C H A P I T R E IX.
D U BRE UIL A St. J A Q U E S D ’ A VA S.
§. 2278- N ous eûmes pour compagnon., dans une partie de ce trajet ,
un riche propriétaire de ces montagnes , nommé J. J. Me yne t ,
homme d’une très-bonne converfation, qui parodiait prendre intérêt
à nos recherches, & qui defiroit de pofféder un exemplaire de ces
voyages. : .
?rair!ts. La route, après quelques détours , fe dirige à l’Eft , en Iaiffant le
gà°ifs.de Mont-Cerrin à gauche. La montagne, qui fur cette route, forme
l’enceinte du baffin du Breuil, & que nous devions trarerfer, fe nomme
les Cimes Blanches. On monte par des pâturages parfemés de débris, la
plupart de gneifs. On a , en fe retournant, une très-belle vue de l’enceinte
que borde la chaîne -du Mont-Cervin.
lac de Après une heure de montée, on paffe auprès d’un petit lac nommé
taBaimar. /,, Q0lUe de la Raima , au bord duquel on conftruifoit un chalet
qui fera l’un des plus élevés des Alpes.
A un grand quart de lieue de ce la c , on defcend dans un fond qui
en renferme deux autres, nommés les lacs de la Raima, & on paffe
un ruiffeau qui coule entr’eux.
C es lacs, au bord defquels eft un chalet, occupent le milieu d’un
fond couvert dé pâturages , & fermé de tous côtés par des hauteurs
«fcarpées.
D U BREUIL A ST' JAQUES D 'A Y A S , Ckap IX. 44)-
J e fus étonné de voir a cette hauteur des hirondelles à cul blanc ,
hirundo urbica ; elles nichent dans les falaifes qui bordent cette enceinte
: j’y vis auffi une hirondelle commune , hirundo domefiica. L,
je n’en avois jamais obfervé à cette hauteur, qui excede fûrement 1 joo
toifes au-deffus de la mer. Sans doute que dans Ce fond, à l’abri des
vents, la température eft beaucoup plus douce que dans des lieux entièrement
découverts. Jufquet-là nous n’avions pas vu d’autres pierres
que des gneifs ; mais les rochers que nous traverfâmes, en remontant
du fond des lacs, fe trouvoient de ferpentines.
Bientôt après nous rencontrâmes de grands troupeaux de moutons,
dont quelques-uns des bergers fe joignirent k nous pour nous
fervir de guides dans ces foiitudes où il n’y a aucune route marquée.
Ces bergers amènent là de l’intérieur du Piémont, d’une diftancedc 30
a 4o lieues, des troupeaux de 4 a yco moutons, qui viennent au gros
de l’été, paître l’herbe fine & ferrée de ces hauts,pâturages, dont ils
paient affez chèrement la pâture à la Commune de Val-Tornanche; c’eft
a eux que font deftines les chalets que nous avions rencontrés plus bas.
§. 2279. E n trois petites heures de marche, depuis le Breuil, nous c
arrivâmes au haut du col des Cimes Blanches , autrement dit, Fenêtre Blanches,
à’Avantine. ( 1 ) Ces fommités féparent la paroiffe d’Ayas de celle de
Val - Tornanche.
D e là , en tirant à gauche ou au Nord-Eft, on peut venir dans une
heure fous la montée du château , qui eft au - deffous de l’entrée du
glacier, §. 226g ; & de là , dans une heure ou une heure & demi à
St. Théodule ; c’eft la route que prennent ceux qui d’Ayas vont à
Zer-Matt dans le Valíais. C’eft auffi celle que nous nous propofions de
prendre trois ans auparavant, lorfque le brouillard & le mauvais teins
nous forcèrent à defeendre au Breuil. De là encore, le cirque dont le
Mont-Cervin forme l’une des parois . préfente un magnifique fpeâacle.
( x ) Que l’on me dit dans le précédent Voyage, fe nommer le plan tendre.