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occidentales, où font les plus hautes fommités, au lieu de fe relever
contre l’Eft, comme l’auroient fait des couches foule vées par une
explofion venant du milieu du vuide, fe relevent auffi contre le Midi;
celles du Nord, qui auroient dû fe relever contre le Midi, fe relevent
contre l’Eft; enfin celles de l’Eft, qui auroient dû monter contre
l’Oueft, montent contre l’Eft. Si donc ces couches ne font pas aduel»
lement dans leur fituation originaire, celles qu’elles préfentent aujourd’hui,
indiqueroient des changements partiels & irréguliers, plutôt
qu’une caufe unique & relative à un centre commun. On ne peut y
remarquer qu’un fait général, c’eft que les pentes font toutes beaucoup
plus rapides du côté de l’intérieur qu’au dehors du cirque,
fur-tout au Nord & à l’Oueft où font les plus hautes cimes.
Antres §. 2142. I.a vue du Mont-Rofe n’eft pas la feule dont on jouifle du
haut du Pic-Blanc; ce Pic n’eft dominé par aucune hauteur qui puiflfe
Pic Blanc, lui dérober la vue des plaines de l’Italie, & ces plaines en font aiïez
rapprochées pour que l’on puiife jouir de quelques détails. Mais
pendant le tems que nous y paflàmes, une vapeur bleuâtre voiloit
ces plaines, & un grand nuage fufpendu à la voûte du ciel formoit
un immenfe rideau , qui nous déroboit prefque toute cette vue;
cependant ce rideau fe déchiroit par moments, & nous laiifoit voir
dans les intervalles de fes lambeaux, tantôt le Lac-Majeur, tantôt le
Tefin, puis le Navigliogrande ; mais nous ne pûmes diftinguer ni
Milan, ni Pavie, ni aucune autre ville de la Lombardie, que l’on
doit parfaitement reconnoître lorfque le tems eft ferein.
L a ftrufture des montagnes qui nous féparoient1 de ces plaines,
nia rien de remarquable; la plus haute eft celle de Tagliaferro. Sa
forme eft celle d’une pyramide aiguë, & fa cime n’eft guere moins
élevée que Celle du Pic-Blanc; elle eft cependant-dépouillée, de neige;
la grande rapidité, de fes flancs ne lui permet paa de la retenir.
Hauteurs & §. 2143. L a moyenne éntre deux obfervations du baromètre que
ïic-Bl»nc. je fis fur le Pic-Blanc, donne à ce Pic une hauteur de 1594 toifes.
L E P I C - B L A N C , Chap'. V, 3;^
Nous paffâmes trois heures & demie fur cette fommité; & comme
nous primes le parti de ne pas revenir le même jour à Macugnaga,
mais de coucher encore fous nos tentes ; nous eûmes le tems dé
defcendre lentement, & d’obferver avec foin la nature & la ftrudure
des rochers dont cette montagne eft compofée. Sa cime eft en partie
d’un granit veiné en feuillets tortueux, Sc rempli de grands crvftaux
de feldfpath, en partie d’une roche feuilletée mince à feuillets planes.
Ces roches font dilpofees par couches à-peu-près horizontales, mais
qui montent cependant de quelques degrés vers le Sud. La tète du
Pic-Blanc eft à-peu près ifolée; mais fon corps & fa bafe adhèrent à
l’Eft & à l’Oueft à la chaîne du Mont-Rofe, & au Nord à une montagne
qui forme une grande faillie dans l’intérieur du cirque du Mont-
Rofe , cette montagne fe nomme la Chicufa ; c’eft en fuivant fa pente
que l’on monte des pâturages de Pedriolo jufqu’au fommet du Pic.
Elle eft toute de roches feuilletées, dont les unes font de beaux granits
veinés, durs, tirant fur le blanc; d’autres, des roches quartzeufes,
micacées, ferrugineufes, fouvent mêlées de fchorl : on y trouve auffi
de la plombagine. Nous y vîmes enfin une couche de pierre calcaire,
femblable à celle que nous avions obfervée au Simplón, Si renfermée,
comme elle, entre des couches de pierre que l’on regarde'comme
primitives. Toutes ces couches ont à-peu-près la même fituation que
celle de la tête du Pic.
C e t t e pierre calcaire eft à aflez gros grains blancs, brillants, translucides
; elle fe dilfout avec une vive effervefcence, en laiiïànt en arriéré de
petites écailles de mica blanc & des particules planes, objongues &
brillantes, dont la fufibilité prouve que c’eft du feldfpath. On calcine
cette pierre dans YAlpe’di Filera, pâturages qui font au - deffous .du
banc qui la renferme, & au-deifus de ceux de Pedriolo.
Je trouvai dans ces fours à chaux la preuve d’un fait que j’avojs
allégué fur parole, mais fans l’avoir obfervé moi-même, que quand
on calcinoit des pierres à chaux micacées, & qu’il fe trou voit dans
iqs fours à chaux des parties chargées de beaucoup dé rmica, ces
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