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 que  tiede. L’éther bouilloit  dans  la  cornue  lutée au  récipient,  lorfque 
 l’eau  n’étoit  encore  qu’au  vingt-troifieme  degré  de Réaumur.  Mais  je 
 reviens  à  des  objets  qui  appartiennent  encore  plus  direélement  à  la 
 météorologie. 
 Etoiles  S-  2082.  J’ai  obfervé plufieurs  fois  fur  le  Col du Géant des  étoiles  
 tombantes,  tombantes  ;  j’en  vis  trois  entr’autres  dans  la  foirée du  7   Juillet;  mais 
 /  toutes  au-deifus  de  l’horizon  &  aucune au-deffous.  Cette obfervation, 
 conforme  à  d’autres  qui  ont  été  faites  aufli  fur  des montagnes,  quoique  
 pas  à  d’auffi  grandes  hauteurs ,  parait  prouver  que  ce météore  
 ne  fe  forme  que  dans  des  régions  de  l’atmofpherc  extrêmement  
 élevées,  &  que  par  conféquent  il  n’eft  point  le  produit  de  l'inflammation  
 de  matières  huileufes  &  groffieres.  Celles que  je  vis  du  Col 
 du Géant m etonnoient par leur  petiteife  apparente : en  feroit-il comme 
 des  étoiles  fixes,  que  le  manque  de  fcintillation  fait  paroitre  plus 
 petites?  La  caufe  de  ce  phénomène  ne  paroit  point  encore  connue,  
 quoiqu’il  foit  fi  fréquent  & fi  remarquable.  On  ne  connoit  pas même  
 avec  certitude  les  limites  de  leur  élévation.  On  pourrait  cependant  
 la  déterminer  aifément.  11  fuffiroit  pour  cela  que  deux  obfervateurs  
 portés  dans  des" dations  dont  la  diftance  feroit  connue,  s'accordaient  
 pour  obferver  eh  même  tems  toutes  celles  qui  paroitroient  dans  la  
 même  foirée,  en  les  rapportant  à  des  étoiles  connues  &  en  notant  
 leurs  principales  apparences,&   le  moment précis  de  Jeur  apparition;  
 leur  parallaxe  donnerait  leur  élévation  &  Jeur  diftance. 
 Couleur du  §.  2081-  J’a i  donné  dans  le  voyage  au Mont-Blanc,  §.  *0*9,  une  
 idée  de  l’inftrument  dont  je  me  fers,  pour  déterminer  avec  précifion  
 l’intenfité  de  la  couleur  bleue  du  cieL  Cet  inftrument  &  les  obfer-  
 vations  auxquelles  je  l’ai  employé,  ont  fait  le  fùjet  d’un  Mémoire,  
 qui  a  paru  avec  ceux  de  l’Académie  royale  des'fciences  de  Turirt,  
 pour  les  années  1788  &  1789,  &  qui  enfuite  a  été  inféré  dans "le  
 Journal  de  phyftque de  1791,  Tome  l ,  pagè  iyg. 
 ÇiftNDAN'r, comme  je  n’en  donnerai  qu’un extrait,  &  que  je prélume 
 N U A G E S   E T   M É T É O R O L O G I E ,   Ckap.  IX .  289  
 fëme que l’on aimera  à trouver réunis les  résultats  de tous les, travaux  
 que  nous  avons  faits-fur  ¡1 à  météorologie  de  ces  hautes  régions, ije  
 vais  les  rapporter  id . 
 En  effet,  ce  n’eft  pas  un  -objet  de  fimple  curiofité,  que  de  déterminer  
 la  couleur  du  ciel dans  tel  ou  tel  lieu,  ou  dans  telle  ou  telle  
 circonftance ;  cette  détermination  tient à  toute  la  météorologie,  puif-  
 que  la  couleur  du  ciel  ¡peut  être  confidérée  comme  la  ¡mefure  de  la  
 quantité  des vapeurs  opaques,  ou  des exhalaifans  qui  font fujpendu.es  
 dans  l’air.  Car  il  eft  bisn  prouvé  que  le  -ciel  paraîtrait  abfolumeut  
 noir,  fi  l’air  étoit parfaitement  ti'anlpar.ent,  fans-couleur,  &  entièrement  
 dépouillé  de  vapeurs  opaques  &  colorées.  On  ne  verrait  alors  
 que  le  noir  du  vuide,  ou  la  clarté  des  étoiles.  Mais  fair  n’eft  pas  
 parfaitement  traniparent,  fes  éléments  réfléchiflènt  -toujours  quelques  
 rayons  de  lum iè r e&  finguüérement  les  rayons  bleus.  Ce  font  ces  
 rayons  réfléchis  ( 1 )   qui  produifent  la  couleur  bleue  du  ciel.  Elus 
 i;.  (1)  Je  dis  réfléchis ,  parce que  je  crois  
 que l’air ne paroîteotoré qüe par réflexion ;  
 tandis  que  par  tratrfpârence,  il  eft -à-peu-  
 près fans coulent.  Les montagnes couvertes  
 de neige, metttnt-toos  les  jours  fous  nos  
 jeux,  la  preuve de cette vérité.  Ces montagnes, 
   lorfqu’elles  font  éclairées  par  le  
 foleil, ne paroi (Tent point bleues, quelle que  
 foit la înaffe de l’air, de 20 ou 5 o lieues, par  
 exemple, au travers de laquelle on les  volt ;  
 elles  paroiflent,  ou  rougeâtres,  ou  blanchâtres, 
  fuiront que les -vapeurs que traver.  
 lent les rayons  qui les  éclairent ,  font,  ou  
 ne font ¡pas colorées.  Or, à de tdlles disantes  
 , elles paroitreient canftamment bleues,  
 fi l’air laiifoit palier les rayons bleus en plus  
 -grande  proportion  que  les  antres.  Mais,  
 quand des montagnes, dune-couleur  quelconque  
 ,  fur-tout  d’une  couleur  {ombre Sc. 
 Tome  IF . 
 verte en particulier, font peu éclairées ; dan*  
 le  moment,  par exemple,  ou  ïe  Fotar!  'fe  
 couche 'derrière -elles,  les «ayons %le«s que  
 réfléchit  cet  air,  n'étant  pas  dominés  par  
 une grande quantité de rayons d’ut»e couleur  
 différente,ils obtiennentia prépondérance^  
 Sc  ces montagnes nous paroiifent bleues par  
 transparence,  quoique ce foit par réflexion.  
 C’eft aufti par cette raifon que les neiges des  
 montagnes  trés-élolgn'ées,  .vues  àla datté  
 du crépufcule, paroiifent d’un biane qui dre  
 un peu fer le bleu,  Lors même qu’eUlesTont  
 fituces à-l’oppofite du foleil. 
 Il  ne  feroit pas  difficile de  prouvjer. qu’il  
 en eft de l’eau comme de  i’àir ;  Sc que  celle  
 qui eft bien pure, celle du Rhône, par exemple., 
  ne idolt fa belle  couleur . bleuie  qu’aux  
 rayons qu’elle  réfléchit,  non  du ciel, ««us  
 de fa propre fubftance.  . . .;  s»