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Le fentier par lequel 011 monte, eft rapide pour les mulets, mais
au travers de très-beaux châtaigniers, qui croiffent là parmi des débris
de granits reines & de rochers analogues.
L a ville étoit remplie de dévots & de curieux, qui venaient de
• toute la vallée & des vallées voifînes, pour la fête de Notre-Dame
des Neiges, Patrone du lieu, que l’on célébroit le lendemain, &
dont la veille étoit elle-même fêtée avec beaucoup de folemnité. Une
allée tortueufe, pratiquée, dans une forêt de grands & antiques châtaigniers,
très-bien illuminée & parfemée d’oratoires ornés avec (implicite
mais avec nobleffe, conduifoit à la Chapelle de Notre-Dame,
& imprimoit à l’ame ce fentiment de refpeét & de crainte que les
accelfoires du culte doivent toujours tendre à infpirer.
On tira dans la foirée un grand feu d’artifice, le premier qui eût
été vu dans le pays. J’eus beaucoup de plaifir à jouir de la furprife
& à entendre les finguliers raifonnements de ces montagnards. Nous
payâmes ces plaffirs en ne trouvant à coucher que par terre, & au
milieu du bruit de la fête qui ne nous laifTa pas beaucoup de tranquillités
Route de §. 2148. La plus grande partie de la route de Banio à Baranca,
Carcofaro IIP ^ur ^es débris de granits veinés, entre lefquels on voit par
JP»fTage de intervalles des couches horizontales de roches micacées brunes,
JEgua. fines & tendres. Le chemin n’eft point mauvais, mais rapide, & fur-
tout étroit. Les charges des mulets heurtoîent fréquemment contre
les rochers & les murs de clôture des pièces qui bordent le chemin ;
on fut même trois fois obligé de les décharger, ce qui nous fit
mettre cinq heures au lieu de trois heures & demie, ou de quatre
au plus, que l’on met ordinairement de Banio aux chalets de Baranca.
Nous fîmes une halte dans, ces chalets pour y faire nos expériences;
le baromètre leur donna 8.99, toifes d’élévation. On trouve
dans ces prairies & avant d.’y arriver, des granits veinés gris, allez
durs, dont les couches font três-inclinées, & dans des iituations difl’ét'OYÀGE
AUTOUR DU MOST-ROSE, Ckap. VI.
rentes. La ficuation des chalets na rien d’intérciTant; mais un peu
plus loin, à l’entrée de la vallée de Fobello, on a une jolie échappée
de vue fur les plaines d’Italie, & en particulier lur le Lac-Majeur.
Des chalets on monte encore pendant une heure & un quart an
fommet d’un col qui porte le nom d’Egua, & qui eft élevé de 1104.
toifes. La pente qui y conduit eft très-rapide, entre des gneifs, qui,
au fommet, font allez fins, & dont les couches verticales courent au
Sud-Oueft.
O n a du haut de ce col la vue d’une magnifique enceinte de montagnes
entre lefquelles domine leMont-Rofe, dont nous reconnûmes
toutes les hautes cimes.
De là, en defeendant au village de Carcofaro, on marche furies tranches
de rocs feuilletés granitoïdes qui courent à l’Oueft-Sud-Oueft,
excepté dans la partie la plus orientale, dont les couches courent exactement
à angles droits des autres, & viennent s’appuyer contr’elles.
N o u s ne rencontrâmes dans cette defeente aucune pierre digne Couches
d’être obfervée, fi ce n’eft une couche de pierre calcaire renfermée Dol°"
entre des couches granitoïdes fans aucune autre intermédiaire. Cette
pierre jaunâtre par dehors & blanchâtre au-dedans , eft grenue, à grains
extrêmement fins ; l’extrême lenteur de fa diiTolution dans l’acide
nitreux , prouve que c’eft une dolomie, §. 19 29. Après que l’acide en
a extrait toutes les parties calcaires, il lailfe en arriéré du mica blanc,
très-fufible au chalumeau en un verre d’un gris blanchâtre & bullcux.
T o u t ce paffage, depuis Baranca, eft extrêmement rapide ; nous fûmes
obligés de faire à pied la plus grande partie de la montée, & la totalité
de la defeente qui nous prit 2 heures j. Elle eft fi roide que jamais
les mulets n’auroie«t pu la defeendre avec leurs charges, fi nos guides
ne les avoient pas fréquemment foutenus par la tête en même tems
qu’on les retenoit par la queue.
Carcofaro ou Carcofo, eft la paroiffe la plus élevée de cette branche du
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