ALPE
C H A P I T R E XI I I.
E X C U R S I O N A L’ A L P E D E S C I P S C IUS .
Motif de g. 1814. D a n s mon premier voyage* au. St. Gotîiard', j’y a vois
Cette ex* D * r* 1
surlion, vu beaucoup de fchorl noir. Cela me fit penfer que peut-être 0n.y
trouveroit des tourmalines; en effet, cette, pierre a. beaucoup de ref-
femblance avec le fchorl noir. Dans cette efpérance, lorfque je retournai
au St. Gothard, ei) 1 7 8 5 j’y portai quelques cryftaux de tourmaline,
du Tyrol; je.Jes fis voir aux cryftalliers d’Ayrolo, & je leur demandai
s’ils n’avoient jamais rencontré des pierres de ce genre. Ils me
dirent qufils n’en avoient pas vu.d’auffi brillantes, mais que l’on trou-
voit beaucoup dp cryftaux noirs qui leur reffembloient un peu, dans
la montagne au-deffous des pâturages,élevés de 1’AIpe.de.Scipfcms. (1)
Je me décidai à les aller obierver. fur la place,
Horblen- §; 1815V C es pâturages fo n t au Nord'au-dèiïüs d’AyroIô. Je com-
de noire. mençaj >, mgnter prefqu’en fortant dû. village , &. au bout d’un bon
quart-d’heure j ’atteignis des rochers qui fortent de terre au - deffous
d’une forêt. Ces rochers renferment de la hornblende noire, mais
point de tourmaline. Çette hornhlende, que l’on a prife pour du. fchorl
noir, eff en lames irrégulières, , brillantes, feuilletées, (triées fuivant
leur longueur, fouvent mélangées de mica & fe croifant en tout fens.
Elles, différent du fchorl noir , fur-tout en ce qu’elles font beaucoup
( i ) Dans la Suifle Italienne, comme
dans le Miianois, dont elle dépendoit anciennement
, il y a des wqui fe prononcent
à la ir a n ç e ife , & non point en qu comme.
dans l ’Italie méridionale. Ainli le nom de
cette Alpe fe prononce en franqois comme
Chipdiius*
d e s C I P S C 1 Ü S , Chaj>. X I II. 19
moins dures, puifqu’elles fe laiffent rayer en gris par une pointe d’acier.
Dette hornblende, expofée au chalumeau, bouillonne & fe fond aifé-
ment en un verre noir & brillant.
| p LLE efi renfcrmée dansUpne pierre blanche, peu dure, qui eft
un vrai feldfpath grenu, comme le prouve fa fufibilité. Mais dans
quelques couches du rocher, cette fubftauce blanche forme à peine
la 20111e. partie] de la maffe ; elle eft prefqu’entiérement compofée de
hornblende. En revanche, 011 voit d’autres couches de ces mêmes
ïoehers, dans lefquelles cette même matière blanche domine, & dont
la hornblende ne forme que la très-petite partie. Dans ceux - ci la
matière blanche eft mélangée de mica, & la pierre fe rapproche davantage
d’un gneifs, quoique la forme fchifteufe ne foit pas nettement
prononcée.
!; On y voit auffi des grenats , d’une ligne & demi à 2 lignes de
(diametre, mal cryftallifés, mais tendant à la forme dodécaèdre, pref-
qu’opaques, intérieurement'd’un rouge clair, & qui fe fondent aiféffient
en une feorie noire & terne. La ftrudure de ces premiers rochers
■n’eft pas diftincte, on a de la peine à reconnoître leurs couches.
| §• 18ré. En continuant de monter, je fuivis un ravin dont les Gneifs
èaux avoient divifé & mis à découvert lé fond de la montagne. Je no‘r tr«s*
traverfai là des rochers affez femblables aux gneifs noirs du Griés,
§. 173 2. C’eft auffi une pierre noire tirant un peu fur le gris , qui
paraît prefqu’homogene dans fa cafffire : ce n’eft qu’avec peine que
l’on y diftingue de petites lames brillantes de rnica noir. Au chalumeau,
cette pierre blanchit, & fe fond, quoiqu’avec peine, en un verre
bulleux, qui indique le feldfpath, dont, fa bafe eft en partie com-
pofé*. On y trouve quelques petits grenats rouges, fufibles au chalumeau
ien une feorie noire & terne. On y voit auffi la matière du
grenat en lames minces, brillantes & d’un rouge, obfcur, couchées
dans le fens des feuillets du même gneifs.
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