C H A P I T R E II.
P A S S A G E D U “S I M P L O N .
De Brieg $. 2 12 2 . N o u s ne nous arrêtâmes point à Brieg; nous montâmes
au* Taver. to u t ¿ g fuj te j a rue pavée & rapide, par où l’on commence à monter
B' tteS' le Simplon. Cette montagne fe nomme en allemand Simpelen, & en
italien Simpione. Les François prononcent Simplon, & c’eft ainfi qu’il
faut l'écrire plutôt que Saint - Plomb, puirqu’il n’y a point de faint
qui porte le nom de Plomb.
Je dirai un mot de ce paflfage des Alpes, qui, bien que très-fréquenté,
n’a pas été exactement décrit.
; S ur la route au-deflus de Brieg, on traverfe de jolis villages bâtis
en bois & entourés de prairies,- plantées de noyers & d’autres arbres
fruitiers. Mais à demi-lieue au-deflus de la ville, on fort des prairies
pour entrer fur un terrein inculte & aride, parfemé de pierres roulées,
la plupart de roches micacées quartzeufes, mêlées de quelques fer-
pentines.
C e n’eft qu’après une heure de marche, au-deflus de Brieg, qu’on
atteint des rochers en place, & qui font partie du corps même de
la montagne. Ce font des roches micacées calcaires, dont les couches
font prefque verticales, & courent, comme la vallée du Rhône, à-peu-
près de l’Eft à l’Oueft. Peu après, on paflfe devant un petit oratoire,
après lequel le chemin côtoie des précipices, au fond defquels coule
la Saltine. La montagne de l’autre.côté du torrent paroit de la même
nature & dans la même fituation. Le torrent coupe donc à angles
droits les couches de cette partie de la montagne.
T A S S A G E E U S I M P L O N , Chap. II. j 3,
A un quart de lieue de l’oratoire, on commence une defcente qui
dure prefqu’une demi-heure. Le rocher eft toujours le même, à cela
près que fes couches ont une direélion différente ; car ici , elles
courent du Nord-Nord-Eit au Sud-Sud-Oueft. Plus loin, dans un
endroit où le chemin èft très-étroit, ces couches, toujours verticales,
font ondées; le mica en eft blanc & très-brillant, mais la partie calcaire
y paroît moins abondante.
L e long de cette defcente, on rencontre des framents non-arrondis Schiftea
de roches de grenats impurs, où ceux-ci font renfermés dans unsrena»'
fchifte noirâtre, brillant, ondé, d’une nature moyenne entre le mica qUC'"
& l’ardoife, ou le thon fihiefir de ’W e r n e r . Ces fragments viennent
fans doute du haut de la montagne du Simplon. On en trouve aufli,
d’une nature femblable, du côté-de l’Italie; mais ici, le fchifte qui
renferme les grenats tire fur le verd jaunâtre. J’ai vu d’affez beaux
grenats, de plus d’un pouce de diametre, renfermés dans du mica,
blanc, & que l’on aiTuroit venir du Simplon.
Au bas de la defcente dont je viens de parler, on traverfe un torrent
fur un pont, nommé Kront-Bruck. Ce pont n’eft large que de quatre
à cinq pieds, fans aucune barriçre, & très-élevé au-deflus du torrent.
Avant de paifer ce pont, les calcaires micacées, dont la montagne
continue d’être compofée , deviennent horizontales; mais paffé le
pont,, elles reprennent leur fituation verticale.
A une heure un quart du Kront - Bruclc, ou en trois heures de
Brieg, on vient aux Tavernettet, hameau élevé de 815 toiles au-
deflus de la mer, où eft un méchant cabaret. Nous nous y arrêtâmes,
pour. nous, rafraîchir, & pour éprouver tant les ofcillations du pendule
que le poids du ballon.
L a route, jùlqUfàïfie,hameau, traveT.fe de belles forêts ; d’abord de
pins fauvages, pitpits fylpeftrisp, On en voit là de très-beaux,. mai*
qui pourtant ne fuffiroient pas pour cjes mâts de vaifleaux de ligne r
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