
 
		finage  du  Col  du  Géant  jufques  à  la  profondeur  de  douze  pieds,  
 &   je  l’ai  conftamment  trouvée  à  ce  ternie. 
 Je  eroyois  donc  que  la  congélation  de  la  furface  venoit  du  froid  
 de  l’air  extérieur,  &  je  fus  bien  étonné  quand  je  vis  fur  le  Col  du  
 Géant  les  neiges  voifines  de  notre  arrête,  commencer  à  fe  geler  le  
 loir  dès  que  le  foleil  ceffoit  de  les  réchauffer,  quoique  l’air  extérieur  
 fût  encore  à  2  &  même  à  j  degrés  au- deifus  du  ternie  de  la  
 congélation. 
 J e  penfai  d’abord  que notre  arrête  de  rocher ,  quelqu’êtroite  qu’elle  
 fû t ,  communiquoit  à  l’air,  qui  repofoit  fur  elle,  une  chaleur  fupé-  
 rieure  à  celle  de  l’air  qui  étoit  direélement  au-deifus  de  la  neige";  
 mais  l’expérience  prouva  l’inlufEfance  de  cette  explication. 
 En  effet,  le  tx  de  Juillet,  je  fixai  trois  thermomètres  femblables  
 &   à  boulé  nue,  au-deifus  de  la  neige  du  glacier  d’Entreves ;  le  
 premier  à  vingt  pouces,  le  fécond'  à  une  ligne,  &  le  troifieme  en  
 contât!  avec  la  furface  même  de  la  neige.  A  dix  heures  &  un  quart  
 du  fôir,  je  trouvai  lé  premier  thermomètre  à  -1-  i  ,  8  exactement  
 comme  celui  qui  étoit  habituellement  en  expérience  au - deflus  de  
 l’arrêté;  d’où  il  fuivoit  que  cette  arrête  n’influoit  nullement  fur  la  
 température  du  thermomètre  fuipendu  à  4  pieds  au-deffus  d’elle ;  le  
 fécond  thermomètre,  fitué  à  une  ligne  de  la  neige,  étoit  à  o ;  &  
 le  troifieme,  celui  qui  touchoit  la  neige,  à  —   0,  2 ,  ou-  à  deux  
 dixièmes  de  degre  au - defibus  de  la  congélation ;  effectivement  la  
 neige  étoit  couverte  d’une  croûte  gelée,  épaiffe  de  2  ou  5  lignes:  
 .fous  cette  croûte,  la  neige  étoit  à  o  &  nullement  gelée.. 
 M a is   voici un fait  bien plus  remarquable.  Un  grand  bloc  de granit  
 ïepofoit  entre  nos  deux  tentes  iur  le  milieu  de  l’arrête.  Lorfque  le  
 foleil  éclairoit  cette  pierre,  nos  guides  avoient  foin  de  jetter  de  la  
 neige  fur  une  de  fes  faces  qui  étoit  en  pente  du  côté  du  Sud-Eft,  
 ■&  l’eau  qui  diftilloit  de  cette  neige ,  à  mefure  qu’elle  fe  fondoit, 
 T H E R M O M E T R E .   Chap.  VI  
 étoit  recueillie  par  des  fceaux  placés  au  bas  de  la  pierre -;  c’étoit-là  
 notre fontaine ;  nous  n’avons  pas  bu  d’autre  eau  pendant  notre  féjour  
 fur  le  Col  du  Géant.  Le  1 7   Juillet,  à  8  heures  du  foir,  je  venois  
 d’obferver  le  thermomètre  en  plein  air,  je  l’avois  trouvé  à '2  degrés  
 3  quarts  au-deffus  du  0;  &  en  paffant  auprès  de  cette  pierre,  je  
 portai  par  hafard  la  main  fur  une  pelote  de  neige  de  la  grofîèur  
 d’un  oeuf  qui  étoit  reftée  fur  la  pierre ;  quel  ne  fut  pas  mon  étonnement  
 de  trouver  cette  neige  gelée,  à  fa  furface,  tandis  que  le  
 granit  fembloit  devoir  conferver  encore  une  partie  de  la  chaleur  
 que le  foleil lui  avoit  imprimée.  Je  réfolus  fur-le-champ  de  conftater  
 avec  précifion  toutes  les  circonftances  de  ce  fingulicr  phénomène.  
 Je  pris  de  la  neige  qui  n’étoit  point  gelée  ;  j’en  fis  une  pelote  de  
 la  groffeur  d’une  pomme ;  je  nichai  à.  fon  centre  la  boule  d’un  
 thermomètre,  &  je  pofai  cette  pelote  fur  la  pierre  :  je  pofa-i  un  
 fécond  thermomètre  en  contaét  avec  la  furface  extérieure  de  la  boule  
 de  neige  ;  un  troifieme  en  contaét  avec  la  pierre  dans  un  endroit  
 où  elle  étoit  feche  ,  &  un  quatrième  à  un  pouce  de  diftance  de  
 cette  même  pierre.  Tout  cela  fut  ajufté  à  10  heures  &  3  quarts.  
 Un  peu après  onze  heures,  je  trouvai  le  thermomètre  dont  la  boule  
 étoit  au  centre  fie.  la  pelote  de  neige  &  celpi  qui  la  touchoit  extérieurement, 
   tous  deux  à  zéro,  &  la  neige  n’étoit  point  gelée;  les  
 autres  thermomètres  étoient  tous  deux  à  +  1,  8.  Mais  à  minuit  &  
 2y  minutes,  le  thermomètre  au  centre  de  la  pelote  de  neige  étant  
 toujours  à  zéro,  celui  qui  la  touchoit  par-dehors  étoit  à  —  o ,  1  ;  
 auffi  toute  la  furface  extérieure  de  cette  pelote  étoit-elle  gelée.  Les  
 deux  autres  thermomètres  étoient  à  +  1,  2,  &  le  thermomètre  en  
 plein  air  à  +  1,  1.  J’avois  placé  fur  la  pierre  &  à  côté  de  la  boule  
 de  neige  une  petite  éponge,  légèrement  imbibée  d’eau.  Lorfque  la  
 neige  fut  gelée,  la  furface  de  l’éponge  commençoit  auffi  à  fe  geler,  
 niais  feulement  dans  fa  partie  fupérieure.  L’expérience  de  cette  éponge  
 n’eft  pas  la  feule  qui  nous  ait  prouvé  que  ce  froid  fuperficiel  n’étoit  
 pas  propre  exclufîvement  à  la  neige.  Car  nous  avons  vu  conitam-  
 tnçnt  la  furface  de  l ’eau  contenue  dans  des  fceaux  expofés  à  l’air,