4oo M O N T - C E R V l N .
Tempé- ’ §. 2aj i. Le 7 au foir, avant de nie coucher , j’enfonçai nies thier-
T^terrJI mome£res dans une prairie platte & découverte au midi de l’ÎÎorpice.
Le lendemain à 6 heures 40 min. du matin, je trouvai à 3 pieds de profondeur
le thermomètre 3 4 , 7 , & à 2 pieds 6, 3. La neige n’avoit
été entièrement fondue , & n’avoit abandonné cette prairie que trois
feroaines auparavant. L’air étoit 34,3. Le même jour à Conche, mon
fils avoit trouvé à 3 pieds 13 , 10; à deux 13, 30, & l’air 13 , 6.
Defcentc §. 2232. En partant de l’Hofpice pour defcendre dans la vallée
Ifed'Ut d’Aofte , on commence par monter une pente douce, qui aboutit au
plus haut point du vallon de l’Hofpice, mais ce point n’eft que de'
quelques toifes plus élevé que l’Hofpice.- Il eft fignalé , ou du moine
il l’étoit alors par une belle colonne de marbre cipolïn, veiné eii
zigzag & tiré fans doute des montagnes du voifinage. On voit enfuite
au-deffous de foi, fur la gauche , un petit lac renfermé dans un charmant
baflin de verdure. Bientôt après on paffe auprès de quelques
petits rochers d’un tuf calcaire jaunâtre. A f de lieue de l’Hofpice on
trayerftun.plateau incliné, couvert d’un tuf, qui paroît dépofé par
un ruiffeau qui fe répand fur fa furface , & bientôt après: on traverfe um
bois d’où fort 1» tête d’un petit rocher qui eft aufli de tuf jaunâtre.
On nous avoit avertis de nous tenir fur nos gardes en traverfant
ce bois,. parce que peu dë jours- auparavant , un marchand de la
vallée d’Aoft,. qui avoit fait à Paris une petite fortune, & quilaràp-
portoit chez lui en marchandifes précieufes, fut dépouillé-par des voleurs,
& on les difôif encore cachés-dans ce bois ; . mais nous n’y
rencontrâmes, perfonne.
A_f,. quarts .de, lieue de ce bois., on< paffe au village dè Pont-Serrant ;
après avoir vu. fur tpute cette route les mêmes alternatives d’ardoifes
& de calcaires -grenues-.,. quelquefois micacées, que nous avions vues
en montant, toujours dans la-même, lkuation. On- rencontre aufli
des
PASSAGE DU PETIT St. BERNARD, Chap.li. 4ot
des fragments de quartz, de gneifs, de ferpentines, mais 011 n’en voit
aucun rocher en place.
En Sortant du village de Pont-Serrant, on paffe un pont conftruit
fur un torrent qui coule à plus de 100 pieds de profondeur, en coupant
des couches grenues calcaires , dont les couches montent d’environ
30 degrés au Nord-Nord-Oueft , ou contre la chaîne centrale.
On a de ce pont une vue charmante, fur-tout du côté du bas de la
montagne, où une belle cafcade qui fort d’une prairie , au pied d’un
bois, vient mêler fes eaux à celles du torrept. On voit aufli de ce' côté
là des excavations arrondies , formées par les eaux à'plus de 50 pieds
au-deffous du lit du torrent
A une petite demi lieue de Pont-Serrant, eft le village de la Tuile,
auquel fe termine la defeente du St. Bernard. ' Nous n’y entrâmes pas ;
nous le laiffâmes à notre droite, de l’autre côté du torrent. Ce village
eft fitué à l’entrée d’une gorge, & au bord d’une petite plaine formée
par les débris qu’acumulent divers torrents qui viennent s’y réunir,
& entourée de hautes montagnes. Immédiatement au-deffus de cette
plaine , du côté du Sud-Eft, eft le beau glacier du Ruitorou llutau
que nous admirions du haut du Cramont, §. 918, & du col dix
Géant. C’eft de la Tuile qu’il faudroit partir fi l’on vouloit monter
au haut de ce glacier.
M a is avant de paffer à un autre chapitre , je dois noter que tout
près du bas de la defeenté du St. Bernard, on revoit encore des gypfes
qui paroiiTent la continuation de ceux du haut de la montagne , &
qui terminent ainfi une bande qui fuit cetteroute depuis Scèz jùfques
au pied de la Tuile.
Si donc ce paffage des Alpes eft un des plus faoiles, c’eft auffi en
lithologie le plus monotone que je connoiffe.
Tome IV. ,E c e