M a g e n d a .
raifon de fufpefter la jufteffeide la dénomination, & qu’aucune defeription
ne pût fervir à la corriger. ( O
i é'w- Lorfque les caraflerçs.d’un foffile le rapprochent d’un autre au
point qu’il fe trouve près de la limite qui fépare les genres ou les efpe-
ces de ces deux foffiles , il faut fuivre l’exemple de M. Werner & de
fes difciples, en marquant que ce foffile eft intermédiaire, ou forme
une tranfition entre ces deux genres. Car fi on l’attribue exclufivement au
genre A. fans noter les carafleres qui le rapprochent du genre B, un
autre obfervateur, qui verra ce même foffile, pourra fort bien le rapporter
au genre B, & l’on ne faura lequel des deux s eft trompe.
17°. On fe trompe auffi fouvent en mêlant l’opinion à l’obfervation,
& en donnant celle-là pour celle-ci ; comme quand on affirme avoir
vu des veftiges de volcans éteints , parce qu’on a vu des pierres ou
noires, ou poreufes, ou de formes prifmatiques , fans daigner les
décrire avec foin, mais en les qualifiant Amplement de laves ou de
bafaltes.
18°.‘ Enfin, une fource fréquente d’erreurs, eft une trop grande
confiance à la fidélité de fa mémoire ou à la jufteiTe de fes premiers
apperçus. Ces deux genre» de confiance marchent fouvent de front,
& l’on, ne peut fe préferver du danger des erreurs qui en font fouvent
les fuites, qu’en notant fur les lieux toutes les obfervations auxquelles
( i ) Un homme qui ne vit pius , mais
qui a pafle dans fon tems pouf minérale-
gifte, m’écrivît qu’il avoit trouvé des coquillages
marins renfermés dans un granit.
Je le priai de me donner une defeription
exafte de la pierre qu’il appclloit
granit. Il lé f it , je reconnus que cette
pierre étoit un grès ou une pierre de
fcble, & les échantillons qu’il m’envoya
enfuite , m« prouvèrent que je ne m’etois
pas trompé. On peut fe rappelles les pyrites
du Chanoine R icu pero , 93* I'*8
erreurs de ce genre qui viennent de fauffe s
dénominations font innombrables ; car une
*connoilTanoe exaéte des fubftances minerales
, eft 'une chofc bien plus difficile <R
plus rare qu’on ne le croit communément.
E R R E U R S A É V I T E R , Chap. X X I I . 535
on attache quelqu’importance, fur-tout fi elles font un peu compliquées
, & en emportant des échantillons foigneufement étiquetés des
objets qui forment le fujet de ces obfervations : car ce n’eft pas feulement
des objets rares & finguliers qu’il faut emporter des échantillons.
En effet, le but d’un voyageur géologue n’eft pas de former un
cabinet de curiofités , mais c’eft des chofes les plus communes en apparence
qu’il faut prendre des morceaux , lorfque l’exaffe détermination
de leur nature peut intéreffer la théorie. On fe ménage ainfi les moyens
de confirmer ou de reflifier fes premiers apperçus, & de faire des
recherches approfondies, & des comparaifons qu’il eft impoffible de
fil ire fur les lieux.