQj-'Es-uns  de  ces  granits  paroiffent  cariés,  on  y   voit de petites  
 cavités de  formes  anguleufes  &  irrégulières  ,  remplies  d'une  rouille  ou  
 pouiliere  brune.  En  caOStnt  ces  granits / o n   trouve  dans  leur  intérieur  
 de  petites  pyrites  brunes  &   ternes  au-dehors,  mais  brillantes  &   d’un  
 jaune  très - pâle  au  - dedans  ,  &   .  dont  les  fragments  font  attirables à  
 l ’aimant.  C’eft  de  la  décompofition  de  ces  pyrites  que  réfultent  ces  
 cavités.  Mes  guides  trouvèrent  des  fragments  de  ces  mêmes  granits  ,  
 où  l’on  voit  des^pyrites  cubiques  de.  3  à  4  lignes  d’épaiifeur,  dont  la  
 cafliire  eft  très-brillante  &   d’un jaune  de  laiton  très-vif ;  celles-ci  ne  fe  
 décompofent  pas  à  l’air. 
 •Delghinit*.  O 5  trouve  auffi  dans  ces  rochers  des  quartz  avec  des  veines  &  des  
 nids  de  delphinite  ou  de  fchorl  verddu  Dauphiné;  il  n’eft  queconfu-  
 féfflent  cryftallifé  ,  mais  reconnoilfable  à  fon  bourfouflement  au  chalumeau  
 ,  &  à  la  feorie  noire  &  réfraftaire  dans  laquelle  il fe change. 
 ’Roche  D ans  quelques  endroits  ,  ces  granits  dégénèrent  eu  roches  irrégu-  
 fthifteufe  liérement  fchifteufes,  compofées  de  quartz  &   de  feldfpath, fans mélange  
 de  mica  , &  dont les couches  font féparées  &   enduites  d’une  terre  
 argilleufe, brun de noiiette,  ferrugineufe,  &  qui fe fond en un verre noir. 
 tranitelle.  C es  mêmes rochers  de granit  renferment un filon de  granitelle,  com-  
 pofé  prefqu’en entier  de hornblende  lamelleufe noire &  brillante  ,  &   de  
 feldfpath g r is , translucide,  qui prend au-dehors une  couleur  de  rouille. 
 Palaïo-  Enfin  ,  mes  guides  trouvèrent  encore  dans  ces  mêmes rochers  une  
 petre.  palaïopetre,  ou  pétrofilex  primitif, d’un gris  tirant  un peu  fur le verd ,  
 translucide  à  une  ligne  &  même  à  1  ,  2 ,   écailleux  dans  fa  caffure,  
 dur  ,  parfemé  intérieurement  de  points  d’un  verd  foncé  qui  ne  font  
 gueres  vifibles  qu’à  la  loupe,  &  qui  paroiffent  être  de  ftéatite;  &  auffi  
 de  quelques  points  rares  de  pyrites  ,  qui  en  fe  décompofant  tachent  
 d’une couleur de rouille les environs de la place qu’elles occupoient. Cette  
 pierre  fe fond  au  chalumeau  en  un  verre  blanc &  bulleux  fetpblable  à  
 celui  du  feldfpath. 
 R O C H E R S   E T   D E T A I L S ,   Chap.  I I I .   t? i 
 g.  1688.  Après  m’étre  repofé  &  avoir  qbfervé  ces  rochers,  je me  
 feniis  en marche,  il  étoit  environ  neuf  heures.  Comme  j’avois mefuré  "  
 de  Chamouni  les  hauteurs  des  différentes  parties  de  la  montagne  ,  je  h  
 favois  que  je  n’avois  plus  qu’environ  iyo  toifes*!monter,  &  cela  par  
 une pente  qui  n’étoit  que de  28  à 29  degrés,  furune  neige  affez  ferme  
 &  pourtant  nullement  gliffante,  exempte  de  crevaffes,  éloignée  des  
 précipices, j’efpérois  donc  d’atteindre la  cime  en  moins  de  trois quarts  
 d’heure  ;  mais  la  rareté de l’air me  préparoit  des  difficultés plus grandes  
 que  je  n’aurois  pu  le  croire.  Je  l’ai  dit  dans  la  relation  abrégée ;  fur  
 la  fin  j’étois  obligé  de  reprendre  haleine  à  tous  les  15  ou  16  pas  ;  je  
 le  faifois  le  plus  fouvent  debout,  appuyé  fur mon  bâton, mais  à  peu-  
 prè's  de  trois  fois  l’une  il  falloit  m’affeoir  ,  ce  befoin  de  repos  étoit  
 abfolument  invincible  ;  fi  j’effayois  de  le  lurmonter  ,  mes jambes  me  
 refufoient  leur  fervice  ;  je  fentois  un  commencement  de  défaillance  , 
 &  j’étois  faifi  par  des  éblouiffements  tout-à-fait  indépendants  de  l’action  
 de  la  lumière  ,  puifque  le  crêpe  double  qui  me  couvroit  le  
 vifage  me  garantiffoit  parfaitement  les  yeux.  Comme  c’étoit  avec un  
 vif  regret  que je  voyois  ainfi paffer  le  tems  que  j’efpérois  confacrer  fur  
 la  cime  à mes  expériences  ,  je  fis  diverfes  épreuves  pour  abréger  ces  
 repos ;  j’pffayois  par exemple  de  ne point  aller  au  ternie  de mes forces  
 Si  de  m’arrêter  un  inftant  à  tous  les  4  ou  y  pas, mais  je  n’y  gagnors  
 rien; j’étois  obligé  au  bout de  iy  ou  16  pas  à  prendre  un  repos  auffi  
 long  que  fi  je  les  avois  faits  dc_  fuite ;  il  y  avoit  même  ceci  de  remar»  
 quable  ,  c’eft  que  le  plus  grand mal-aife  ne  fe  fait  fentir  que  huit  oit  
 dix  fécondés  après  qu’on a  ceffé  de  marcher.  La  feule  chofe  qui  me  
 fit  du  bien  &  qui  augmentât  mes  forces,  c’était  ljair  frais  du  vent  du  
 Nord  ;  lorfqu’en  montant  j’avpis  le  vifage  tourné  de  ce  côté  là  &  
 que  j’avalois  à  grand  traits  l’air  qui  en  venoit,  je pouvois  fans  m’arrêter  
 faire  jufqu’à  23  ou 26  pas. 
 L a  généralité  de  ces  fenfations  fur  les  20  perfonnes qui compofoient  
 notre  caravanne  ,  &  lès  détails  que  j’ai  rapportés  dans  la  relation  
 abrégée,  ae  peuvent  laiffer  aucun  doute  fur  la  raifon  de  ces  phéuo- 
 Y  2 
 Derniere  
 u n tée re~  
 ardée  paü  
 a  rareté  
 e  l’air.