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Erreurs à éviter dans les obfcrvations relatives à la. Géologie.
§ 2526. x°. I l y a des erreurs dans lefquelies il eft facile de tom-
b e r , lorfqu’onn’a pas un long exercice de l’art d’obferver dans un
genre donné, & contre lefquelies il eft utile de prémunir au moins
ceux qui commencent.
a0. Sur les diftances. Il eft très-facile de fe tromper fur les diftances
relatives des objets éloignés. Toutes les étoiles & les planetes paroii-
fent à la même diftance. Les montagnes éloignées paroiifent être toutes
dans le même plan. Ainfl celles qui font fituées fort loin , derrière
d’autres, paroiifent faire corps avec celles-ci; enforte que l’on croit
voir des chaînes fuivies & non interrompues, lors même qu’il n’y en
a point, & que les montagnes font réellement ifolées.
Les diftances abfolues des objets, même peu éloignés, font auffi très-
difficiles à eftimer fur les hautes montagnes, où la tranfparence de l’air
& l’abCence des vapeurs détruifent la perfpeclive aérienne. Souvent j’ai
cru n’avoir que deux ou trois cents pas. à faire pour atteindre une
cime , dont j’étois éloigné de plus d’une lieue en ligne droite.
j°. Il y a bien des erreurs dont les couches peuvent être l’objet.
Leur grandeépaiffeur peut faire croire qu’il n’y en a pas, quoiqu’elles
exiftent réellement.
De même li dés couches verticales, ou même feulement fort inclinées
, préfentent leurs plans à l’oeil de l’obfervateur, il croira voir des
maffia
E R R E U R S A É V 1 T E R , Çhap. X X I 1.
maffes informes & indivifes, tandis que il l’on voyoit leurs tranches on
dillingueroit aifément leurs divifionç.
Il faut donc avoir vu une montagne fous des afpeds qui fe coupent
à angles droits, avant de prononcer qu’elle n’eft pas diviféepar coucheî.
4°. D’autres fois des Allures aceidentelles, mais cependant produites
par une caufe qui leur eft commune , préfentent des apparences de
couches tandis qu’il n’y en a pas, ou que s’il y en a , leur fituation eft
très-différente de celle de ces fentes. C’eftle tiffu intérieur de la pierre,
qui, dans bien des cas , peut feul déterminer fi les divifions qu’oa
obferve font des réparations de eouehes ou de fimples fiffures, parce
que les couches font conftamment parallèles aux feuillets intérieurs ou
au tiffu fchifteux de la pierre. Les cryftaux dont le tiffu lamelleux
peut quelquefois fe confondre avec un tiffu fchifteux, peuvent préfenter
une exception à cette réglé, en préfentant des lames perpendiculaires
aux plans des couches, mais il eft aifé de les reconnoitre.
' 50. On peut auffi porter un jugement erroné fur la diredion d’une
montagne ou de fes couches , lorfque l’oeil n’eft pas fitué dans leur
prolongement, ou du moins tout auprès.
6°. La fituation apparente des couches peut auffi induire en erreur.
Elles paroiifent horizontales, lors même qu’elles font très - inclinées ;
lorfqu’on ne les voit que fur la tranche formée par un plan parallèle
à la commune fcction de leurs plans avec l’horizon, on ne peut juger
de leur inclinaifon, & la mefurer avec certitude que fur une tranche
perpendiculaire à la commune fcclion que je viens .d’indiquer.
5°. A. Enfin, l’erreur la plus grave eft celle que l’on peut commettre
fur la fuperpofition des couches. J’ai vu fouvent des hommes novices
dans l’étude des montagnes, croire qu’une couche repofoit fur une
autre; un granit par exemple, fur une ardoife, parce qu’ils avoient
trouvé l’ardoife au bas de la montagne, & le granit dans le haut ;
tandis que l’ardoife n’étoit qu’appliquée contre le bas de la montagne |
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