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 A  mefure  qu'on  monte,  les  couches  deviennent  plus  diftinftes,.&   
 l ’on  reconnoit  que leur  direétion  eft  de  l’Eft-Nord.Eft  à  l’Oueft-Sud-  
 Oueft,  en  s’appuyant  contre  la  vallée  au  Sud-Sud-Eft. 
 rfteniîue  I^I? < ^ une demi-lieue de marche  au-deffus des  premiers  rochers,  
 minérale,  on  rencontre  une  fontaine  très-fraîche,  dont  l’eau  paife  dans  le  pays  
 pour  contenir  du  cuivre,  del  rame,  &  dont  on  boit  pourtant  avec  
 beaucoup  d’empreffement  &  de  confiance.  J’en  fis  lepreuve  avec  les  
 réaétifs,  &  je  m’affurai  qu’elle  ne  contenoit  aucune  fubftance  métallique, 
   qu’elle  étoit  même  très-pure,  à  la  réferve  d’une  très  - petite  
 quantité de  félénite. 
 U ne  autre  fource  du  village même  ri’Ayrolo  ,  nommée  Fonte  di  St.  
 Carlo,  &  qui  paife  pour  minérale, m’a  donné  précifément les mêmes  
 réfultats. 
 §.  i"818-  Je  continuai  de  monter  pendant  une  heure  &  demie,  
 toujours  dans  le même  fond  du  ravin,  où  les  rochers  étoient  plus  à  
 découvert que  dans  les  autres  parties de  la  montagne.  Je  rencontrai  là  
 une  grande  variété  de roches  fchifteufes ;  les  unes  compofées  de mica,  
 de  feldfpath  grenu  &  de  hornblende  noire  ;  d’autres  qui  renfermoient  
 outre  cela  des  grenats  rougeâtres ;  d’autres  de  mica  &  de  quartz  fans  
 antre  mélange ;  d’autres  du  gneifs  noir  que  j’ai  décrit  plus  haut  ;  
 d’autres  rougeâtres,  ferrugineufes,  tombant  en  décompofition;  toutes  
 ces  roches  ont  le  plan  de  leurs  couches  dans  la  direétion  des  précédentes  
 :  feulement  leur  inclinaifon  varie. 
 Selpfcius?6  §•  *819.  A près  m’être  élevé  au-deflùs  de  la  forêt,  je  tirai  du  cdté  
 du  couchant  en  tràverfant  des  prairies,  &  je  vins  en  trois  - quarts  
 d’heure,  à  un  des  chalets  des  pâturages  de  l’Alpe  de  Scipfcius  ,  
 dont la hauteur  , meiurée  par  le  baromètre,  eft  de  439  toifes  au-deifus  
 d’Ayrolo,  &  ainli de  1028  au-deifus  de  la  mer. 
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   §■  1820.  L a  pluie  &  les  nuages  m’a voient  atteint  dès  le  haut  de 
 D E   S  C  1  P S   C  1  U  S ,  Cluip.  XI I I .   ai 
 la  montée,  &  ne  difcontinuerent  pas  de  tout  le  jour,  ce  qui  me  
 déroba  la  vue  dont  j’efpérois  jouir.  Je  revins  par  un  chemin  différent  
 ,  mais  qui  11e  me  préfenta  que  les  mêmes  variétés  de  roches,  
 à  l’exception  de  celle  que  je  vais  décrire. 
 !  C ’e s t   une  roche  obfcurément  feuilletée,  d’un  gris  verdâtre,  t r a n s - 0?Jie  4e  
 lucide  à  3  lignes  d’épaiflèur,  tendre,  compofée  d’un  fond  de  ftéatiteca  &  gre-*  
 mélangé  de  mica.  Elle  renferme  des  grenats  dodécaèdres  très-régu-Rats* 
 Jiers,  d’un  rouge  tirant  fur  le ro fe ,  mais  qui  ne  font  que  translucides  
 ,  &  qui  fe  fondent  aifément  au  chalumeau  en  une  feorie  noirâtre 
  ,  terne,  qui  s’affaiffe  fur  elle-même. 
 J e  fus  obligé  de  paffer  par  des  fentiers  extrêmement  étroits,  que  
 la  pluie  rendoit  gliffants,  fouvent  au  bord  du  précipice  :  je  rencontrai  
 là  très-fréquemment  des  payfans  chargés  de  foin,  &  qui malgré  
 jle  poids  &  le  volume  de  leurs  fardeaux  ,  marchoient  dans  ces  fen-  
 Itie.rs  avec  une  fermeté  &  une  vîteffe  étonnantes.  C’étoient  de  ces  
 pauvres  gens  qui  vont,  au  péril  de  leur  vie,  recueillir  l’herbe  des  
 prairies,  dont l’abord  eft  trop  difficile,  pour  que  perfonne  ait  daigné  
 Ss’en  affurer  la  propriété. 
 ]  J e  revins  de  cette  courfe  bien  mouillé,  &  fans  tourmalines’  
 mais  mon  empreffément  à  en  chercher,  encouragea  mes  guides  
 à  en  chercher  eux  -  mêmes ;  les  échantillons  que  j’avois  portés  leur  
 apprirent  à  les  connoitre,  &  ils  en  ont  enfuite  trouvé  de  très-belles  
 &  dans  différentes  matrices.  J’en  donnerai  le  détail,1  dans  le  chapitre  
 X X ,  où  je  traiterai  de  la  lithologie  du  St.  Gothard.