qu’en la voyant à l’improvifte, je la prenais quelquefois pour us
météore.
L a confidération de la lueur que répandoient dans le ciel ces étoiles,
que l’on ne peut pas diftinguer, me fait croire que je me fuis trompé
lorfque j’ai avancé, dans mon Mémoire, que quand l’air eft de la
pureté parfaite que j’ai obfervée fur le Mont-Blanc & dans quelques
parties du Col du Géant, le bleu de l’air paraît plus foncé, parce
que l’on entrevoit le noir du vuide de l’-efpace qui fe mêle a .a
couleur naturelle de faix.
§, 2088. Il eft auffi remarquable que, malgré l’intenfite de la cou-
s jear bleue de l’air dans ces hautes régions, les ombres projetées
>par le foleil ne nous aient jamais paru d’un bleu foncé, quoique
nous les obfervaffions, mon fils & moi, avec le plus grand foin,
toutes les fois que le foleil luifoit, & que nous fuffions bien accoutumés
Couleur
des ombre;
T ranfpa-
rence de
l’air.
à les voir d’un beau bleu le foir & le matin dans la plaine.
Sur. cinquante - neuf fois que nous les avons obfervées, nous les
avons trouvées trente-quatre fois d’un violet pâle; dix-huit fois fans
couleur, c’eft-à-dire noires ; fix fois feulement d’une couleur bleuâtre,
(encore ce bleu étoit-il pâle) Sc une fois jaunâtres.
C es obfervations paroiffent bien confirmer l’opinion des Phyficiens,
qui penfent que ces couleurs dépendent des vapeurs accidentellement
répandues dans l ’a ir, & qui réfléchiffent fur l’ombre la couleur
qui leur eft propre, plutôt que de la couleur propre de la ir ou
de la réflexion de la couleur du ciel.
§. 2089. Q uant à la tranfparence de l’air, qui étoit auffi un des
objets d’expérience que nous nous étions propoles dans ce voyage,
j’avois elpéré que je pauvois le déterminer par le rapport des dit
tances auxquelles je ceffoïs de pouvoir diftinguer , fur un fond blanc,
des cercles noirs de différentes grandeurs ; & j’avois fait dans la
■plaine des expériences qui m’aveient inftruit dés moyens de délivrer
ce
ce procédé de divêrfesfoùrces d’erreurs. En conséquence , nous mefurâ-
cies, mon fils & moi, fur une plaine de neige qui eft au Nord du Col du
Géant, un efpace de 1 jj-6 pieds en ligne droite; & nous fîmes l’épreuve
de la dilparition fucceffive de 16 cercles que j’avois préparés à
l’avance. Ces cercles croiffoient dans une progreffion géométrique , dont
l’expofant étoit § ; le plus petit avoit o , 2 lignes de diametre , & le plus
grand 87 , y 27. Cette expérience fut un des travaux les plus pénibles
que nous ayions exécutés dans ce voyage, par la fatigue, & des yeux &
du corps, que nous éprouvâmes en obfervant ces difparitions , & en
mefurant lçs diftances auxquelles elles avoient lieu , au milieu de
ces neiges éblouiffantes, éclairées par le plus brillant foleil, & dans
lefquelies nous enfoncions jufques aux genoux. Et ce travail s’eft
trouvé inutile, parce que la blancheur des neiges au milieu delquelles
nous étions forcés d’opérer, répandit fur ces comparaifons des incertitudes
qui nous empêchèrent d’en tirer aucune conclufion certaine.
D’ailleurs, j’ai reconnu enfuite, que, même dans la plaine, l’air, par
un beau jour eft trop tranfparent, pour qu'à la diftance de 13 à 1400
pieds on püiile eftimer , ni même y reconnoître aucun défaut de
tranfparence ; mais depuis lors j’ai perfectionné mon procédé , comme
on peut le voir dans un Mémoire fur »le diaphauometre qui a été
imprimé dans ceux de l’Académie royale de Turin, pour les années
»788, >789.
§. 2089. M ais nous fîmes fur cette tranfparence des expériences ^Pbotooeé-
thimiques qui eurent un meilleur fuccès. On connoît les travaux de mique<
M. B e r th q lit , fur l’acidemuriatique, on fait que ce faVant ehimifte
a découvert que cet acide peut fe combiner avec une quantité fura-
bondante de la bafe de l’oxigene ; mais que quand la lumière agit
fur cet acide oxigéné, elle s’empare de cette bafe, & forme avec elle
du gaz oxigene qui s’en fépare alors fous fa forme élaftique. Nous
effayâmes de mefurer la quantité de ce gaz qui ferait produite fur: le
Col du Géant, comparativement à celle qui fe dégagerait à Chamouni;
le même jour,à la même heure, pendant le même efpace de- temsj
Tome IX. E P