Landes
lumineufcs
au ciel.
Scintilla*
tion des
étoiles.
}OQ C 0 l D U G Ê A N T.
§. 2091. Q uant à l ’aurore boréale , proprement dite, je n’en ai
obfervé aucune fur le Col du Géant.,' mais le 12 juillet, un peu après
minuit, j’obfervai un phénomène qui paroît dépendre de la mênie
eaufe. C’étoient trois bandes lumineufes, blanchâtres qui fe réunif-
foient en forme A'y à l’étoile la plus feptentrionale ou 0 du Bouvier.
De ces trois bandes, l’une traverfois la voie laûée & le quarré de
Pégafe ; la fécondé ,■ defeendoit au Nord-Oueft & fe cachoit derrière
les montagnes ; la troifieme , fe terminait à 1’* d’Ophiucus. La largeur
de ces bandes étoit de trois à quatre degrés. Ce phénomène fe
diflîpa pendant que j’étois dans ma tente occupé à le décrire. Quand
je relfortis il n’en reftoit plus aucun Yeftige.
§. 2092. L es étoiles paroiiToient généralement plus petites que de
la plaine; cependant elles n’étoient point toutes exemptes de fciu-
„ au-defïbus de îa hauteur que nous ve-
,, nons de trouver.
„ Mais feroit-il rmpoiFible & même îm-
„ probable que le feu qui rayonne du de-
„ dans au-dehors de notre planette en-
„ traînât avec lui,.au-delà des limites at-
9, mofphériques de l’air proprement dit,
,, des particules de fluides ëvaporabîés qui
„ auroient échappé aux canfes. de la con-
„ denfation & au tamis de l’atmoiphere,
„ & formeroient au-defius d?elle une cou-
9, che indéfinie fufceptible de réfléchir
foiblement la lumière. Ces fluides fe
„ forment avec d’autant plu« de facilité
„ que îa preflfion eft moindre, & ils (ont fort
„ à leur aife au-rîeffus de Fatmofphere;
n quand une fois fis l’ont traverfée*, ils
w font peut être là dans un état d*équi
„ libre ; eft-ce le feu qui tend à les em-
,, porter indéfinîtivement , & la gravité
qui les retient ? Cette gravité qui dimi*
„ nue comme les quârrés des diftances
augmentent, leur permet de s’accu-
„ muler fans exercer de preiïion propos«
,, tionnelle.
«1 Vous nié, direz que-ces- mêmes fluides
„ devroient .allonger le crépufcule pour
,,"les habitants de la plaine : je réponds
,, que cette himieré eft ft foibie qa’eile fë
„ perd dans les couches épaifles qu’elle-
„ auroit à traverfer pour arriver jufques à
„ eux & que les feuls habitants des hau*
t, teurs telles ¡que le Col du Géant peu.
,, vent îa recevdira „
M. Pic t e t .finit par dire , qu’il ne re.
garde cette idée que comme une hypo*
chèfe à laquelle il n’attache aucun pris.
Mais j’ai cru devoir la communiquer à mes
leéteurs, comme une des meilleures four*
ces de folution d’un phénomène àudi di/F£
cile à expliquer.
M É T É O R O L O G I E , Chap. IX . 30T
tlllation. Celle» qui étaient voifines de l’horizon, la Chevre, par
exemple, en avoient toujours une très-forte ; mais en s’élevant vers
le zénith, on en trouvoit moins, quelquefois même point du tout.
Ainfi le 1 de Juillet, à minuit,- la Lyre, le Cygne, l’Aigle & leurs
égales, en hauteur , n’en avoient ablolument aucune (69. Au contraire
le 6, je voyois. beaucoup de fcintillation à Arfturus , aiTez
à l’Aigle, un peu au Cygne; la Lyre feule en étoit exempte, encore
paroiffoit - elle lancer de tenis en tetns quelques rayons. Je ne fuis
donc pas étonné de ce q^ue M. Beauchamp , dans la récitation de fon
voyage en Perfe, affirme, que non-feulement en Perfe, mais à Paris
même, la Lyre & l’Aigle, à leur paffage au méridien, neTcintilloient
point, & que la fcintillation des autres étoiles ne paifoicnt guere 40
à 50 degrés. Journal des Savants.
En effet, il paroît que ce phénomène n’eft point conftamment le
même dans le même lieu. M. le Marquis d e S o u z a , dont j’ai eu
occafion de parler ailleurs. §. 1307 , m’affuroit que, fous le beau
ciel du Portugal, la fcintillation des étoiles varioit beaucoup; qu’on
la voyoit quelquefois très-vive par la nuit la plus fereine; que communément
l’on regardoit ce phénomène comme un indice de vent,
& que même ce préfage étoit rarement trompeur. E11 effet, il eft
bien naturel que les fottes ondulations de l’air y produifent des alternatives
de condenfatioii & de dilatation, qui font ofciller les rayons
dans leur paffage au travers de l’atmofphere.
Je vois même, par mon Journal, que le 6 de Juillet, le lendemain
du jour où j’avois obfervé cette forte fcintillation, il s’éleva dès le
matin un vent de Nord-Oueft affez fort, accompagné de neige & de
grefil. Au contraire, le 13, le lendemain du jour ou elle avoit etc
foibie, l’air fut prefque calme pendant toute la journée.
(<) Le même jour & à la même heure, le crépufcule étoit trét-diftinét au Nord.