D’Irn-
Gontz à
Dovedro.
5J Í M O N T . R O S E.
O n continue ainfï de voyager entre des granits veine'*, toujours
horizontaux; on paffe à Im-Gontx, dernier village allemand, quoique
dépendant du Haut-Novarrois.
§. 212?. Dès-loks la route devient moins fauvage : on trouve des
noyers , de beaux châtaigniers, puis le premier village Italien qui fe
nomme Pays, & l’on fe flatte d’être hors des rochers ; mais l’on eft encore
obligé de voyager fur des corniches. Le chemin eft coupe dans le roc qui
le recouvre en demi-voûte, & à un quart de lieue plus loin, la voûte
forme le cercle entier. Le rocher percé à jour, fur le bord d’un efcar-
pement femble être un anneau fufpendu en l’air ; & le voyageur qui le
voit de loin, pour la première fois, ne peut pas fe figurer qu’il paffera
à cheval au travers de cet anneau. Son diametre n’eft que de quatre
pieds vers le bas. Le roc eft encore - là de granit feuilleté à feuillets
déliés, & bien certainement horizontaux.
Bientôt après, on a une vue charmante de Dovedro & de fe*
environs. Les montagnes s’écartent du côté de l’Eft, & forment une
enceinte éloignée qui renferme un amphithéâtre de hameaux, de
vignes, de châtaigniers , un mélange délicieux de belle verdure &
de jolies habitations,
L es derniers rocs que l’on rencontre fur cette route, à demi-lieue
du village, font encore des granits feuilletés ou des gneifs à couches
minces qui tombent en décompofition, & qui font encore horizontales.
On voit ainfi la grande différence qui regne entre les deux^faces de
la chaîne que traverfe le paffage du Simplón. La face feptentrionale
qui regarde le Valíais, eft prefque toute de calcaires micacées en
couches verticales; & la face méridionale qui regarde,l’Italie, de fchiftes
micacés qüartzeux, de gneifs, ou de granits veinés en couches horizontales,
inclinées au plus de jo à 40 degrés. La même oppofition regne
dans l’afpeét de la route. Au Nord, de beaux ombrages arrofés par
de jolis ruilfeaux ; au Midi, des rochers nuds & efearpés, d’où fe
précipitent des torrents avec la plus terrible violence. Le chemin même
P A S S A G E D U S - JMP L O . t / , Chap. 11.
eft auffi effrayant du côté de l’Italie, par-tout cependant fûr & très-
bien entretenu, foit parce que c’cft la route que prend le courier de
Milaii, ioit parce que ce paffage conduit au Lac-Majeur, & qu’il eft
très-fréquenté par le commerce des grains, des vins & des fromages,
qui fe fait tout à dos de îfiulets.
Nous dînâmes dans le joli village de Dovedro, & nous vînmes
coucher à Duomo-d’OffoIa. On ne compte que trois lieues de Dovedro
à Duomo ; mais nous fûmes pris par la nuit. Nous nous égarâmes ;
un de nos mulets s’embourba dans du limon accumulé par un torrent
débordé dans des prairies marécageufes. Ainfi nous n’arrivâmes que
très-tard. J’ai parlé de cette ville au $. 1767.