& que le granit au,contraire! s’enfançoit dans l'a terre fort au-dèïfous'
de l’ardoife. Il ne faut donc prononcer qu’une couche eft fituée fous
une autre, que quand on la voit réellement s’enfoncer au-deffous d’elle.
7°. Et même lorfqu’on voit un rocher diftinélement fuperpofé à
un autre , il faut examiner ü celui qui eft fur l’autre n’occupe point
accidentellement cette fituation, s’il n’a point ghlfé ou roulé d’une
montagne plus élevée ; & enfin, lors même qu’ils feroient étroitement
unis , il faut vôir fi leur fituation aétuelle eft bien celle dans laquelle
ils ont été formés, & s’ils n’ont point été renverfés & mis accidentellement
dans une fituation contraire à celle de leur formation originaire.
8°. On fe trompe auffi fréquemment fur la natnre des pierres & des
montagnes. Quoiqu’un oeil exercé puiffie fouvent juger à diftance &
même à un affez grand éloignement, du genre de pierre dont une montagne
eft compofée ; cependant ces jugements font fouvent erronés ;
fouvent des montagnes de granit ou de gneifs tendres & deftruitibles
prennent de loin les formes arrondies des montagnes fecondaires. Quelquefois
auffi des montagnes de pierres calcaires, dures dans leur genre
& en couches verticales ou très-inclinées , prefentent les formés hardies,
les pics & les crénelures à angles vifs des fomrnites granitiques.
9°. Même en y regardant de près, on fe trompe fouvent. Une pierre
peut avoir un enduit étranger, de mica, par exemple, tandis que 1 intérieur
eft d’une nature très-différente.
io°. On regarde communément Teffervefcence avec l’eau forte
comme un caraélere certain de la pierre calcaire ; cependant ce caractère
peut tromper, puifque la terre pefante & la magnéfie font aufii
effervefcence, & il ne faut point fe contenter de toucher une pierre avec
l'acide nitreux, ou d’en laiifer tomber une goutte a fa furface, puifque
la terre abforbante, quelle quelle foit, peut n’être que diflféminée entre
des parties argilîeufes ou filiceufes. Il faut donc plonger un fragment
de la pierre dans une quantité d’acide fuffifdnte pour la dilfoudre en
entier, s’il eft tout ditfoluble, & voir s’il ne relie point de réfidu qui
refufe de fe diffoudre.
E R R E U R S A É V I T E R , Chip. XXI I . É l
xi0. Souvent l’action de l’air & des météores donne aux foffiles des
apparences abfolument différentes de celles qu’ils avoient avant d’avoir
fubi cette aftion. Il ne faut donc pas fe contenter d’un examen fuper-
ficiel; il faut fonder les rochers jufques au vif, & là où l’aition de*'
agents météoriques n’a point pénétré;
ia°. Onfe trompe auffi fouvent en prenant pour limpies, des pierres
compofées, dont la compofition ne fe manifefte pas au premier coup-
d’ceil, foit a caufe de la petiteffe de leurs parties çompofantes, foit
parce que quelques-unes de ces parties font renfermées chacune à part
dans une enveloppe qui en cache l’intérieur. Qn fe garantira de cette
* erreur, en obfervant au foleil avec des fortes loupes, & après avoir
mouillé la furface du foffile avec de l'eau ou de l’acide nitreux , &
mieux encore, en 1 expofant graduellement à la flamme du chalumeau.
13°. On fe trompe fouvent fur la cryftallifation, foit fur la vraie
forme des cryftaux, foit fur-tout en prenant pour de vrais cryftaux
des cryftaux parafites, ou qui fe font formés dans le moule des cryftaux
d’un autre genre. C’eft ainfi qu’on voit des cryftaux de quartz, de
petrofilex, de jatpe, formés dans des moules de cryftaux calcaires, &
qui ont pris la forme propre à ces derniers.
14°. Quant aux erreurs que caufe l’ignoranee des earaéleres diftinc-
tifs des foffiles & celle des noms qui leur conviennent, l’unique moyen
de s’en préferver, eft d’étudier avec foin les bons auteurs, & fur-tout
des colleélions faites, ou du moins étiquetées par d’habiles mincra-
logiftes.
if°. Mais dès qu’on a le plus léger doute fur la dénomination que
l’on doit donner à un foffile , il faut faite une defeription ex aile, foit
de fes earaéleres, extérieurs, foit de fes propriétés phyfiqües les plus
décifives, comme dureté,, pefanteur, folu,bilitç ; û cette defeription eft
bien faite, l’erreur for le nom pourra toujours Ce redreifer, & i’obfefo
vation ne fera pas perdue, comme Í elje .lê feroit fi l’on avoit quelque
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